À quelques jours de la fin de la troisième amnistie pour les visas, aucune autre prolongation ne semble se dessiner pour ceux dont le visa expire sans possibilité de renouvellement et qui souhaiteraient rester en Thaïlande après le 26 septembre.
Avec le début de l’épidémie du coronavirus et la fermeture des frontières en Thaïlande, le gouvernement avait accordé une première amnistie pour les étrangers entre le 26 mars et le 31 juillet. Une période de grâce qui avait ensuite été prolongée jusqu’au 26 septembre avec un mot d’ordre clair de la part des autorités : “cette amnistie sur les visas sera la dernière”!
À dix jours de l’échéance, le bureau de l’immigration maintient son annonce qu’il n’émettra plus de prolongation générale pour les étrangers dont le visa est arrivé à expiration sans possibilité de renouvellement après le 26 septembre -cela ne concerne pas les détenteurs de visas long séjour qui effectuent leur renouvellement depuis la Thaïlande et continuent de remplir les conditions requises pour ledit renouvellement.
Seuls les étrangers qui pourront prouver qu’ils ne peuvent sortir du pays pour des raisons médicales ou l’absence de liaisons aériennes avec leur pays auront droit à une prolongation de 30 jours. Et pour ceux qui correspondent à ces deux cas précis, il leur est indispensable de présenter une lettre de leur ambassade en Thaïlande pour bénéficier de l’extension supplémentaire de 30 jours.
Joint par Lepetitjournal.com/bangkok, l’attaché de presse de l’ambassade de France, Lionel de Coninck, répond que “la délivrance éventuelle d’attestation par des ambassades ne concerne que 2 cas spécifiques. Les vols indisponibles ou l’entrée sur le territoire en question interdit et les cas médicaux graves, justifiants de l’impossibilité pour la personne de voyager. Le premier n’est donc plus d’actualité en ce qui concerne la France, et le deuxième ne concerne que les personnes étant dans une impossibilité absolue, médicalement constatée, de voyager”.
Même son de cloche à l’ambassade de Belgique à Bangkok comme l’écrit la consule Marie-Charlotte Annez : “Nous recommandons depuis le mois de mars à tous les ressortissants belges soit de régulariser leur situation le plus rapidement possible auprès des services d'immigration thaïlandais, soit d'organiser leur retour en Belgique. Il y a eu et il y a plusieurs vols commerciaux vers l'Europe chaque semaine. Pour cette raison, en respect de la souveraineté de la Thaïlande, l'ambassade n'est pas en mesure de délivrer de lettre d'accompagnement pour les prolongations de visa touristique en Thaïlande, sauf dans des cas humanitaires spécifiques, très exceptionnels”. Concernant les autres types de visas, la réponse est plus souple : "Exceptionnellement, nous délivrerons cette lettre après examen rigoureux de la demande", ajoute la consule.
Pouvoir discrétionnaire
Du côté de l’immigration, si officiellement seuls les deux types de situations déjà cités peuvent permettre de bénéficier d’une extension à la présentation du fameux document d’ambassade, il semblerait que dans la réalité d’autres catégories de personnes se voient accorder ici et là une extension, pouvoir discrétionnaire oblige.
Avec plus de 70 bureaux d'immigration dans le pays, les exigences et conditions peuvent varier d'un bureau à l'autre car les fonctionnaires thaïlandais jouissent en effet d'un pouvoir discrétionnaire sur l'appréciation des demandes de visa.
“Il est possible que certains étrangers n’ayant pas de raison valable de rester en Thaïlande se voient accorder plus de temps supplémentaire pour pouvoir régulariser leur situation ou pour se préparer au retour chez eux. Si un étranger a un justificatif à soumettre, nous le prenons en considération”, explique sous couvert de l’anonymat à Lepetitjournal.com/bangkok un inspecteur du bureau de l’immigration de Chiang Mai.
Selon des témoignages sur le groupe Facebook “Thai Visa Advice”, certains étrangers disent avoir obtenu une lettre de leur ambassade pour d’autres raisons que celles mentionnées sur le site de l’immigration. Un Britannique dit ainsi avoir reçu une extension de deux semaines après avoir présenté une lettre de son ambassade à l’immigration de Koh Samui avec un tampon “Under consideration” l’invitant à revenir 15 jours après l’amnistie pour bénéficier de 15 jours supplémentaires. Les bureaux d’immigration de Krabi et Phuket semblent également accorder un premier tampon de 15 jours avec la mention “Under consideration” avant d’en apposer un deuxième. L’immigration de Chiang Mai a par contre accordé directement 30 jours d’extension à une Ukrainienne et son époux.
