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21-D: la Catalogne sera-t-elle gouvernable vendredi ? Pas sûr.

palais de la generalitat barcelonepalais de la generalitat barcelone
Creative Commons AndriySadivskyy
Écrit par Eva Sannino
Publié le 20 décembre 2017, mis à jour le 21 décembre 2017

Les pronostics vont bon train en ce qui concerne les élections catalanes. L’issue du scrutin pourrait bouleverser la crise institutionnelle actuelle de la Catalogne ou prolonger le statu quo. Mais sous quelles couleurs : indépendantiste ou constitutionnaliste ?

 

La loi électorale catalane interdit la publication et la diffusion de sondages cinq jours avant un scrutin. Les derniers sondages légaux de la semaine dernière différent selon les médias mais font tout de même émerger une tendance claire. En termes d’intentions de vote, l’ERC d’Oriol Junqueras et Ciudadanos avec Inés Arrimadas sont au coude à coude. La dernière enquête réalisée par Sigma Dos pour El Mundo annonce Ciudadanos en tête avec 22,8%. La deuxième place serait occupée par ERC avec un score serré de 22,5%. Les autres partis devraient arriver dans l’ordre suivant après les deux groupes en tête : Junt per Catalunya de Carles Puigdemont avec 16,6%, le Parti Socialiste Catalan (Miquel Iceta) avec 15,4%, Catalunya en Comú - Podem (Xavier Domenech) avec 7,7%, la CUP indépendantiste (Carles Riera) avec 6,4% et enfin le Parti Populaire (Xavier García Albiol) avec 5,8%. Pour Cadena SER (http://cadenaser.com/programa/2017/12/15/hoy_por_hoy/1513319167_751745.html) en revanche, ERC arriverait en tête avec 24% des voix, tandis que le parti constitutionnaliste centriste enregistrerait 22,4%.

 

La répartition des sièges... ne dépendra pas que du nombre de voix


Le processus électoral catalan complique les estimations. Avec la représentation par populations, la province de Barcelone élit 85 des 135 députés du Parlement Catalan, contre 15 sièges pour la province de Lérida, 17 pour Gérone et 18 pour Tarragone. Il faut dire que la province de la capitale regroupe plus de 70% de la population catalane et que chaque vote ne pèse donc pas le même poids sur l'ensemble de la région. De plus, l’utilisation du scrutin proportionnel plurinominal -la fameuse méthode d'Hondt- pourrait créer la surprise au moment des résultats. Le pourcentage des voix obtenues dans les urnes n’assure pas un nombre de sièges proportionnels au Parlement. Le seuil électoral pourrait également exclure des listes dans la répartition des sièges, si ces dernières n’ont pas atteint le pourcentage minimal de 3% des votes exprimés. Ainsi, en terme de députés, l’Esquerra Republicana de Catalunya devrait remporter entre 29 et 35 sièges contre une estimation entre 27 et 36 pour Ciudadanos. JxCat et le PSC les talonnent avec respectivement entre 22 et 30, et 19 et 24 députés. Catalunya En Comú-Podem, le PP et la CUP généreraient chacun entre 5 et 11 sièges.

 

Des alliances déterminantes pour atteindre la majorité parlementaire


68 sièges pour atteindre la majorité absolue : aucun des partis en lice n’atteint cet objectif selon les estimations. Grâce aux croisements des dernières enquêtes de sept quotidiens espagnols, trois scénarios sont envisageables. Le premier est le fruit d'un bloc indépendantiste entre ERC, la CUP et JxCat, mais rien ne dit qu'il dépasserait la limite des 68 sièges, même s'il s'en rapprocherait de près. En cas d’union constitutionnaliste, Ciudadanos, le PSC, CeC-Podem et le PP pourraient constituer une majorité... Mais est-elle gouvernable ? Enfin, une alliance des gauches n’est pas exclue, avec l’ERC, PSC et CeC-Podem, mais représenterait a priori l'option cumulant le plus petit nombre de sièges, comparé aux deux scénarios précédents. La capacité du futur Parlement à voter des décisions permettant à la région de sortir de la crise, dans un sens ou l'autre, reste très incertaine. Les alliances nécessaires ne feront pas le jeu d'un Parlement fort.

 

Date d’investiture limite : 6 février 2018

Après le Parlement, le Gouvernement devra être formé. Avec une date d’investiture limite au 6 février 2018, quelle présidence pour la Generalitat ? Avec des estimations aussi serrées, seule la mobilisation des électeurs pourra faire basculer la situation. Le taux de participation pourrait dépasser les 80% selon l’enquête Metroscopia d’El Pais et tous les observateurs concordent sur une mobilisation historique des électeurs. La Generalitat recense 5.554.394 électeurs catalans, dont plus de 200.000 à l’étranger. Indépendantistes comme constitutionnalistes sont donc attendus en masse aux urnes. Pour les analystes, la majorité basculera d'un côté ou de l'autre en fonction de la mobilisation, ou pas, d'un électorat traditionnelement moins impliqué, celui favorable au maintien de la Catalogne au sein de l'Espagne. C'est peut être la clé de ce vote.

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