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Les élections catalanes se préparent dans un contexte incertain

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Element5 Digital
Écrit par Perrine Laffon
Publié le 24 janvier 2021

Plus de 5,5 millions d'électeurs sont appelés aux urnes, en pleine pandémie, pour renouveler le gouvernement de la communauté autonome de Catalogne. Mais ils ne savent pas encore si la date prévue du 14 février sera bien maintenue.

 

Après la destitution de l'ancien président de la Generalitat Quim Torra, le parlement catalan a été dissous en décembre et de nouvelles élections autonomiques ont été convoquées pour le 14 février prochain, comme le prévoit le délai légal prévu par la loi. Cependant le "govern" catalan a présenté un décret afin de déplacer la date des élections au 30 mai prochain, compte tenu du contexte sanitaire actuel. 


Le TSJC laisse planer le doute jusqu'au 8 février

La majorité indépendantiste, mais aussi le Partido Popular et le parti Ciudadanos en Catalogne, se sont entendus sur un accord de report des élections catalanes. Le vice-président du Govern en fonction, Pere Aragonès, a justifié la résolution par "les grandes difficultés auxquelles nous allons devoir faire face dans les prochaines semaines au niveau sanitaire, qui nous obligent à reporter les élections au printemps". Des motivations partagées par l'opposition : le représentant catalan de Ciudadanos Carlos Carrizosa a assuré que "célébrer les élections et réaliser une campagne électorale alors que les unités de soins intensifs sont bondées seraient une aberration". Seul le Parti Socialiste Catalan (PSC) s'est opposé à ce report, soutenu depuis La Moncloa par le Président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez. Le Tribunal Supérieur de Justice Catalan (TSJC) a finalement été saisi (par un citoyen) afin d'annuler le décret de report au 30 mai. Le tribunal a décidé de maintenir pour le moment la convocation du 14 février, se laissant jusqu'au 8 février pour donner sa sentence définitive, en fonction de l'évolution du contexte sanitaire. C'est donc seulement une semaine avant les élections supposées que la date sera confirmée ou annulée. 


Les Socialistes en tête des sondages

La grande surprise de ces élections catalanes fut l'annonce de la candidature de Salvador Illa, l'actuel ministre espagnol de la Santé au gouvernement de Pedro Sánchez, à la présidence du gouvernement régional catalan. Une stratégie qui semble porter ses fruits : le parti socialiste catalan s'impose en tête des intentions de votes, avec Illa comme candidat favori, et obtiendrait 30 à 35 sièges parlementaires. 
La popularité du candidat Illa n'est pas un hasard. "L'effet Illa", comme aime l'appeler la presse espagnole, intervient dans un contexte très particulier. L'Espagne vit une crise sanitaire sans précédent durant laquelle Salvador Illa, en qualité de ministre, est devenu un visage familier pour les Espagnols, une autorité référente en temps de crise. 

D'autre part, la Catalogne vit une grande instabilité politique ces dernières années, avec une division de la population sur le processus indépendantiste, des tensions sociales et des élections à répétition. Salvador Illa s'impose comme candidat favori en Catalogne non pas parce qu'il possède les qualités idéales pour cette fonction, mais parce qu'il représente, poussé par le contexte actuel, une opportunité d'avancer une alternative de gouvernance. C'est très certainement ce qui a motivé le Président Sánchez a insister sur la nécessité de maintenir les élections catalanes au 14 février : “La Catalogne a une grande opportunité de récupération, mais elle nécessite le plus rapidement possible un gouvernement doté des pleins pouvoirs et des pleines compétences" a-t-il déclaré.

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