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Un général en retraite nommé Premier ministre en Thaïlande

Coup d'Etat ThailandeCoup d'Etat Thailande
Surayud Chulanont, nouveau Premier ministre (photo AFP)
Écrit par Arnaud Dubus
Publié le 2 octobre 2006, mis à jour le 1 mai 2019

Le nouveau chef du gouvernement de la Thaïlande est un ancien général proche du Roi nommépar la junte. Mais, Surayud Chulanont est un des plus fervents avocats de la séparation entre politique et armée. C'est un homme respectépar tous qui peut espérer disposer d'une réelle marge de manoeuvre

Surayud Chulanont, 63 ans, a étédésignéhier nouveau Premier ministre de Thaïlande par la junte militaire au pouvoir. Le chef du gouvernement qui devra conduire le pays jusqu'aux prochaines élections démocratiques d'octobre 2007 est un général en retraite, proche conseiller du Roi.

Le nouveau premier ministre de Thaïlande est le grand homme de la réforme des forces armées thaïlandaises. Fils d'un maquisard du Parti communiste de Thaïlande mort en exil, il a étéle principal artisan de la dépolitisation des forces armées après la répression sanglante par les militaires des manifestations pro-démocratiques àBangkok en mai 1992. Nommé à la tête de l'armée de terre en 1998, il avait lancéun programme de professionnalisation pour recentrer l'armée sur sa mission de protection de la sécurité.

Farouche partisan d'une lutte contre la corruption, il avait réformé la procédure pour les achats d'armements - jusque là la meilleure occasion pour les officiers d'arrondir leurs fins de mois - pour la rendre plus transparente. Sous son égide les effectifs militaires étaient passés de 230.000 à 190.000. "C'est un homme que tout le monde respecte. Il est honnête et austère. Il n'est pas du genre àvous emmener passer une soirée dans un Karaoke", indique Panitan Watanayakorn, un expert des questions de sécurité.

Ancien commandant de Sonthi

Le paradoxe constituépar l'arrivée d'un général la tête du nouveau gouvernement n'est pas aussi fort qu'il ne paraît. En effet, Surayud Chulanont s'est toujours opposéaux interférences des militaires d'active dans la politique. 
Ainsi, fin 2000 il avait réprimandédes officiers, camarades de promotion du futur Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui avaient apportépubliquement leur soutien au candidat. En Thaïlande, de très nombreux politiciens sont toutefois d'anciens officiers militaires : depuis 1980, trois généraux àla retraite ont occupéla fonction de Premier ministre.

Une marge de manoeuvre

Après avoir quittéle service actif, Surayud Chulanont a passéplusieurs mois comme bonze dans un monastère de forêt : une image qui a fortement impressionnéles Thaïlandais. Il est ensuite devenu membre du Conseil privédu roi Bhumibol Adulyadej, poste dont il a démissionnédimanche matin.
Surayud Chulanont a étéle commandant du général Sonthi Boonyaratklin, le chef de la junte, au Centre des forces spéciales de Lopburi. Cette séniorité, une valeur clef au sein de l'armée thaïlandaise, devrait lui donner une certaine marge de manoeuvre pour diriger le pays vis-à-vis des membres du Conseil National de Sécurité. C'est d'autant plus important que la constitution provisoire, approuvée dimanche par le roi, permet àla junte de contrôler étroitement l'action du gouvernement.

Par Arnaud Dubus 2 octobre 2006

Publié le 2 octobre 2006, mis à jour le 1 mai 2019

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