Le gouvernement espagnol va endurcir la législation qui encadre les jeux d'argent et les paris en ligne, dans le but de limiter les conduites addictives.
Le ministère espagnol de la Consommation a décidé de modifier prochainement la loi de régulation du jeu en limitant les montants maximums que les usagers peuvent parier sur les plateformes spécialisées. Le projet de loi, publié au BOE le 1er septembre dernier, vise également l'interdiction pour les entreprises de jeux et de paris en ligne de demander certaines garanties aux joueurs. Le ministère de la Santé calcule que près de 60% de la population joue de l'argent dans le pays.
Les usagers ne pourront pas parier plus de 600 euros par jour et 1.500 euros par semaine pour l'ensemble des plateformes sur lesquelles ils sont inscrits
Montant maximum : 600 euros
La législation actuellement en vigueur pour encadrer les paris en ligne et les jeux d'argent fixe un plafond pour les montants qui peuvent être pariés, mais ce montant est valable par opérateur. Cela signifie que les joueurs les plus "accros" peuvent multiplier ce montant maximum en s'inscrivant sur plusieurs plateformes de jeux. Voilà pourquoi la modification de la loi permettra de limiter les montants mis en jeu en prenant en compte toutes les plateformes sur lesquelles une personne joue : ainsi, les usagers ne pourront pas parier plus de 600 euros par jour et 1.500 euros par semaine pour l'ensemble des plateformes sur lesquelles ils sont inscrits. Selon le ministère, cette mesure augmentera "le niveau de protection des participants aux jeux et renforcera les outils mis à la disposition des utilisateurs pour les aider à gérer leurs dépenses".
Le nouveau texte vise l'interdiction pour les opérateurs de jeux de prendre en garantie une hypothèque constituée sur un immeuble en Espagne, comme cela était autorisé jusqu’à présent
La protection du joueur avant tout
Le projet de loi sur le jeu touche un sujet délicat, qui consiste à protéger les citoyens d'une addiction silencieuse qui peut être nocive pour eux, tout en préservant les libertés individuelles. Les adultes peuvent en effet disposer et gaspiller leur argent comme bon leur semble. Cependant, l'addiction au jeu représentant un problème de santé publique, l'intervention du gouvernement est devenue nécessaire. Le nouveau texte vise l'interdiction pour les opérateurs de jeux de prendre en garantie une hypothèque constituée sur un immeuble en Espagne, comme cela était autorisé jusqu’à présent. Afin de protéger les joueurs atteints de ludopathie et d'éviter qu'ils n'hypothèquent leur patrimoine, les garanties demandées par les maisons de jeux seront limitées à de l’argent liquide ou à des garanties fournies par des banques ou des sociétés de garantie autorisées.
Un secteur juteux, un problème de société
Le business des jeux et des paris a le vent en poupe ces dernières années en Espagne, si bien qu'aujourd'hui il participe activement au PIB national. Les entreprises de jeux et les casinos en ligne sont en pleine expansion, avec une évolution annuelle comprise entre 18 et 20%, tirées par les paris sportifs notamment. Selon les dernières données recensées, le secteur des paris en ligne représente plus de 17 milliards d'euros à ce jour. Les usagers des applications et plateformes de jeu en ligne sont majoritairement des hommes selon le ministère de la Consommation : ils représentent 83,30 % des joueurs contre 16,70% de femmes.
La principale préoccupation soulevée par ce marché en plein essor est son succès auprès des jeunes. Les cas d'addiction au jeu se sont dangereusement multipliés chez les adolescents et les jeunes adultes. Les moins de 26 ans représentent aujourd'hui 44% des cas de ludopathie selon la Fédération Espagnole de Joueurs de hasard Réhabilités (Fejar).