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Laurent Saint-Martin (Business France) : la France est attractive durablement

Laurent Saint-MartinLaurent Saint-Martin
 Crédit photo: Gabriel de la Chapelle
Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 8 mars 2023, mis à jour le 9 mars 2023

Nommé à la tête de Business France en janvier dernier, Laurent Saint-Martin, 37 ans, est passé à Barcelone à l’occasion du Mobile World Congress où l’agence en charge de l’internationalisation de l’économie française accompagnait près de 150 entreprises.

 

 

Ancien parlementaire et rapporteur général du budget à l'Assemblée Nationale, le jeune toulousain affiche un profil plus politique que son prédécesseur, Christophe Lecourtier, nommé Ambassadeur de France au Maroc. Réputé proche d’Emmanuel Macron (il a été le trésorier de sa dernière campagne), Laurent Saint-Martin connait bien le domaine du commerce international, puisqu’il a débuté sa carrière chez Oseo, devenu Bpifrance.   

 

Lepetitjournal: Malgré la guerre en Ukraine et la crise de l’énergie, les investissements d’entreprises étrangères en France ont atteint un chiffre record en 2022 avec une progression de 7%. Comment expliquez-vous cette attractivité?

Laurent Saint-Martin: C’est le résultat de trois facteurs. Le premier c’est la consolidation d’un pack d’attractivité lancé depuis 2017 avec des réformes fiscales et une réforme du marché du travail saluées et reconnues par les investisseurs internationaux. Le deuxième facteur est la capacité de résistance de l’économie française et de ses entreprises confrontées au choc du Covid et de la crise énergétique.

Business France, c’est le "Tinder" de l’export ! On met en relation des acheteurs étrangers et des entreprises françaises qui vendent

Cela confirme la pertinence de la politique du "quoi qu’il en coûte", du Plan de Relance et des différents boucliers tarifaires qui sont mis en place. Et puis on a réussi à maintenir une inflation inférieure à celle de nos voisins européens. Notre capacité à traverser des tempêtes est saluée par les investisseurs. Le troisième facteur c’est les investissements que nous réalisons : j’ai parlé du Plan de Relance. Il y a aussi le Plan France 2030. Nous parions sur l’avenir dans des secteurs stratégiques tels que l’industrie verte, l’hydrogène, les énergies renouvelables et le nucléaire. Il est intéressant de noter que les États-Unis sont les premiers investisseurs dans un contexte IRA et des subventions américaines massives. Ça veut dire que la France est vue comme une porte d'entrée pour accéder au marché européen.

Notre capacité à traverser des tempêtes est saluée par les investisseurs

Ces résultats positifs sont aussi le fruit du travail des équipes de Business France et des partenaires de la Team France Invest pour mieux détecter et accompagner les projets d’investissements étrangers dans les territoires et faciliter leur installation grâce à des sites clé en main et des procédures simplifiées.  Néanmoins, il convient de rester vigilant, car l’attractivité n’est jamais acquise et il faut sans cesse s’améliorer.

 

La France, connue pour son climat social difficile et sa fiscalité qualifiée d’élevée n’effraie donc pas les investisseurs?

Il est vrai que la fiscalité confiscatoire a dissuadé les investisseurs par le passé. Mais les choses ont changé, la compétitivité de notre régime fiscal a évolué: nous avons réduit l’impôt sur les sociétés à 25%, baissé de 20 milliards d’euros les impôts de production et réformé l’ISF. Ces mesures nous ont permis de devenir un pays standard en termes de fiscalité. Nous ne sommes pas devenus un paradis fiscal pour autant. Nos prélèvements obligatoires restent élevés car ils correspondent à notre modèle social mais la France est désormais un pays dans lequel il fait bon investir. A côté de cela, le sujet des grèves et de la contestation sociale est très secondaire pour les investisseurs.  

 

En revanche, la balance commerciale affiche un déficit record. Comment l’expliquez-vous?

Le premier constat est que la conjoncture a pesé sur le commerce mondial avec une flambée des coûts des matières premières, des tensions sur les chaînes de valeur et une dépréciation de l’euro face au dollar. Le commerce extérieur en a donc pâti avec une facture énergétique qui a quasiment doublé

 La compétitivité de notre régime fiscal a évolué: nous avons réduit l’impôt sur les sociétés à 25%, baissé de 20 milliards d’euros les impôts de production et réformé l’ISF

Sur le plan structurel, cette détérioration s’explique aussi par l'érosion de notre base industrielle depuis 30 ans. La réindustrialisation est plus que jamais un enjeu ! Il faut qu’on ait plus d’entreprises à l’export. On doit dire aux PME françaises qu’elles doivent penser à l’international et se développer à l’extérieur de nos frontières. C’est le travail de Business France. On a 144.400 entreprises qui exportent: c’est un record mais ça ne va pas assez vite car en face on a beaucoup plus d’import. Nous devons maintenant accélérer et aller chercher des parts de marchés à l’extérieur de nos frontières. L’export doit devenir une priorité: une balance commercial excédentaire ça permet à un pays de rayonner dans le monde.

 

Quels sont les dispositifs que met en place Business France pour aider les entreprises à exporter?

