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Une dizaine d’explosions dans sept provinces font au moins 4 morts

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Au moins quatre personnes ont été tuées dans l'explosion d'au moins 11 bombes en 24h entre jeudi soir et vendredi matin dans sept provinces de Thaïlande, notamment dans la station balnéaire touristique de Hua Hin

Le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha appelé au calme vendredi matin tout en affirmant ne pas encore savoir qui était derrière les attentats qui ont frappé dans sept provinces du royaume entre jeudi soir et vendredi.

Certains analystes évoquent l'insurrection musulmane qui fait rage dans l'extrême sud du pays depuis plusieurs années bien que les actions violentes des rebelles se sont toujours limitées aux trois provinces du sud, Pattani, Yala et Narathiwat.

La police thaïlandaise a déclaré vendredi à la mi-journée que ces attentats étaient un acte de "sabotage local" et non du "terrorisme" international.

"Ce n'est pas un acte terroriste. C'est juste du sabotage local," a déclaré le porte-parole adjoint de la police nationale Piyapan Pingmuang.

"Nous ne savons pas encore qui est derrière ces attaques," a-t-il ajouté.

Au moins 11 bombes ont explosé entre jeudi soir et vendredi matin dans sept provinces selon un dernier bilan.

Les deux dernières victimes ont été tuées vendredi matin: l'une dans une nouvelle double explosion à Hua Hin, l'autre dans la ville de Surat Thani, à 400 kilomètres plus au sud, ont précisé les autorités.

A Surat Thani, la bombe a tué une employée municipale, a expliqué à l'AFP le gouverneur de la province, pensant l'attaque liée à celles de Hua Hin.

La veille, deux premières personnes avaient été tuées: un Thaïlandais, tué dans l'explosion d'une bombe sur un marché de Trang, ville du sud du pays, et une marchande ambulante thaïlandaise, tuée dans la première double explosion de Hua Hin.

Une double explosion s'est également produite vendredi matin à Phuket sur la plage de Patong, faisant un blessé léger.

Les deux bombes qui ont explosé à Hua Hin jeudi étaient dissimulées dans des plantes en pot et ont explosé à 30 minutes d'intervalle dans le quartier des bars.

"Les bombes sont destinées à semer le chaos et la confusion", a déclaré le général Prayut Chan-O-Cha, au pouvoir depuis un coup d'Etat en 2014. "Nous ne devons pas susciter davantage de panique".

"Pourquoi les explosions se sont-elles produites dans notre pays qui se dirige vers la stabilité, un regain économique et touristique ? et qui a fait cela ? Je vous laisse deviner," a-t-il ajouté.

Les attaques à l'explosif léger, qui sont le plus souvent des actes d'intimidation, ne sont pas rares en Thaïlande, surtout lors de fortes tensions politiques - il arrive même que ces actions soient perpétrées par le propre camp des cibles supposées pour accabler le camp adverse. Mais généralement ce genre d'actions ne vise pas de sites touristiques.

Néanmoins, cette série d'attaque n'est pas sans rappeler celle survenue dans la nuit de réveillon du 31 décembre 2006 au 1er janvier 2007, quand huit bombes avaient explosé dans divers endroits de la capitale, faisant trois morts et une quarantaine de blessés.

L'attentat était intervenu alors que l'armée avait pris le pouvoir quelques mois plus tôt, renversant le Premier ministre Thaksin Shinawatra. Les coupables n'ont jamais été identifiés, même si la responsabilité "d'hommes en uniformes" avait été largement évoquée à l'époque -après que la piste des insurgés malais musulman avait été écartée-, alors que les militaires devaient justifier leur maintien au pouvoir (lire notre article).

Le dernier attentat d'ampleur en Thaïlande remonte à août 2015, quand 20 personnes, dont de nombreux touristes chinois, avaient été tués dans l'explosion d'une bombe en plein Bangkok. Cet attentat n'avait pas été revendiqué, mais les autorités thaïlandaises avaient affirmé que l'attentat qui a frappé Bangkok visait "les touristes étrangers".

En avril 2015, une voiture piégée avait explosé dans le parking d'un centre commercial sur une grande île touristique de Thaïlande, Koh Samui, blessant légèrement sept personnes, dont une jeune Italienne.

Hua Hin abrite le palais d'été de la famille royale, le palais Klai Kangwon (loin des tracas), et les premières explosions se sont produites quelques instants avant le jour du 84e anniversaire de la Reine Sirikit et peu avant le premier anniversaire des explosions de Bangkok survenues en août 2015 tuant 20 personnes devant l'autel Erawan.

Selon le chef de district de Hua Hin, Sutthipong Klai-udom, les premières explosions ont été déclenchées depuis un téléphone mobile. Selon le personnel médical des hôpitaux locaux, parmi les blessés figureraient des ressortissants allemands, italiens, néerlandais et autrichiens.

"Cela a été très choquant. Il y a eu un bruit très fort et des policiers couraient partout, c'était terrible," a témoigné Michael Edwards, un touriste australien qui se trouvait dans une guest-house près de la seconde explosion.
"C'est surprenant que cela se produise ici? maintenant je me demande si cela vaut la peine de rester," a-t-il ajouté.

Selon Paul Chambers, expert en affaires militaires thaïlandaises, les premiers suspects sont les groupes rebelles du sud musulman.
"Les coupables les plus probables sont les insurgés malais musulmans qui se battent contre l'Etat thaïlandais dans l'extrême sud," a-t-il dit.

"Les attentats de Hua Hin ressemblent à un affront direct au royaume de Thaïlande. Hua Hin abrite le palais royal? et la série d'explosions survient le jour de l'anniversaire de la reine."

Pour Zachary Abuza, spécialiste des groupes militants du Sud-est asiatique, bien que les insurgés du sud n'ont pas mené d'attaques coordonnées depuis plusieurs années, "cela ne signifie pas qu'ils ne l'ont jamais fait ou ne pouvaient pas le faire, c'est juste que cela fait un certain temps".

"Quiconque a commis ces attentats cherche à porter atteinte à l'économie thaïlandaise. C'est l'aspect sur lequel la junte est la plus vulnérable."

P.C. avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) vendredi 12 août 2016

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 11 août 2016, mis à jour le 12 mars 2019

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