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SOMMETS ASEAN/EAS - Les États-Unis prendraient-ils l’Asie à la légère?

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Reuters

Les États-Unis ont réduit leur présence officielle sur deux sommets concernant la région Asie-Pacifique prévus à Bangkok la semaine prochaine. Une nouvelle qui risque de décevoir des partenaires asiatiques inquiets de l'influence croissante de la Chine.

Alors que le président Donald Trump envisageait de se rendre au forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) qui devait avoir lieu au Chili à la mi-novembre -mais vient d'être annulé en raison des turbulences locales-, le plus haut responsable que les Etat-Unis prévoient d'envoyer à Bangkok la semaine prochaine pour le sommet annuel de l’Asie de l’Est et le sommet de US-ASEAN est le Secrétaire au Commerce Wilbur Ross, a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.

Wilbur Ross doit diriger la délégation américaine lors d’un forum d’affaires indo-pacifique réunissant représentants du gouvernement et dirigeants d’entreprises en marge du sommet de l’Asie de l’Est (EAS).

Donald Trump a nommé le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Robert O'Brien, pour être son représentant spécial aux deux sommets, a annoncé la Maison blanche.

David Stilwell, secrétaire adjoint du Département d’État pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, sera également à Bangkok, mais la délégation américaine sera largement surclassée par d’autres acteurs régionaux comme le Japon, l’Inde et la Chine.

Même si elle avait ni plus ni moins défini la région Indo-Pacifique "comme la plus importante pour l'avenir des Etats-Unis" dans un rapport de stratégie du Pentagone cette année, l'administration Trump a régulièrement réduit la présence américaine aux réunions de l'EAS et de l'ASEAN.

Bien que Trump ait assisté au sommet US-ASEAN à Manille en 2017, il n'a jamais suivi en entier un sommet de l’Asie de l’Est. Le vice-président Mike Pence a représenté les États-Unis aux réunions tenues à Singapour l'an dernier.

Le prédécesseur de Trump, Barack Obama, a en revanche assisté à chacun des deux sommets à partir de 2011, à l'exception de 2013, année où il avait dû annuler en raison d'une fermeture du gouvernement Etats-Unien.

Des diplomates asiatiques ont fait savoir que ce manque de représentation américaine de haut niveau à Bangkok va susciter une grande déception dans une région de plus en plus préoccupée par l'influence grandissante et rapide de la Chine.

Trump prévoyait d'assister à la réunion de l'APEC au Chili où il espèrait signer la première partie d'un accord avec la Chine afin de résoudre une guerre commerciale destructrice.

Mais l’absence annoncée de Trump à Bangkok risque de soulever de nombreuses questions sur l’engagement des États-Unis dans la région, estiment des diplomates et des analystes, en particulier après son retrait de l’accord commercial du Partenariat transpacifique conclu avec 11 nations en 2017, peu après sa prise de fonction.

L'an dernier, Trump, qui fait actuellement l’objet d’une procédure d’"impeachment" par le Congrès, avait envoyé Mike Pence à sa place pour la conférence de l'APEC, ainsi qu'aux sommets de l’ASEAN et de l'Asie de l'Est.

Matthew Goodman, principal conseiller sur l'économie asiatique au sein du Centre d’études stratégiques et internationales de Washington (CSIS), a qualifié l’approche des États-Unis vis-à-vis des sommets à Bangkok de "véritable problème".

"Comme le disait Woody Allen, 80 ou 85% de la vie consiste à se montrer. Et dans la région Indo-Pacifique, c'est complètement cela", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse en prévision des sommets. "Si vous vous présentez, vous serez félicité, quoi que vous disiez ou fassiez. Si vous ne vous présentez pas, c’est un réel problème."

Amy Searight, haut responsable de la défense sous Obama et désormais principale conseillère au CSIS, souligne que le sommet de l'EAS est devenu le premier forum de dialogue stratégique pour la région Asie-Pacifique, réunissant des dirigeants de Chine, d'Inde, du Japon et de Corée du Sud, et ceux des 10 pays de l’ASEAN.

"Ce qui risque de faire les gros titres dans la région, c'est qu'aucun haut dirigeant américain ne se sera rendu à un sommet aux côtés de 17 autres dirigeants de l'Indo-Pacifique", ajoute-t-elle.

"Et je pense que cela amène vraiment à se demander ... à quel point cette administration est sérieuse dans sa stratégie Indo-Pacifique libre et ouverte", estime-t-elle. "Et cela remet vraiment en question la fiabilité des États-Unis en tant que partenaire stratégique de cette région."

Pendant ce temps, les négociateurs du Regional Comprehensive Economic Partnership (RECP), qui comprend 16 pays, sont à pied d'oeuvre pour finaliser ce qui pourrait devenir la plus grande zone de libre-échange du monde, pesant un tiers du produit intérieur brut mondial, et dont l'une des particularités est précisément d'exclure les Etats-Unis.

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