Suite à la déclaration d’indépendance faite par le Parlement de Catalogne, le gouvernement de Madrid a décidé de dissoudre ce dernier et de placer la région sous tutelle, en attendant de nouvelles élections régionales convoquées au 21 décembre.
Le jour J
Le jour du jeudi 21 décembre peut sembler être un jour peu commun pour organiser des élections, puisque c’est un jour de semaine. Mais le 21 décembre obéit à la loi 5/1985 qui veut que les élections se fassent 54 jours après leur convocation, qui a eu lieu le 28 octobre. En ce qui concerne le jour-même des élections, les travailleurs disposeront du droit de s’absenter de leurs postes de travail pendant 4h, pour aller voter,, sans perdre leur rémunération. Le bulletin officiel de l’Etat exige que les 4 circonscriptions de Barcelone, Gérone, Lerida et Tarragone élisent respectivement 85, 17, 15 et 18 députés. Pour la préparation des élections, le 7 novembre (demain mardi) marque la date limite pour enregistrer une coalition électorale. Le 17 novembre est le jour butoir pour présenter les listes des 4 provinces de Catalogne, qui seront ensuite publiées de manière définitive le 25 novembre. La campagne électorale doit commencer 38 jours après la convocation et doit durer 15 jours selon la loi, elle commencera donc le 5 décembre et s’arrêtera le 19 à minuit, laissant alors le 20 décembre comme la journée de réflexion traditionnelle avant des élections.
Le bloc indépendantiste participera-t-il ?
La principale question est de savoir sous quel format se présentera le bloc indépendantiste.
Le parti démocrate PDeCAt (Carles Puigdemont) et le parti républicain indépendantiste de gauche ERC (Oriol Junqueras) prétendent tous deux se présenter aux élections, même s’ils les considèrent illégitimes. Pour eux la dissolution du gouvernement représente une usurpation du pouvoir en Catalogne et les élections sont une manière de plus pour consolider la République. Marta Pascal, porte-parole du PDeCAt a d’ailleurs affirmé : "Le 21, nous irons aux urnes, nous irons avec conviction et nous sommes très attachés à ce que la société catalane puisse s'exprimer". Mais ces deux partis forment depuis les dernières élections une coalition "Junts pel Si" et la question est de savoir s’ils restent unis et transforment leur coalition en "Junts per la Republica".
L’Audience Nationale, qui a lancé un mandat d’arrêt européen contre Carles Puigdemont, ex-Président de la Generalitat, et 4 de ses ministres, et mis sous verrous le reste des ministres du gouvernement destitué, à exception de Santi Vila, pourrait jouer comme accélérateur dans la constitution d’une liste unique, avec comme dénominateur commun ceux que le bloc indépendantiste nomme "les prisonniers politiques". La question des pourcentages est débattue entre les deux partis : ERC propose 70% des postes pour les Républicains et 30% pour les Démocrates, et le PDeCAt ne semble pas disposer d’un poids électoral lui permettant de refuser.
Carles Puigdemont, qui lui aussi réclame une liste unique indépendantiste, pourrait finalement bien se représenter à la tête du parti démocrate, PDeCat. Les Républicains d'ERC composent eux aussi leur liste, avec Oriol Junqueras à sa tête. Et les négociations se poursuivaient ce week-end afin d'arriver à un accord pour une liste commune. A noter que les membres du gouvernement qui sont en prison peuvent se présenter dans des listes, la loi interdisant seulement les candidats ayant été condamnés pour des crimes bien déterminés, comme les actes de terrorisme et la rébellion contre l’Administration Publique. Il apparaît même que les exilés en Belgique pourront se présenter en tant que candidats.
La CUP quant à elle ne rejette pas l’idée de se présenter aux élections, seule ou au sein d'une coalition, mais a annoncé qu’elle prendrait une décision plus tard. Le parti Catalunya en Comu, symbolisé par la maire de Barcelone Ada Colau, a, a priori, refusé de participer à une coalition indépendantiste.
Composistion du parlement avant sa dissolution
En 2015, la coalition JxSÍ, menée par Artur Mas, a obtenu 62 sièges (39,59%), le parti d'opposition C's (Inés Arrimadas) a récolté 25 sièges (17,90%), le parti socialiste catalan PSC (Miquel Iceta), 16 sièges (12,72%), Catalunya Sí que es Pot, assimilé Podemos (Lluís Rabell), 11 sièges (8,49%), le parti gouvernemental PP (Xavier Albiol), 11 sièges (8,49%) et la CUP anticapitaliste et indépendantiste (Antonio Baños) 10 sièges (8,21%).
Qui peut voter et comment ?
Les Espagnols inscrits en Catalogne au recensement électoral en date du 1er août 2017.
Selon l’article 75 de la loi organique du régime électorale, les consulats d’Espagne à l’étranger ont ouvert le 29 octobre jusqu’au 22 novembre pour permettre aux Catalans résidant à l’étranger et inscrits sur listes électorales de faire la demande de vote. Peuvent aussi voter par courrier, s’ils s’inscrivent sur la liste des Espagnols résidents absents, les Catalans qui sont actuellement à l’étranger.