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80e anniversaire de la Retirada, l’exode espagnol

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Écrit par Victoria Philippe
Publié le 13 février 2019, mis à jour le 13 février 2019

Au début de l’année 1939, lorsque Barcelone tombe aux mains du général Franco près de 500.000 Catalans et républicains fuient l’Espagne et passent la frontière des Pyrénées-Orientales. C’est la Retirada, l’exode massif vers la France des réfugiés espagnols de la guerre civile. C’était il y’a 80 ans.

 

En juillet 1936, les nationalistes lancent leur soulèvement militaire et signent le début de la guerre civile espagnole. Pendant près de trois ans, les franquistes, soutenus par l’armée et l’Église, bénéficiant de l'appui des troupes allemandes et italiennes, vont s’affronter aux Républicains, rassemblant divers mouvements de gauche, anarchistes, marxistes, communistes et socialistes, ainsi que les célèbres Brigades internationales… Au cours de l'hiver 1939, Franco a enfin la victoire à portée de main et l'étau se resserre autour de la poche de résistance catalane. Et tandis que les troupes nationales marchent sur Barcelone, ils sont nombreux à choisir l'exode vers la France.


Près de 500.000 réfugiés espagnols passent la frontière française

Ils sont quelques 500.000 réfugiés, des soldats et des familles, qui passent la frontière dans des conditions très difficiles. Le lendemain de la prise de Barcelone, le gouvernement français ouvre la frontière, le 27 janvier 1939, dans un premier temps pour les civils, puis le 5 février à nouveau pour les combattants Républicains. Les différents points de passage se font à Cerbère, au Perthus, à Prats-de-Mollo ou encore à Bourg-Madame.


Camps de réfugiés improvisés et conditions de vie parfois extrêmes

Les autorités françaises sont mal organisées face à ses arrivées massives et se retrouvent vite débordées par l’ampleur de l’exode qui n’était pas du tout anticipée. En outre, rongée par la crise économique, en proie aux sentiments xénophobes, repliée sur elle-même, la société française offre aux réfugiés un accueil plus que mitigé. En effet, avant même la Retirada, plusieurs décrets-lois ont été édictés par le gouvernement Daladier, dont celui du 12 novembre 1938 qui prévoit l’internement administratif des étrangers "indésirables", c’est-à-dire susceptibles de troubler l’ordre public et la sécurité nationale. Les Espagnols sont les premiers à subir les conséquences de cette politique nouvelle en direction des populations allogènes.

Dans les Pyrénées-Orientales, les camps les plus importants sont installés sur le littoral, d’autres en Cerdagne, avec les centres de Bourg-Madame et de Latour-de-Carol. Et également dans le Haut-Vallespir, à Arles-sur-Tech, Amélie-les-Bains et Saint-Laurent-de-Cerdans.

Plus de 70 départements accueillent des réfugiés civils dans des structures mises en place par les municipalités. D’autres réfugiés, souvent les hommes, sont regroupés dans des camps d’internement, qu’ils construisent parfois eux-mêmes, sur les plages du Roussillon à Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien et au Barcarès. Les premières semaines, certains dorment à même le sable ou la terre, sans baraquement pour s’abriter. 

 

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Certains rejoignent le camp de Rivesaltes. D’autres camps, comme celui d’Agde, de Bram, de Septfonds ou du Vernet d'Ariège, seront mis en place ensuite pour désengorger le Roussillon. Les conditions de vie dans ces camps sont souvent très précaires. Les décès sont réguliers en raison du manque d’hygiène et des difficultés d’approvisionnement en eau potable et en nourriture. 

En juin 1939, quelque 173.000 réfugiés espagnols sont toujours internés dans les camps. Et après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux réfugiés espagnols et catalans choisissent de rester en France, souvent dans les Pyrénées-Orientales, et de s'y installer.

Aujourd’hui, 80 ans après la Retirada, de nombreux Espagnols et descendants de ces exilés vivent encore dans les régions françaises, notamment dans le Sud-Ouest. Leurs enfants et petits-enfants se chargent d’entretenir la mémoire de ceux qui se sont battus pour un idéal humaniste.


Une série d’hommages officiels prévus

Le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez sera en déplacement dans les Pyrénées-Orientales dimanche 24 février pour une série d’hommages. Un premier hommage devrait être rendu le dimanche matin à Manuel Azaña, dernier président de la IInde République Espagnole, enterré à Montauban (Tarn-et-Garonne). 

Un second hommage concernera Antonio Machado, poète mort le 22 février 1939 à Collioure. Puis, Sánchez devrait faire un discours commémoratif sur la Retirada, devant le cimetière des Espagnols d’Argelès-sur-Mer. 

Une rencontre devrait avoir lieu lors de cette visite entre le président espagnol et l’exécutif français, représenté par Emmanuel Macron ou Édouard Philippe. C’est la première fois qu’un président espagnol en fonction fait le déplacement.

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