Très suivie depuis lundi par les employés d'Iberia, la grève a opposé de nouveau hier syndicats et forces de police sur le tarmac de l'aéroport international de Madrid-Barajas. De nombreux vols ont été annulés. Attention : la grève doit durer une quinzaine de jours. Un plan de licenciement historique est à l'origine de ce conflit social. Explications.
(Photo archives lepetitjournal.com)
Hier à la mi-journée, au terminal T4, 200 salariés de la compagnie aérienne ibérique s'étaient réunis pour le deuxième jour d'appel à la grève. Même si l'on pouvait constater un retour à la normale, la tension restait palpable dans l'aéroport de Madrid-Barajas. Une trentaine de fourgonnettes de policiers avaient étés mobilisées pour éviter de reproduire le scénario de la veille, où 100% des convoqués à la grève étaient présents selon les syndicats. Lundi, premier jour de grève, cinq personnes avaient été interpellées par les forces de l'ordre lors de la manifestation. Les policiers avaient chargé contre des centaines de manifestants faisant un blessé. Le lendemain, le dispositif de sécurité était renforcé sans qu'aucun incident majeur ne soit noté.
Alerte rouge sur les finances d'Iberia
Les syndicats s'opposent vertement à la directement d'Iberia, détenue par le groupe britannique International Airlines Group (IAG). La holding basée à Londres et née de la fusion des deux compagnies, Iberia et British Airlines, en avril 2010, avait déjà annoncé en novembre que la compagnie était en lutte pour sa survie, ce qui signifiait des coupes importantes dans le budget. La semaine passée, la compagnie a annoncé que les mesures prises pour pallier cette crise seraient la suppression de 3.807 postes (soit 19% de l'effectif total), effectifs sous trente jours, ainsi qu'une baisse des salaires et une diminution du trafic commercial d'Iberia de 15%. Un plan de sauvetage avait déjà été rejeté le mois dernier par les syndicats. Il prévoyait de revoir à la baisse les licenciements aux alentours de 3.100 avec en échange une réduction des salaires de 23% au lieu des 11% prévus au départ. La compagnie aérienne nationale espagnole doit faire face à une perte de 262 millions d'euros dans son chiffre d'affaires entre les mois de janvier et septembre 2012. IAG avait envisagé un premier temps, une réduction des effectifs de 4.500 personnes à Iberia invoquant une dégringolade des finances. Iberia, selon la holding londonienne, perdrait près de 2 millions d'euros par jour, ce qui serait dû - entre autres - à la forte récession en Espagne et la féroce compétition avec les compagnies low-cost. Le 28 février, IAG fera un bilan de ses comptes qui prévoient déjà une perte d'exploitation de 120 millions pour l'année 2012.
Dialogue social dans l'impasse
De son côté, le gouvernement a demandé une nouvelle fois, ce mardi, aux syndicats et à la direction de trouver un accord par le dialogue afin d'éviter un maximum les répercussions de la grève sur l'économie. Le ministre de l'Industrie, de l'Energie et du Tourisme, José Manuel Soria a réclamé un accord bilatéral entre les deux parties. "La grève touche profondément le secteur du tourisme en Espagne ainsi que son image" a-t-il déclaré. Ana Pastor, ministre de l'Equipement, a également appelé les acteurs concernés à agir avec "responsabilité" et à faire des "sacrifices" pour venir à bout du conflit social. Le directeur de la communication de la compagnie aérienne, Luis Díaz Gell, a déclaré qu'il y avait une "obligation de négociation" entre la direction et les salariés.
De nouveaux appels à la grève
Les syndicats, qui considèrent que le démantèlement d'Iberia profite à British Airways, ont prévu de poursuivre la grève pendant 15 jours. 232 vols avaient été annulés ce mardi, 236 le lundi. Chaque jour, le service minimum a été respecté. Cette semaine, 1.200 vols devraient être annulés. Il est possible de vérifier son vol auprès de la compagnie en appelant gratuitement et 24 heures sur 24 le numéro mis en place spécialement (900 100 480). La page web d'Iberia informe aussi des annulations et modifications de vols.. D'ores et déjà, les syndicats ont appelé à prolonger le conflit au-delà de ces deux semaines de grève, les 4 et 8 mars prochains.
Milia COLOMBANI et Damien LEMAÎTRE (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Mercredi 20 février 2013
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