Business France, c’est le "Tinder" de l’export ! On met en relation des acheteurs étrangers et des entreprises françaises qui vendent. Nous les accompagnons et les aidons à définir leur stratégie export et de mieux comprendre les enjeux propres à chaque marché ainsi que les opportunités qui en découlent. Nous actionnons plusieurs leviers en fonction de la maturité des entreprises pour mettre en place des rendez-vous d’affaires qui permettent aux exportateurs français d’assurer les premiers contacts avec des acheteurs, des distributeurs et des partenaires industriels.  

Le sujet des grèves et de la contestation sociale est très secondaire pour les investisseurs.  

Plusieurs vecteurs sont possibles: l’organisation de la présence française sur les pavillons comme le Mobile World Congress de Barcelone, les missions B2B collectives, les missions individuelles avec une approche sur-mesure, le digital avec la mise en place des marketplaces B2B et le V.I.E pour aider les entreprises à tester certains marchés cibles. On ne fait pas tout cela seul: nous travaillons avec nos partenaires de la Team France Export : les CCI, Bpifrance et les régions ainsi que les Conseillers du commerce extérieur ou encore la mission French Tech. Après, c’est aux entreprises de concrétiser le business.

 

Qu’en est-il du VIE ? Il a augmenté?

C’est un des rares dispositifs publics qui fait l’unanimité et est salué par tout le monde. Mais cela reste un outil très compétitif pour les entreprises. On a près de 10.000 VIE, c’est presque le niveau d’avant la crise Covid.

 

Vous venez de prendre vos fonctions. Comment envisagez-vous votre rôle?

Cela fait deux mois seulement que j’ai pris mes fonctions mais je peux déjà témoigner de l’engagement des équipes. Face aux crises, Business France a déjà démontré son savoir-faire, sa capacité de mutation et de réactivité. Aujourd’hui, l’enjeu pour moi c’est d’être plus impactant avec les entreprises qu’on accompagne et d’être plus efficace dans notre capacité à attirer des investisseurs étrangers. Il faut aller chercher de nouvelles entreprises françaises et les aider à grandir à l’export. Je suis déterminé à passer à la vitesse supérieure et à accélérer le rythme des actions.

La réindustrialisation est plus que jamais un enjeu ! Il faut qu’on ait plus d’entreprises à l’export.

Quel message souhaitez-vous envoyer aux expatriés et entrepreneurs français en Espagne?

J’ai envie de dire aux expats: soyez fiers de votre pays et aidez-nous à promouvoir la France. On n’a pas toujours la communauté internationale la plus fière de son pays. Or l’image de la France a évolué et chacun a un rôle à jouer pour expliquer que notre pays est une terre d’avenir. C’est vrai pour attirer de nouveaux projets en France, mais aussi pour inciter les entrepreneurs français à se développer à l'international.

 

Quel est le rôle de Business France dans le Mobile World Congress?

Pour notre 14ème participation au salon, la France est présente en force avec plus de 150 entreprises accompagnées dont 70 exposantes. Cette année, les entreprises françaises font la part belle aux technologies du broadcast, de la fintech, des télécoms, de la deeptech, de la MedTech et de l’intelligence artificielle.  

Il faut aller chercher de nouvelles entreprises françaises et les aider à grandir à l’export

Cette présence historique et majeure de la France sur le Mobile World Congress n’est pas le fruit du hasard. L’Hexagone bénéficie d’une longue tradition d’excellence et d’innovation dans le domaine des réseaux, notamment tirée par les grands groupes, la recherche publique et les écoles d’ingénieurs reconnues internationalement.

Sur place, Business France assure la mise en relation des jeunes pousses avec des grands comptes étrangers. En participant au salon, les entreprises peuvent en 3 jours s’assurer des rencontres avec des distributeurs, acheteurs incontournables.  Au total c’est plus de 300 rendez-vous BtB organisés sur le salon et en marge. En 2022 une entreprise exposante sur deux avait signé un contrat à l’issu du Mobile World Congress. 

 

Quel a été votre programme à Barcelone?

Je suis venu d’abord pour rencontrer les entreprises françaises accompagnées par Business France pour recueillir à chaud leurs expériences. J’en ai profité bien entendu pour appréhender ce salon, mesurer la concurrence internationale et imaginer comment mieux accompagner les entreprises françaises à l’export. Mais dans mon programme étaient réservés des moments dédiés à la rencontre de grandes entreprises espagnoles pour leur vanter l’attractivité de la France.

Cette présence historique et majeure de la France sur le Mobile World Congress n’est pas le fruit du hasard

En marge du salon, une soirée French Tech a été organisée, rassemblant 300 personnes dont les exposants du Pavillon France, des ventures capitalist, les grands-comptes étrangers accompagnés par les bureaux de l’Agence autour de deux grands thèmes : la souveraineté européenne et la deeptech.  

Cette visite a également été l’occasion de rencontrer tout l’écosystème de l’internationalisation de l’économie française, l’ambassadeur de France, le consul général et le SER en premier lieu mais aussi tous nos partenaires, les CCEE… Tous ceux qui facilitent l’export des entreprises françaises et contribuent à l’attractivité de nos territoires.

 

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