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Empresaris de Catalunya: la Catalogne, vers un point de non-retour

Carlos RivadullaCarlos Rivadulla
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 18 octobre 2019, mis à jour le 18 octobre 2019

C’est l'avertissement de Carlos Rivadulla, le président de l'association des chefs d’entreprise de Catalogne "Empresaris de Catalunya" qui  prévient que la Catalogne s'attend à un "automne noir", bien pire que celui de 2017, si le Gouvernement espagnol n’agit pas. 

 

Invité par l'association des correspondants de presse étrangers en Espagne, le président d'Empresaris de Catalunya s'est montré très inquiet sur la situation actuelle et a demandé au Gouvernement de rétablir au plus vite la sécurité en Catalogne. "Si cela continue, les conséquences pourraient être très graves pour les petites et moyennes entreprises. Nous ne pouvons pas nous permettre un autre automne noir comme il y a deux ans. À ce moment-là, la situation économique générale était meilleure, avec une croissance soutenue de 2,8%. Mais maintenant nous sommes en plein ralentissement".

 

Nous avons été réduits au silence depuis trop longtemps

Empresaris de Catalunya est une association qui regroupe plus de 500 membres -certains français, britanniques ou allemands-, appartenant presque tous à de petites et moyennes entreprises. L’association, créée il y a 5 ans, veut donner la parole aux entrepreneurs qui sont souvent ceux qui souffrent le plus des conséquences de la crise actuelle en Catalogne. "Nous avons été réduits au silence depuis trop longtemps –affirme Rivadulla-. Il faut expliquer l'autre version du peuple catalan, parce qu’il n'y a pas qu’un seul peuple. Nous sommes en faveur du respect, de la solidarité et de la coexistence de tous les espagnols. Nous dénonçons cette situation qui ne surgit pas en 2012, mais il y a plus de 30 ans".

Pour le président d'Empresaris de Catalunya, la situation des entreprises est de plus en plus difficile car les gens n’ont plus confiance. "Si vous êtes un touriste et que vous voyez à la télé les barricades, les incendies, l’aéroport ou les routes bloquées, les émeutes, il est normal que vous ayez peur". Et les conséquences commencent à se faire sentir. Rivadulla l'explique avec des chiffres. "Nos associés du secteur hôtelier viennent de nous annoncer une réduction de 30% des réservations par rapport à l'année précédente. Les restaurants également perdent plus de 60% de leur chiffre d’affaires". 

 

Réduction de 30% des réservations dans le secteur hôtellier

La chute des ventes serait particulièrement brutale dans le secteur des voyages spécialisés pour les retraités (IMSERSO), avec une baisse qui pourrait atteindre 70% si la situation ne se calme pas. Pour leurs vacances, les retraités préfèreraient même se mettre sur une liste d'attente plutôt que de se rendre en Catalogne. Pour Rivadulla, quel que soit le secteur touché, les PME ne disposent pas de moyens ou de ressources suffisants pour faire face à toutes ces annulations.

En outre, Carlos Rivadulla rappelle qu’il y a eu une baisse de 15% des investissements étrangers en Catalogne. Quelque 5.400 entreprises ont quitté la Catalogne depuis 2017, plus de 7.000 depuis 2012. "Ce sont les chiffres que l’on connaît –affirme Rivadulla-, mais combien d'entreprises ont finalement décidé de ne pas investir en Catalogne ? Impossible de le savoir, sauf pour les cas les plus retentissants, comme l'Agence Européenne des Médicaments qui allait quitter Londres pour Barcelone et a finalement choisi Amsterdam en 2017 lors du referendum". 


Rivadulla estime que si le Gouvernement n’agit pas, il pourrait se produire un "effet Québec", avec une mort lente de l’économie, le transfert d'entreprises et la perte de tissu industriel, comme ce fut le cas entre Montréal et Toronto, avec le départ d’un demi-million de professionnels qualifiés. "Tout ce que nous voulons, c’est que la stabilité soit restaurée, et pouvoir travailler, car un point de non-retour peut être atteint. Le problème est que les gens finissent par s'habituer à la violence institutionnalisée. Curieusement, dans la Catalogne actuelle, nous sommes considérés comme les rebelles et les insurgés, mais l'important est que les Catalans ne vont plus se taire comme par le passé".

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