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Le paradoxe de l'indépendantisme catalan: moins de députés, plus puissant que jamais

L'un des facteurs clés des élections législatives du 23 juillet en Espagne est le résultat du vote en Catalogne. Malgré l'effondrement en voix et en sièges des partis indépendantistes, ils sont plus que jamais indispensables à la formation d'un gouvernement de Pedro Sanchez.

Carles PuigdemontCarles Puigdemont
Carles Puigdemont, lorsqu'il était président de la Generalidad de Cataluña /generalitat catalunya
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 25 juillet 2023, mis à jour le 27 juillet 2023

Avec 40% de voix en moins…

C'est sans nul doute l'une des surprises, et le grand paradoxe de ces élections. Les deux partis indépendantistes catalans passent de 23 sièges à seulement 14 (7 pour ERC et 7 pour Junts) et perdent près de 700.000 voix. La chute est d'ailleurs particulièrement importante pour ERC (Esquerra Republicana de Catalunya), qui perd 6 députés, sur les 13 qu'il avait, alors que Junts n'en perd qu'un.

… ils détiennent les clés de la Moncloa

Et pourtant, malgré ces piètres résultats, les indépendantistes catalans sont devenus plus déterminants que jamais dans la formation du gouvernement espagnol, plus encore qu'ils ne l'étaient il y a quatre ans. C'est d'ailleurs ce qu'a rappelé Gabriel Rufián, le député et tête de liste ERC, en déclarant que "nous valons ce que nous avons. S'ils veulent gouverner leur pays, ils devront respecter le nôtre".

Carles Puigdemont et Pedro Sanchez ont besoin l'un de l'autre et un accord est plus que probable

Puigdemont pourrait-il rentrer en Espagne?

De son côté, Junts est devenu en une soirée la pièce maitresse du nouvel échiquier politique espagnol. Comme l'a déclaré la candidate de Junts, Miriam Nogueras, "nous ne ferons pas de Sánchez un président en échange de rien. Notre priorité est la Catalogne, pas la gouvernabilité de l'État espagnol. Nous ne bougerons pas d'un millimètre. Pedro Sánchez a beaucoup de devoirs à faire avec la Catalogne". Et cette position sur laquelle ils n'ont apparemment pas l'intention de bouger, c'est la demande d'un référendum d'autodétermination et d'une amnistie pour les indépendantistes catalans qui avaient déclaré l'indépendance, ce qui permettrait à Carles Puigdemont, qui avait fui en Belgique, de rentrer en Catalogne sans être jugé.

Vers un referendum d'autodetermination?

Le référendum pour l'indépendance de la Catalogne n'est pas autorisé par la Constitution, à moins que le nouveau Tribunal constitutionnel, dont le président Conde-Pumpido a été nommé par le gouvernement de Pedro Sanchez, puisse faire le nécessaire pour modifier cette situation. L'amnistie n'est pas non plus prévue par la Constitution, mais, en revanche, Pedro Sánchez pourrait parfaitement gracier Puigdemont. Pour cela, il faudrait qu'il se présente d'abord en Espagne pour être jugé, avant d'être gracié. Puigdemont a d'ailleurs indiqué que le PSOE lui a déjà offert cette possibilité à plusieurs reprises, mais, conscient de son pouvoir, il en faudra plus pour le convaincre de permettre à Pedro Sanchez de rester à la Moncloa.

 

Les prochaines semaines vont ressembler à un souk où le marchandage sera le grand protagoniste. Nous découvrirons alors si Pedro Sánchez parvient à obtenir de Puigdemont qu'il facilite son investiture, ou si le "nous ne bougerons pas d'un pouce" de Junts provoque un blocage qui pourrait conduire à de nouvelles élections l'automne prochain. Mais les deux hommes ont besoin l'un de l'autre et un accord est plus que probable.

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