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VIOL – L’affaire Nong Kaem suscite l'émoi national et les appels à la peine de mort

Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 15 juillet 2014, mis à jour le 11 septembre 2018

La Thaïlande est bouleversée depuis le viol et le meurtre le 6 juillet d'une adolescente dans un train de nuit. Plusieurs milliers de personnes se mobilisent via les réseaux sociaux pour demander que l'aveu du crime n'évite pas la peine de mort aux violeurs assassins. Une manifestation a eu lieu dans le centre de Bangkok malgré la loi martiale, et un détenu inculpé de viol a été battu à mort par des co-détenus

Depuis que la police à retrouvé le 8 juillet le corps de Kaem, 13 ans, sur les bords de la voie ferrée dans la province de Prachuap Khiri Khan, l'affaire fait les gros titres de la presse thaïlandaise. La jeune adolescente, qui effectuait son premier voyage en train de nuit, avait disparu le 6 juillet. (Lire notre article Une fillette violée dans un train puis jetée sur la voie ferrée). Très vite, un agent des Chemins de fer thaïlandais a avoué avoir violé et tué la jeune fille alors qu'il était sous l'emprise de drogue et d'alcool avant de jeter son corps le long des rails pendant que le train était en marche.
Selon la loi thaïlandaise, le viol et le meurtre d'un mineur est passible de la peine capitale ou de la prison à vie, mais en cas d'aveux, la sentence est généralement réduite. L'homme de 22 ans, qui doit être jugé mercredi, pourrait donc échapper à la peine maximale, ce que semblent regretter des dizaines de milliers de Thaïlandais.

Un groupe de manifestants endeuillés s'est réuni samedi à Bangkok devant le centre commercial Siam Paragon pour demander à ce que les auteurs de viol soient condamnés à la peine capitale.

"Il ne devrait pas y avoir d'indulgence parce que si les auteurs [de viol ndrl] avaient un cœur d'être humain et une conscience, ils ne commettraient pas ce crime quand les victimes les supplient pour leur vie", a indiqué Salita Pongswasat, administratrice de la page Facebook intitulée "Nous voulons la peine de mort dans les cas de viol".

La loi thaïlandaise punit le viol de peines allant entre cinq et vingt ans de prison.

Le porte-parole de la junte qui administre le pays depuis le coup d'Etat du 22 mai, Winthai Suwaree, a prévenu que la manifestation enfreignait la loi martiale en vigueur depuis le 20 mai. Aucune arrestation n'a eu lieu cependant.

Une actrice thaïlandaise participant au mouvement, Panadda Wongpoodee, a indiqué qu'elle pourrait soumettre à la junte une pétition pour l'application la peine de mort dans les cas de viol ayant déjà réuni 30.000 signatures.

Dans ce contexte d'agitation, un homme de 41 ans accusé de viol a été retrouvé mort dans sa cellule mercredi. Suspecté d'avoir violé sa belle-fille, il avait été inculpé la veille et avait jusqu'au bout clamé son innocence. Il aurait été battu à mort par ses codétenus.

Le secrétaire général de la Child Protection Foundation, Montri Sinthawichai, rappelle dans le Bangkok Post que ce genre d'émoi collectif et d'appel à la peine capitale se produit à chaque affaire de viol et de meurtre sur mineur. Mais il estime que la solution ne se trouve pas forcément dans le degré maximal de sévérité de la sentence.

Selon une étude réalisée par la fondation Women and Men Progressive Movement (WMP) et la Thai Health Promotion Foundation, près de 32.000 cas d'agressions sexuelles ont été signalés en 2013, soit une tous les quart d'heures (lire notre article).

Dans son programme télévisé hebdomadaire "Rendre le bonheur au peuple", le chef de la junte, Prayuth Chanocha, a indiqué vendredi que la prévention contre les violences sexuelles était l'affaire de tous et que "la presse ne devrait pas présenter de contenu sexuellement provocant qui aille à l'encontre de la bonne tradition thaïlandaise", ajoutant que les célébrités, chanteurs et acteurs devraient éviter de s'habiller de manière inappropriée, rapporte le journal Khaosod.

La junte a par ailleurs profité de l'émoi national pour limoger jeudi le directeur de la société des Chemins de fer thaïlandais (SRT), Prapas Chongsanguan sous prétexte de mettre de l'ordre dans les opérations de la SRT. Ce dernier fait partie du camp politique des Shinawatra, lequel fait l'objet d'une purge au niveau des hautes sphères de l'Etat depuis la prise de pouvoir militaire le 22 mai. Prapas Chongsanguan avait refusé plus tôt de démissionner, ne voulant pas faire accepter ses responsabilités dans l'affaire Nong Kaem.

Axel Segues (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mardi 15 juillet 2014

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Publié le 15 juillet 2014, mis à jour le 11 septembre 2018

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