À quelques jours des élections catalanes, le débat indépendantiste profite des tensions diplomatiques entre la Russie et l'Union européenne pour pointer du doigt le gouvernement espagnol.
Le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, l'espagnol Josep Borrell, a réalisé il y a quelques jours une visite diplomatique très critiquée en Russie. Le scandale de la tentative d'empoisonnement et l'incarcération d'Alexeï Navalny, opposant à Vladimir Poutine, a suscité une vague de protestations dans le pays et un rejet de la part de la communauté internationale. L'UE a fermement condamné la décision des tribunaux russes.
Passerelle entre Navalny et les indépendantistes
Dans ce contexte peu propice à l'amélioration des relations bilatérales entre l'Europe et la Russie, Josep Borrell a dû faire face aux attaques du ministre russe de l'Extérieur. Sergueï Lavrov a assuré que la Russie n'avait pas de leçon à recevoir de l'UE, et a recommandé à Borrell de balayer devant sa porte, en référence aux politiques catalans qui ont été incarcérés par la justice espagnole suite au "procès" indépendantiste.
Puigdemont sort les griffes
Actuellement en campagne électorale, Carles Puigdemont, l'ancien Président de la Generalitat de Cataluña à la tête du gouvernement catalan lors de l'organisation du référendum de 2017, a sauté sur l'occasion pour souligner que l'Union européenne n'a pas à donner à la Russie de leçons qu'elle n'applique pas. L'exilé catalan a vivement critiqué Borrell : "chaque fois que tu iras dans le monde pour donner des leçons, il y aura quelqu'un qui te rappellera que ton gouvernement a frappé des personnes qui voulaient voter, dissout un gouvernement élu démocratiquement et incarcéré des leaders politiques".
Deux contextes différents
Josep Borrell, fervent défenseur de l'unité espagnole, a profité d'une intervention en début de semaine au parlement européen pour répondre à Puigdemont. Alors qu'il défendait sa prise de contact avec les diplomates russes, Borrell a nié toute similitude entre l'affaire de Alexeï Navalny et les dirigeants catalans jugés et incarcérés pour avoir organisé un référendum interdit. Pour le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères, il n'y a aucune comparaison possible : "Navalny est prisonnier, et il a été empoisonné, alors que les représentants indépendantistes sont actuellement en pleine campagne électorale".