Le 15 janvier, la justice espagnole a rendu son verdict au cours du procès du "caso Palau", un scandale de corruption autour du Palau de la Musica de Barcelone et l’entreprise Ferrovial qui éclabousse les indépendantistes catalans. Douze des seize accusés ont été condamnés et l’ancien parti d’Artur Mas a écopé d’une amende record de 6.6 millions d’euros.
Le jugement de l’affaire de corruption "Palau", dont l’enquête a commencé il y a un an, a été rendu ce lundi. Un scandale de financement illégal de parti et de détournement de fonds qui vient fragiliser une certaine classe politique catalane, non sans lien avec certains des indépendantistes au cœur du processus de secession actuel. De 1999 à 2009, le parti Convergència Democràtica de Catalunya (CDC) a encaissé des pots de vin de la part de l’entreprise de transports Ferrovial par l’intermédiaire du Palau de la Musica de Barcelone en échange de l’attribution de travaux publics dont la construction de la ligne 3 du métro barcelonnais. Distribués sous forme de dons, le parti a encaissé systématiquement 3% de commissions illégales, ce qui représente près de 6 millions d’euros, prélevés sur les grands travaux publics réalisés dans la région.
Quel est le verdict ?
Ce ne sont pas moins de 16 accusés qui comparaissent devant le tribunal aujourd’hui pour 24 millions d’euros détournés entre 1999 et 2009 dont 6 millions d’euros pour le parti Convergència Democràtica de Catalunya. Parmi eux on compte les principaux dirigeants du Palau de la Musica de Barcelone, le trésorier du parti CDC et deux dirigeants hauts placés de chez Ferrovial. Douze des seize accusés ont été condamnés pour trafic d’influence et blanchiment d’argent. Felix Millet, 82 ans, le président du Palau qui a été condamné à 9 ans et 8 mois de prison, Jordi Montull, son bras droit à 7 ans et demi de prison, sa fille, Gemma Montull ancienne directrice financière du Palau, a écopé de 4 années et demi d’emprisonnement. Enfin, Daniel Osàcar, trésorier du parti Convergència Democràtica de Catalunya, a été condamné à 4 ans et 5 mois de prison. Le parti CDC a également été condamné à verser une amende de 6 millions d’euros, un jugement très sévère si on en croit les avocats, qui ne s’attendaient qu’à 2 ou 3 millions. En revanche, Pedro Buenaventura et Juan Elizagan, tous deux directeur territorial et directeur des relations institutionnelles chez Ferrovial ont été acquittés.
Le rôle trouble d’Artur Mas
Le 9 janvier, l’ancien leader indépendantiste a démissionné de la présidence de Parti Démocrate Européen Catalan (PDeCAT). S’il a invoqué l’élargissement du parti pour justifier cette décision, le jugement concernant son ancien parti (CDC) n’y est sûrement pas pour rien. Même si lui n’a pas été directement accusé dans l’affaire Palau, c’est son parti qui est impliqué dans le scandale de corruption car il en a été le secrétaire général de 2001 à 2012 puis le président jusqu’en 2015. Embarassé des soupçons de corruption qui pesaient déjà à l’époque sur le parti, par ailleurs soumis à de fortes tensions internes, Artur Mas a fondé le PDeCAT en 2016. Lors de ses aveux, le président du Palau de la Musica à Barcelone, Felix Millet a directement pointé du doigts l’ancien président de la Généralité catalane l’accusant d’avoir perçu des pots de vin. L’ancien leader indépendantiste qui scandait "l’Espagne nous vole" a immédiatement pris position pour défendre le trésorier du parti, Daniel Osàcar, condamné à 4 ans de prison.