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De protestations en émeutes, la Catalogne s'embrase

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Francis Mateo
Écrit par Francis Mateo
Publié le 16 octobre 2019, mis à jour le 17 octobre 2019

La violence surgit dans le mouvement de protestation contre la sentence du Tribunal Suprême espagnol, et transforme les manifestations en batailles de rues, alors que les rassemblements se multiplient.


Les scènes de batailles urbaines dans les rues des principales villes de Catalogne ces dernières heures marquent un basculement dans la vague de protestation initiée depuis le verdict du Tribunal Suprême à l'encontre des indépendantistes mis en cause dans l'organisation du référendum d’autodétermination. D'abord parce que ces émeutes prouvent que les organisations indépendantistes regroupées au sein du collectif "Tsunami Démocratique" ont été débordées par des manifestants qui n'ont visiblement d'autre intention que la violence ; et ensuite parce que le président de la Generalitat, Quim Torra, se retrouve désormais face à un dilemme, presque une contradiction : appeler ses partisans à manifester tout en assumant le contrôle de l'ordre public à coups de matraques et de tirs de balles en caoutchouc (qui ont déjà causé deux blessés graves). 

 

 

Avec évidement le risque de perdre tout contrôle de la situation dans la rue, comme ce fut le cas ce 15 octobre. Les affrontements avaient de faux airs de guérilla urbaine à Barcelone, particulièrement dans l'Eixample et sur le Passeig de Gracia, où des poignées de manifestants encapuchonnés ont formé des barricades : poubelles incendiées, vitrines saccagées, jets de bouteilles et de pots de peinture sur les camions de police... C'est dans ce chaos que s'est achevée la manifestation qui avait été convoquée devant le bâtiment de la Délégation du gouvernement national, et où s’étaient retrouvées jusqu'à 40.000 personnes dans le courant de l'après-midi. Tarragonne, Lleida, Gérone et Sabadell ont connu les même scènes de violence jusque tard dans la nuit. Le bilan en dit long : 125 blessés et une trentaine d'arrestations.


Routes coupées et sabotages

Quelques heures après, alors que les pompiers s'activaient encore pour nettoyer les débris de cette nuit d'émeutes, les premiers cortèges de marcheurs convoqués par l'ANC (Assemblée Nationale Catalane) sortaient de Tarragonne, Gérone, Tarrega, Berga et Vic. Ces rassemblements baptisées "Marches pour la liberté" convergent vers Barcelone, où tous les manifestants doivent rejoindre ce vendredi 18 octobre, jour de grève générale. Trois jours de manifestations itinérantes et de perturbations sur des routes coupées, comme c’était déjà de cas au tout début de ces "marches", notamment aux alentours de Tarragonne, où 2.000 personnes s'étaient réunies dès 7 heures du matin, et surtout sur l'autoroute A7 qui relie la France à l'Espagne, à hauteur de Gérone, où la foule a envahi le bitume et paralysé le trafic.

 

 

Des manifestations qui se multiplient également au cœur de la capitale catalane, et auxquelles s'ajoutent des actes de sabotage qui ont obligé à interrompre l'AVE entre Figueras et Barcelone, où les trains de banlieue ont également été immobilisés plusieurs heures. Reste à savoir si les organisateurs de ces protestations parviendront à maintenir l'esprit "pacifique" qu'ils revendiquent. L'inquiétude est en tout cas désormais légitime, en vue du rassemblement de ce vendredi 18 octobre. Et l'incapacité persistance de dialogue politique n'est pas de nature à rassurer.
 

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