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Ben Chartoire: "PimPamPost, c'est le Blablacar de l'envoi de colis"

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Ben Chartoire ©lepetitjournal.com
Écrit par Alexandra Pichard
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 20 juin 2018

Ouverte au grand public en septembre de l’année dernière, l’application collaborative PimPamPost permet aux particuliers d’envoyer ou de transporter des colis à travers l’Europe. Ce projet innovant entend devenir un acteur postal alternatif et écoresponsable, qui met plus d’humanité dans le transport tout en réduisant les frais et l’empreinte écologique. Rencontre avec Benjamin Chartoire, entrepreneur engagé et co-fondateur du projet. 


Benjamin ne se destinait pas du tout à être entrepreneur mais, diplômé de l’IEP de Rennes, il a pourtant toujours réfléchi à des projets et des idées innovantes. Expatrié depuis longtemps, il a toujours fait face au casse-tête de l’envoi de colis à l’étranger, avec au pire des objets perdus ou abîmés, et au mieux des délais interminables. En parallèle, il travaille avec ses associés sur la création d’un pantalon dont la fabrication soit écoresponsable, et après avoir solutionné toutes les étapes de la production, ils se rendent à l’évidence : c’est le transport qui bloque. Expédier un colis à l’étranger est très cher, peu efficace et affiche surtout un coût environnemental énorme. De ces deux constats découle alors l’idée de développer un moyen d’envoi qui solutionne ces problématiques. Avec deux amis, il crée l’application PimPamPost, une sorte de "BlaBlaCar du colis" qui garantit un envoi en trois jours, et pour 19,90 euros tout compris. Les postiers ne sont autre que les "pimeurs", des citoyens lambda qui voyagent et acceptent de transporter les colis lors de leurs déplacements habituels en échange d’une contrepartie financière. Un transport collaboratif qui permet de réhumaniser les envois, tout en réduisant leurs frais et leur empreinte écologique. 

 

Un véritable service postal alternatif, écoresponsable et basé sur un fonctionnement participatif

 

Et si le modèle s’adresse aux particuliers, il concerne aussi les entreprises, et surtout les petits producteurs européens. Notamment l’industrie textile, une des plus polluantes, mais où la mode responsable connaît un regain d’intérêt ces dernières années. Beaucoup de petits créateurs font appel à des ateliers européens mais malgré tous leurs efforts, c’est toujours le transport qui démolit le bilan carbone des produits, en plus d’être très cher et peu sûr. PimPamPost, qui partage cette composante responsable, s’est donc rapproché de ces créateurs pour devenir leur acteur de livraison et assurer les envois quotidiens des commandes. La startup se positionne alors sur la nouvelle tendance du "drop shiping" de l’e-commerce, qui consiste à envoyer un produit directement de l’atelier au client, sans passer par le créateur parisien. Et si le textile est central dans l’ADN de PimPamPost, née de la volonté de créer un pantalon, Benjamin souhaite étendre les envois à d’autres industries pour peu qu’elles partagent cette volonté écoresponsable dans l’envoi de leur marchandise. 

La startup défend donc un modèle basé sur l’économie participative, qui se développe de manière fulgurante en Europe. Les solutions collaboratives permettent en effet aux particuliers d’économiser de l’argent, de réduire leur empreinte environnementale tout en favorisant un retour à des liens plus humains. Mais Benjamin tient à rappeler que PimPamPost n’est pas une plateforme collaborative parmi tant d’autres, qui met juste en contact les parties entre elles. Son ambition est d’être un véritable service postal alternatif, écoresponsable et basé sur un fonctionnement participatif. Pour cela, la startup mise sur l’offre packagée et les assurances très élevées pour sécuriser les envois qui se veulent de qualité professionnelle. L’entrepreneur avertit aussi sur les dérives de l’économie collaborative et souligne vouloir à tout prix éviter "l’uberisation" de son projet, le but n’étant pas de faire de la concurrence déloyale aux autres acteurs d’envoi, ni de faire des trajets une activité professionnelle pour les utilisateurs.  

 

L’axe Paris-Barcelone, laboratoire pour tester l’envoi des colis


Parmi les fondateurs, Benjamin, basé à Barcelone, était le plus à même de laisser son activité professionnelle pour se consacrer au développement de PimPamPost. L’axe Paris-Barcelone a donc été leur laboratoire pour tester l’envoi des colis, et reste leur ligne la plus développée. La ville catalane a l’avantage d’accueillir une importante communauté française, qui effectue souvent des trajets vers la France. De plus, l’écosystème barcelonais dans le domaine de la technologie est bien en place et compte beaucoup d’acteurs. C’est une des cinq villes européennes où entreprendre en Europe, selon un récent sondage. "Et la qualité de vie à Barcelone fait rêver", confie Benjamin, "tu peux recruter des profils internationaux sans problème, car la ville attire beaucoup". Un point important pour la startup, qui tient beaucoup à son identité européenne. D’une part car elle cherche à résoudre une des principales problématiques actuelles de la Commission Européenne : faire du continent un vrai marché unique, notamment dans le domaine digital, ce qui n’est pas le cas actuellement, surtout pour les petits acteurs qui rencontrent encore des barrières de transport, tout en apportant une solution environnementale. D’autre part car les associés se définissent eux-mêmes comme très européens, et appartenant à la génération Erasmus qui aspire à rompre les frontières au niveau personnel comme professionnel. 

 

On a fait en sorte que notre projet nous ressemble et corresponde à nos idées, c’est ce qui nous anime

 

Et même si Benjamin évoque des moments durs dans son parcours d’entrepreneur, il insiste sur la dimension très gratifiante et inspirante de voir naître et se développer ce projet innovant et utile, dans lequel il croit et il a mis toute son énergie. Pour lui, l’entrepreneuriat de demain n’ira pas sans valeurs à défendre et sans mettre au cœur de ses préoccupations les problématiques mondiales auxquelles nous faisons face aujourd’hui. "On s’est lancés car on ne trouvait rien sur le marché qui correspondait à nos valeurs, et on a fait en sorte que notre projet nous ressemble et corresponde à nos idées, c’est ce qui nous anime". Selon lui, les interrogations de plus en plus présentes sur la viabilité de notre système impliquent la nécessité de repenser l’entreprenariat et de changer nos habitudes de consommation. "Le transport a un coût financier, environnemental et humain très fort, et on déresponsabilise le consommateur en lui faisant croire qu’il peut être livré le jour même et gratuitement". "Quel monde va-t-on laisser à nos enfants ? On ne peut plus détourner le regard sur ces questions centrales. Mais cela va également stimuler l’innovation : l’entreprenariat de demain sera animé par des valeurs et l’envie de réinventer des solutions qui soient plus viables et responsables", estime Ben Chartoire. 

 

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