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One-Two-Go suspendue et peut-être poursuivie

Crash phuket thailandeCrash phuket thailande
Les opérations de secours autour de la carcasse fumante de l'avion de la compagnie One-Two-Go le 16 septembre, filmées par la télévision thaïlandaise (Photo LPJ Bangkok)
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 24 juillet 2008, mis à jour le 24 juin 2019

A force de pression, les familles des victimes du crash de Phuket ont semble-t-il obtenu gain de cause. Lundi, l'aviation civile thaïlandaise annonçait qu'elle suspendait les licences de vol de One-Two-Go et d'Orient Thai pour une durée de 30 jours et promettait des poursuites judiciaires

La compagnie aérienne thaïlandaise à bas prix One-Two-Go a été contrainte de suspendre ses vols pour 30 jours à compter du 22 juillet dernier, annonçait lundi le département thaïlandais de l'Aviation civile (DCA). La DCA, qui dirige actuellement une série d'enquêtes administratives autour du crash du vol OG 269 survenu le 16 septembre 2007 à Phuket, accuse la direction de la compagnie aerienne d'avoir effectué des contrôles de sécurité insuffisants et soumis aux autorités de faux documents.
La licence de vol de One-Two-Go est donc provisoirement suspendue le temps que la société procède à des améliorations dans la gestion de ses pilotes et des règles de sécurité, a indiqué Chaisak Angkasuwan, directeur général de l'Aviation civile. Cette suspension pourrait être prolongée et même devenir définitive si les défauts relevés par la DCA ne sont pas corrigés. Avertie depuis une semaine, la direction de One-Two-Go avait annoncé samedi qu'elle cessait ses activités pendant 56 jours pour "raison budgétaire", invoquant la hausse du prix du pétrole et la concurrence croissante.

Falsification de documents et dépassement des heures de vol

Par ailleurs, des poursuites judiciaires devraient être engagées d'ici deux semaines, toujours selon la DCA, à l'encontre de One-Two-Go, de ses pilotes et de ses inspecteurs de sûreté.

La DCA affirme avoir constaté des pratiques douteuses au niveau de la documentation concernant la qualification des pilotes et le dépassement des limitations de temps de vol. De telles irrégularités avaient été invoquées il y a plusieurs mois déjà par les familles de victimes et mises en évidence dans un reportage de la presse australienne diffusé en mars (voir notre encadré). Cela dit, les familles regrettent que la maison mère, Orient Thai, ne fasse pas l'objet du même traitement que One-Two-Go. Orient Thai fait elle aussi l'objet d'une période de probation de 30 jours au terme desquels sa licence pourrait être suspendue. Mais l'avis de suspension de la licence de vol ne concernant que les appareils Mac Donnell Douglas de la série MD-80, les Boeing d'Orient Thai continuent de voler. "Il n'y a pas de différences au niveau opérationnel ni managérial entre Orient Thai et One-Two-Go", soulignait hier Bonnie Rind dont le frère est décédé dans le crash du vol 269. "Le crash [de Phuket] a selon moi été causé par une négligence destructrice et volontaire vis-à-vis de la sécurité des passagers et de la loi de la part d'Orient Thai/One-Two-Go, estime l'Américaine qui anime une campagne d'information sur le crash via le site Internet www.investigateudom.com. Ajouté à cela, un ensemble de dysfonctionnements au sein de la DCA ont amené à une erreur prévisible de pilotage", conclut Bonnie Rind.

La DCA soupçonné de trainer des pieds

Les familles de victimes reprochent aussi à la DCA de ne pas avoir joué activement son rôle d'organisme de contrôle et de prévention des risques, cela malgré plusieurs courriers de témoignages et plaintes vis-à-vis des pratiques de One-Two-Go. Elles dénoncent aussi la lenteur et un manque de transparence sur le déroulement de l'enquête. C'est d'ailleurs en bonne partie dans le but de briser le mutisme des autorités thaïlandaises et d'obtenir l'ouverture d'une enquête judiciaire en Thaïlande, que plusieurs familles ont procédé récemment à des dépôts de plainte dans leurs pays respectifs comme ce fut le cas en France, en Angleterre et aux Etats-Unis.
Sous la pression croissante, et à quelques semaines de la haute saison touristique, les autorités thaïlandaises ont donc semble-t-il décidé d'accélérer les choses en prenant ces sanctions contre One-Two-Go. La DCA a même annoncé qu'elle rendrait les conclusions finales de l'enquête administrative à la fin du mois d'août. Reste à voir s'il ne s'agit pas d'un nouvel effet d'annonce. Au lendemain du drame du 16 septembre, l'institution avait affirmé pouvoir révéler les causes de l'accident dans les dix jours?

Pierre QUEFFELEC et Aurélien BARBIN. (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 24 juillet 2008

Le documentaire de la télévision australienne sur One-Two-Go 
L'avis de suspension (en thaï) par la DCA des compagnies One-Two-Go et Orient Thai mise à jour le 23 juillet 2008
http://www.aviation.go.th/doc/news12go.pdf 

Des pilotes incompétents et exténués

Les familles de victimes estiment que cet accident aurait largement pu être évité. Elles invoquent comme cause principale l'incompétence des pilotes et leur état de fatigue. Selon les témoignages récoltés par la télévision australienne, One-Two-Go avait pour habitude de surcharger ses pilotes en heures de vol au-delà des limites autorisées. Certains faisaient même des heure sup' sur des avions d'Orient Thai. Par ailleurs, des témoignages d'anciens pilotes de One-Two-Go font état de la fâcheuse tendance du pilote indonésien du vol OG 269, Arief Mulyadi, à paniquer dans des conditions difficiles? Des témoignages inquiétants qui font écho au contenu, encore non officiel, des boîtes noires divulgué par Bonnie Rind sur son site Internet : durant les derniers instants avant le drame, seul le jeune copilote thaïlandais communique, laissant l'impression d'une grande confusion à bord. Et ses derniers mots seront adressés au pilote, disant : "vous avez le contrôle". Il n'y aura pas de réponse. (LPJ ? 24/07/2008)

Identifier et punir les vrais coupables pour éviter un nouveau drame

Bonnie Rind comme Gérard Bembaron, le président du collectif de familles françaises de victimes, espèrent bien voir les "vrais coupables"prendre la responsabilité de ce drame qui causé la mort de 89 personnes à Phuket le 16 septembre dernier, afin que cela ne se reproduise plus. Le principal sur la liste est bien entendu le Président de One-Two-Go et d'Orient Thai, Udom Tantiprasongchai. "La compagnie aérienne fonctionne dans des conditions aberrantes", nous disait le mois dernier Gérard Bembaron, ajoutant que "les erreurs de pilotage ne suffisent pas, (?) il y a plusieurs élément qui ont provoqué le crash". En plus des nombreux griefs portés à l'encontre du président de One-Two-Go et d'Orient Thai, les familles de victimes invoquent en effet un certain nombre de négligences au niveau de l'aéroport de Phuket qui auraient notamment mené, selon elles, à des dysfonctionnements lors du déploiement des secours. Il s'agirait entre autres de la distance par rapport à la piste du talus sur lequel s'est éventré l'avion ou encore de la capacité d'intervention des pompiers de l'aéroport. Selon des témoignages rapportés par la presse et par les familles, les unités de secours sur place auraient été prises de court faute d'information et de préparation logistique. (LPJ - 24/07/2008)

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