Catégorie oubliée
À dix jours de la fin de l’amnistie, une catégorie de personne semble être un peu oubliée : les entrepreneurs et détenteurs d’un visa non immigrant de catégorie B.
Un entrepreneur français, Bernard M. (nom d’emprunt) qui prévoyait de lancer son activité avant l’épidémie du coronavirus confie : “J’avais un visa non-B où je devais sortir tous les trois mois, il a pris fin le 12 août. Je prévoyais de faire un nouveau visa au lancement de mon entreprise et après avoir engagé quatre employés thaïlandais comme le demande la loi. Sauf que pour faire ce changement de visa, on me répète que je ne peux le faire en Thaïlande, que je dois sortir du pays.”
Des employés étrangers qui ont accepté de diminuer leur salaire à cause de la crise économique liée aux mesures mises en place pour lutter contre la pandémie de Covid-19 se voient également refuser le renouvellement de leur permis de travail parce qu’ils ne peuvent justifier le salaire minimum requis. Le revenu minimum nécessaire pour les étrangers européen, australien, ou encore canadien est de 50.000 bahts par mois.
Le chef adjoint de l'Immigration de Phuket le lieutenant-colonel Udom Thongchin confiait à Phuket News : “Nous comprenons que la situation affecte les revenus des entreprises qui engagent des étrangers. Les revenus ne sont pas suffisants pour les demandes des étrangers. Cela affecte les étrangers de Phuket et dans d’autres provinces, mais il n’y a eu encore aucun changement dans les réglementations concernant les extensions ou le renouvellement pour pouvoir rester”. Udom Thongchin ajoutait que les officiels de l’immigration de Bangkok étaient au courant de la situation et qu’ils pourraient revenir avec une solution pour les étrangers qui ne peuvent répondre aux exigences de salaires pour étendre leur visa. D’après Udom Thongchin une réponse serait attendue. “Je pense qu’ils auront une solution avant le 26 septembre, le dernier jour pour pouvoir se mettre en ordre,” ajoute-t-il.
Dans l’attente d’une décision des autorités, Bernard M. a contacté plusieurs fois l’ambassade de France à Bangkok et l’ambassade de Thaïlande à Paris pour trouver une solution ou pour se voir délivrer une lettre de l’ambassade pour bénéficier d’une extension de 30 jours. Une demande qui lui a été refusée par l’ambassade de France à Bangkok car sa situation ne correspond pas aux deux cas possibles précités. “À quelques jours de l’échéance, je suis dans l’attente d’une prolongation de l’amnistie. Si elle n’est pas prolongée, je vais sans doute devoir rentrer en France en ne sachant pas pour combien de temps!” explique-t-il.
Alors que la Thaïlande vient de valider des visas touristiques longues durées de 270 jours, des entrepreneurs et expatriés risquent de devoir laisser en plan leurs affaires et leur famille pour rentrer en France ou ailleurs avec l’incertitude de savoir quand ils pourront revenir.
La dernière solution qui semble être encore possible est d’obtenir un visa de volontaire. Ce dernier ne permet pas de travailler mais offre une possibilité de rester un an avec un visa valide. Les frais pour obtenir ce visa se situent entre 40.000 et 70.000 bahts en passant par une agence.
Le risque de se faire refuser ce visa existe néanmoins. C’est ce qui est arrivée à la famille Landenberg, des acteurs globetrotters suisses échoués en Thaïlande depuis le mois de mars qui joueront leur spectacle “Love Letters” à l’Alliance française de Bangkok le 23 septembre, juste avant de rentrer en Suisse, même si leur maison là-bas est encore louée pour quelques mois encore.
Certains lecteurs nous ont fait savoir qu’ils envisageaient se mettre en "overstay" s’ils ne parvenaient pas à obtenir une rallonge. Il faut savoir que le dépassement de la durée de votre visa (overstay, en anglais) est illégal. Les autorités thaïlandaises rappellent que si vous dépassez la durée de votre séjour pendant une courte période, vous devrez payer une amende. Cependant, si vous dépassez la durée de votre séjour au-delà de 90 jours, il s'agit d'une infraction grave qui prévoit l’expulsion de Thaïlande et l’interdiction de séjour pour une durée qui dépend de celle du dépassement du visa.