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ENERGIE - Un peu de biocarburants dans un monde de brut

Le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncéhier plusieurs mesures pour permettre aux agriculteurs de faire face àl'envolée du prix du gazole et pour encourager la production de biocarburants. En dépit d'un régime fiscal favorable, ces derniers restent onéreux et peu utilisés

Pour dénoncer la hausse des prix du pétrole, les agriculteurs ont manifesté, hier, àArras ( Photo : AFP )

Après les transporteurs routiers lundi, les agriculteurs mardi. Soucieux d'apaiser la grogne des professionnels frappés par la hausse du prix des carburants, le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncéhier une série de mesures pour permettre aux exploitants agricoles de faire face àl'envolée du prix du gazole et développer la production de biocarburants, comme alternative au "tout pétrole".
«La hausse des carburants pénalise les exploitations agricoles qui ne peuvent pas toujours répercuter ce surcoût sur l'aval. Nous devons les aider », a déclaréle chef du gouvernement, lors d'un déplacement au salon de l'élevage, àRennes. Pour cela, la prise en charge de la TIPP par l'Etat sera portée de 4 à5 centimes d'euros par litre pour le fioul domestique, a indiquéM. de Villepin. Le remboursement partiel de la taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel sera également augmentéet une mesure de défiscalisation du fioul lourd àhauteur de 50% de la TIPP sera introduite.
Ces mesures, rétroactives àpartir du 1er septembre, représentent «un soutien de l'ordre de 30 millions d'euros de la part de l'Etat », selon le Premier ministre? soit une petite bulle d'air pour les agriculteurs, qui réclamaient des crédits d'impôt depuis plusieurs jours.
Réduire la dépendance énergétique de la France
A moyen terme, la solution àla hausse des prix du pétrole pourrait venir des biocarburants. Hier, Dominique de Villepin a confirméune «accélération du développement »de ces énergies alternatives, afin de réduire la consommation nationale de pétrole et de réduire la dépendance énergétique de la France. «La consommation sera portée à5,75 % du total dès 2008, soit deux ans plus tôt que l'échéance prévue par l'Union européenne », a-t-il assuré. Avant d'ajouter : «En 2015, nous devrons avoir atteint 10%. »
Pour atteindre cet objectif, le chef du gouvernement a annoncédes exonérations fiscales portant sur 1,8 million de tonnes de biocarburants. Ces engagements s'ajoutent àceux que Jean-Pierre Raffarin avait annoncés en mai dernier, avec un quadruplement en quatre ans des agréments donnés aux industriels de la filière.
Malgréun régime fiscal d'ores et déjàfavorable, le développement des biocarburants en France accuse aujourd'hui un retard considérable. Leur part dans la consommation totale des carburants reste très marginale (1%), en raison de coûts de production excessifs, encore supérieurs au cours du pétrole.
Valentin BONTEMPS (LPJ). 14 septembre 2005

Les biocarburants en question
Lancés en France en 1992, afin de contourner le gel des terres cultivées pour l'alimentation imposépar la PAC, les biocarburants sont répartis en deux grandes familles: les éthanols («bioessence ») et les biodiesels («diester »). Les premiers sont fabriqués àpartir du blé, du maïs ou de la betterave, les seconds àpartir de cultures oléagineuses, comme le colza ou le tournesol.
Les biocarburants ne sont jamais utilisés seuls, mais incorporés dans des carburants classiques, àhauteur de 5% maximum. S'ils présentent l'avantage d'émettre moins de gaz àeffets de serre que les carburants issus du pétrole (les rejets de CO2, avec leur utilisation, sont réduits de 60% à70%), ils peuvent néanmoins avoir un impact négatif sur l'environnement, en favorisant l'agriculture intensive, grosse consommatrice d'engrais et de pesticides. (LPJ - 14 sept 205)