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PREAH VIHEAR – Un village cambodgien laissé en ruine après les affrontements armés de vendredi

Preah VihearPreah Vihear
Les soldats cambodgiens doivent se fayer un chemin au milieu des taules éparpillées dans ce qui reste du village après les échanges de mitraillettes et de mortier vendredi (Photo AFP)
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 7 avril 2009, mis à jour le 11 août 2019

Les échanges nourris de tirs de mitrailleuses et de mortier, qui ont fait trois morts et neuf blessés vendredi à la frontière avec le Cambodge, ont causé d'importants dommages dans le village situé près du temple de Preah Vihear, forçant les villageois à fuir. Les dirigeants des deux pays ont relativisé l'incident, mais sur place, la tension persiste
Lire aussi : Nouveau tour de négociations entamé hier à Phnom Penh

Soulevant les bijoux noircis et les bouteilles de whisky, les troupes cambodgiennes passent au crible les ruines d'un village détruit dans une bataille amère avec la Thaïlande voisine. Les villageois se sont sauvés de la zone proche du temple de Preah Vihear, vendredi, lorsque les troupes thaïlandaises et cambodgiennes ont commencé à échanger des tirs nourris de mitrailleuses et de roquettes, faisant trois morts et neuf blessés parmi les soldats thaïlandais. Un soldat cambodgien montre une vidéo qu'il a enregistrée du village en flammes d'où s'élève une colonne de fumée noire près du temple de Preah Vihear, tandis que d'autres discutent de la fusillade, accusant les soldats thaïlandais d'avoir tiré "beaucoup de roquettes sur le marché".

Villageois évacués, maisons brûlées

Des centaines de villageois qui vivaient ici ont été évacués dans une école à 20 kilomètres de là. Le gouvernement cambodgien leur a promis qu'ils se verraient attribuer de nouvelles parcelles de terres plus à l'écart du territoire disputé. "Nous n'avons pas peur, mais les autorités nous ont évacués ici. Nous ne savons pas quand ils nous laisseront rentrer,"s'inquiète Seng Kimlong, 25 ans, qui a fui avec son épouse et son fils de 3 ans. Ma maison a été complètement brûlée après que les Thaïlandais ont lancé des tirs de mortier sur le village", précise-t-il.

Le commandant local cambodgien, le général Srey Doek, a informé son homologue thaïlandais que 257 maisons avaient brûlé dans l'attaque de vendredi. "Nous n'avons pas souhaité cela"a répondu le Général thaïlandais Kanok Netrak Thavesanak. "Lorsqu'un incident éclate, les deux parties subissent des dommages".

Dans la bataille, les Thaïlandais ont semble-t-il subi les plus lourdes pertes humaines, déplorant trois soldats morts et dix blessés. Les militaires cambodgiens n'ont pas fait état de victimes de leur côté.

Les officiels des deux camps ont aussitôt relativisé les faits affirmant qu'ils étaient survenus par accident. Il ont assuré qu'ils tenaient à désamorcer cette crise, insistant sur le fait que les discussions habituelles du Comité Frontalier devraient se faire à l'occasion des rencontres prévues du 10 au 12 avril au sommet régional de l'ASEAN.

Discussions prévues au sommet, tensions persistantes à la base

Ce week-end, les commandants locaux ont aussitôt essayé d'apaiser les tensions en entamant des discussions autour d'un déjeuner sur une plate-forme de bambou. "En tant que généraux, nous avons le devoir de parler entre nous et donner l'ordre à nos troupes de ne pas ouvrir le feu", a déclaré le commandant des troupes thaïlandaises, le Général Kanok Netrak Thavesanak. Et le Général cambodgien, Srey Doek, de répondre : "Remettons cette affaire aux supérieurs afin qu'ils résolvent ce problème."En attendant, la plupart des soldats cambodgiens affirment rester vigilants, prêts à sacrifier leurs vies pour défendre le territoire et le temple. "Si les soldats thaïs entrent dans le temple, nous allons tirer immédiatement", déclare Non Sroan, soldat cambodgien en poste à Preah Vihear depuis le mois de juillet. "Nos ordres sont de tirer lorsqu'ils traversent la frontière. Le temple appartient au Cambodge", dit-il.

Nouveau tour de négociations entamé hier à Phnom Penh

Des négociateurs thaïlandais et cambodgiens ont entamé hier à Phnom Penh un nouveau tour de négociations prévu pour durer deux jours en vue de parvenir à débloquer la situation. Ces négociations font partie d'un processus entamé après une escarmouche en octobre qui avait fait quatre morts. La dernière rencontre, qui avait eu lieu en février en Thaïlande, s'était soldée sans compromis ni accord sur les principaux points, dont notamment la dénomination du temple dans les documents officiels. Pour les Cambodgiens le temple se nomme Preah Vihear tandis que les Thaïlandais l'appellent Phra Viharn. Un jugement de la Cour Internationale de Justice en 1962 avait attribué au Cambodge la souveraineté du temple hindou datant du 11e siècle. Le différend territorial à l'origine de la situation actuelle concerne la souveraineté sur un terrain de 4,6 kilomètres carrés infesté de mines antipersonnel et dont les limites n'ont jamais été clairement définies. Les tensions ont été exacerbées en Juillet 2008 lorsque le temple fut reconnu Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO irritant ainsi les nationalistes en Thaïlande qui revendiquent encore ce temple. Cette zone a depuis connu plusieurs escarmouches, et quatre soldats sont morts dans un échange de tirs en octobre. Les troupes se sont depuis progressivement installées sur leurs positions. Les incidents de vendredi sont survenus au lendemain de l'explosion d'une mine antipersonnel qui a emporté la jambe d'un soldat thaïlandais à quelques kilomètres du temple. Abhisit a indiqué que les deux pays avaient signé un accord pour assurer le déminage de leur territoire respectif, laissant entendre que si l'accident de jeudi devait s'avérer provenir d'une mine récemment placée, le problème risquait d'être plus grave. (LPJ avec AFP- 07/04/2009)

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 7 avril 2009, mis à jour le 11 août 2019

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