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Plusieurs incidents ce week-end à Bangkok autour de la lèse-majesté

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REUTERS / Athit Perawongmetha - Des manifestants poussent sur un cordon de policiers devant le poste de police de Khlong Luang dans la province de Pathum Thani, le 15 janvier 2021

Au moins sept personnes ont été arrêtées en liens avec des affrontements samedi entre la police et des petits groupes de militants pro-démocratie à deux endroits dans Bangkok.

La manifestation avait commencé vers midi sur l’avenue Phaya Thai au Monument de la Victoire lorsqu’un groupe de plusieurs dizaines de personnes a déployé trois longues bandes de tissu blanc pour former une bannière de 112 mètres en référence à l’article 112 du code pénal qui punit toute insulte ou critique envers la famille royale. Les gens étaient invités à partager leurs opinions sur la loi de lèse-majesté et aussi sur le gouvernement.

La police n’a pas tardé à intervenir, invoquant le décret d’urgence sanitaire qui interdit les grands rassemblements dans le cadre de la prévention du Covid-19. Au moins deux militants ont été arrêtés alors que les policiers soutenus par une unité anti-émeute ont dispersé le rassemblement.

En milieu d’après-midi, un nouveau rassemblement s’est formé quelques centaines de mètres plus au sud, au carrefour Samyan, à l’intersection des avenues Phaya Thai et Rama IV. De nouveaux accrochages ont eu lieu et cinq autres personnes ont été appréhendées.

Et alors que le gros de la manifestation s’était dispersé en fin de journée, une explosion a retenti blessant deux policiers, un reporter et une autre personne, rapporte le journal Khaosod English. Selon le chef de la police de Bangkok, le lieutenant-général Phukphong Phongpetra, cité par le journal en langue anglaise, il s’agirait d’une bombe ping-pong, engin artisanal léger rempli de clous. 

Au moins 43 personnes ont été accusées de lèse-majesté depuis novembre, la plupart des militants ayant organisé les manifestations appelant à des réformes de la monarchie.

Selon Khaosod English, les leaders du mouvement jeune à l’origine des manifestations de 2020 ont dit n’avoir rien avoir avec le rassemblement de samedi.

La veille, quelques dizaines de manifestants s’étaient rendus dans un commissariat de Pathum Thani, province voisine de Bangkok, disant craindre de voir un autre militant étudiant accusé de lèse-majesté.

Les manifestants ont poussé et bousculé une douzaine de policiers devant le commissariat de Klong Luang, où ils pensaient que leur camarade, Chaiyapon Danothai, allait être inculpé.

Mais la police et l'avocat du militant ont dit que celui-ci n'avait pas fait l'objet d'accusations de lèse-majesté.

L'avocat de Chaiyapon, Noraset Nanongtoom, a confirmé qu'aucune charge n'avait été retenue contre son client, précisant que le nom de Chaiyapon était apparu sur un mandat de perquisition utilisé lors de l'arrestation mercredi soir d'un autre activiste, accusé d'avoir dégradé le portrait du roi Maha Vajiralongkorn.

Chaiyapon n'était pas à Bangkok lorsque cet incident a eu lieu, a déclaré Noraset Nanongtoom.

Le Bangkok Post rapporte également une manifestation samedi après-midi organisée devant le ministère de l'Éducation sur l'avenue Ratchadamnoen par les "Bad Students", un groupe de militants adolescents qui demande des réformes de l'éducation en parallèle au mouvement contestataire principal. Il s’agissait d’une manifestation symbolique pour marquer la journée des enseignants, précise le journal en langue anglaise.

Le mouvement de grogne des lycéens, qui s’est développé ces deux dernières années, aspire à briser les carcans du système éducatif thaïlandais qui se caractérise selon eux par des règles rigides et archaïques comme celles relatives à l'uniforme, la coupe de cheveux, la conduite, ou encore l’obligation à faire preuve d'une déférence excessive avec dans nombre d’établissements des séances de prostration collectives ou individuelles aux pieds des enseignants.

Les élèves samedi se sont notamment versé sur les habits de la peinture rouge représentant du sang symbolisant la violence avec laquelle ils estiment que le système éducatif thaïlandais les traite.

L’année 2020 a été marquée par une série de manifestations menées principalement par des jeunes contre le gouvernement et l’establishment soutenus par l'armée. Le mouvement protestataire s'est engagé à reprendre au cours de cette année la lutte contre un traditionalisme qu’il juge excessif et synonyme d’oppression et d’injustice pour le petit peuple qui souffre déjà d’un niveau d’inégalités parmi les plus importants au monde.

Les manifestations de 2020 ont brisé de vieux tabous en osant appeler à des réformes de la monarchie.

Le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, qui avait dit en juin dernier que le roi avait demandé au gouvernement de ne plus invoquer la loi de lèse-majesté, a finalement déclaré en fin d’année que «toutes les lois» seraient utilisées pour faire respecter l'ordre alors que les manifestations s'intensifiaient.

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