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REPORTAGE – Les violences dans le Sud restent soutenues, malgré l’amélioration des statistiques

Yala-ThailandeYala-Thailande
Emmanuelle MICHEL - La situation semble calme dans les villes de la région, mais les violences persistent selon les ONG locales
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 20 mai 2009, mis à jour le 13 mars 2019

Alors que les statistiques officielles indiquent un fléchissement des violences dans les trois provinces à majorité musulmane, les ONG de la région dénoncent un calme trompeur. Elles constatent une aggravation des attaques ciblées, notamment contre les femmes et les enfants. Reportage

Il y a deux ans, le mari de Samorn Wananee a été tué par des tireurs à moto. Le couple vivait dans l'un des districts les plus dangereux de la province de Narattiwat. "J'ai vu le visage des assassins, ils n'étaient pas masqués", raconte Samorn, le visage encadré d'un voile orangé. Mais elle n'a jamais osé les dénoncer. Dans son village, comme dans beaucoup d'autres du Sud de la Thaïlande, le silence reste la règle. En cinq ans, les violences dans ces trois provinces proches de la Malaisie (Pattani, Yala et Narattiwat), où la population est à 80% musulmane, ont coûté la vie à 3.500 personnes, bouddhistes comme musulmans. Pourtant, depuis quelques mois, les statistiques officielles semblent faire état d'une amélioration. Ainsi, en 2008, 546 personnes ont été tuées, contre 1.056 en 2007, soit une baisse de près de 50%. Mis à part les nombreux points de contrôle militaires, la situation semble plutôt calme dans les villes de la région. Le week-end, les plages et les centres commerciaux se remplissent de familles en quêtes de distraction.

Une nouvelle génération d'insurgés prend le relais

Mais les témoignages des membres d'ONG font apparaître une réalité bien différente. "La situation est loin de s'être améliorée, affirme Pateemoh Poh-ee-tae Da-oh, présidente de WE Peace. Les assassinats sont quasi-quotidiens, poursuit-elle, simplement les médias n'en parlent pas. Les meurtres sont plus violents, parfois par égorgements. Et ils visent de plus en plus de femmes et d'enfants". 200 villages dont l'armée avait réussi à s'assurer le contrôle auraient été repris par les insurgés séparatistes ces derniers mois, selon Sunai Phasuk, consultant pour Human Rights Watch. "Une nouvelle génération est en train de prendre le relais. Ils veulent faire en sorte que personne ne se sente en sécurité", souligne l'activiste. Dans beaucoup de villages, la méfiance ne s'est toujours pas dissipée. "Les commerces bouddhistes reçoivent des menaces, alors nous essayons d'organiser une surveillance", raconte Phra Phrasop, moine supérieur du Wat Khota, situé à une vingtaine de kilomètres de la frontière malaise. En 5 ans, la moitié de la population bouddhiste de son district est partie, soit environ 5.000 personnes. "Ceux qui restent n'ont vraiment nulle part ailleurs où aller".

"Le Premier ministre semble comprendre la situation"

Les ONG qui viennent en aide aux victimes des violences se retrouvent souvent dans une situation très délicate. "D'un côté, les militaires nous soupçonnent d'être de mèche avec les insurgés. De l'autre, les insurgés pensent que nous collaborons de trop près avec les autorités thaïes", explique Pateemoh de WE Peace. Le nouveau gouvernement a affiché sa volonté de ramener les trois provinces, actuellement sous contrôle de l'armée, dans le giron de l'administration civile. "Le Premier ministre semble comprendre la situation et être prêt à entendre les griefs de la population local. Mais le gouvernement est très dépendant de l'armée pour sa survie. Et il a dû remettre à plus tard la mission d'évaluation de la situation qu'il voulait lancer à cause des troubles politiques de Songkran", regrette Sunai Phasuk.

Par Emmanuelle MICHEL mercredi 20 mai 2009

L'avocat Somchai Neelaphaijit officiellement déclaré "personne disparue"

La justice thaïlandaise a déclaré que l'avocat musulman Somchai Neelaphaijit était officiellement considéré comme une "personne disparue". Somchai, qui défendait trois Musulmans suspectés d'activités séparatistes et avait accusé des militaires d'avoir torturé ses clients, a disparu mystérieusement à Bangkok le 12 mars 2004. Son épouse Angkhana, activiste des droits de l'Homme dans le Sud, se dit persuadée qu'il a été assassiné. La loi thaïlandaise impose d'attendre au moins 5 ans pour déclarer une personne officiellement disparue. Cette décision va permettre à Angkhana de reprendre le contrôle des biens financiers de son mari.

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