Premier pas dans le calendrier politique catalan à la suite des élections autonomiques du 14 février. Le parlement de Catalogne a été constitué vendredi dernier, avec à sa tête une présidente polémique issue de la rame la plus radicale de l'indépendantisme.
C'est bien une nouvelle alliance des indépendantistes qui a pris le contrôle du Parlement de Catalogne. Laura Borràs a été élue à la Présidence du Parlement avec le soutien de sont parti JxCat et de la gauche républicaine de ERC. Les députés de l'autre parti indépendantiste, les anticapitalistes de la CUP, se sont abstenus de voter, reprochant à la candidate Borràs ses accusations de corruption en cours d'investigation.
La continuité du "process catalan"
Nationaliste radicale, Laura Borràs est une proche de Carles Puigdemont et de Quim Torra. Le Parlement catalan est donc à nouveau entre les mains des indépendantistes, et pour ceux qui en doutaient, la nouvelle présidente a tenu un discours sans équivoque : "La législature que nous démarrons aujourd'hui doit marquer un point d'inflexion dans la progression vers l'indépendance de la Catalogne" a déclaré Borràs avant d'expliquer avoir "pleinement conscience de l'énorme responsabilité que suppose la présidence d'une Chambre qui sera l'objectif de la guerre sale menée par l'État espagnol contre la Catalogne". La mise en place à la Présidence du parlement d'une personnalité aussi tranchée sur la question de l'autodétermination de la Catalogne ouvre la porte à la constitution d'un nouveau gouvernement de coalition indépendantiste, laissant à l'écart le Parti socialiste qui avait obtenu le plus de votes aux élections. Laura Borràs a désormais dix jours pour réaliser une consultation des partis et proposer un candidat à la présidence du Govern.
Une présidente imputée pour corruption
Laura Borràs est une nationaliste confirmée. Ancienne conseillère à la Culture sous le gouvernement de Quim Torra, Borràs est entre autres l'une des signataires du "Manifeste Koiné", qui prône la reconnaissance du catalan comme unique langue officielle dans la région. Celle qui était encore inconnue du grand public avant les élections de 2017 a réalisé une carrière politique accélérée ces quatre dernières années, jusqu'à devenir l'une des leaders de JxCat et promotrice du "process catalan". Laura Borràs est également connue pour des faits bien plus polémiques, rendant son élection à la présidence du parlement controversée. Borràs fait en effet l'objet d'une enquête de la part du Tribunal Suprême de justice espagnol. Elle est accusée de prévarication dans l'attribution irrégulière plusieurs contrats à un ami pour un montant de 260.000 euros, alors qu'elle était directrice de l'Institut de lettres Catalane.