Un militant thaïlandais pro-démocratie a été battu vendredi près de chez lui à Bangkok par des assaillants non identifiés. Il a dû être hospitalisé.
La Thaïlande sort de cinq années d’un régime militaire qui a réprimé la dissidence aussitôt après le coup d'État de 2014. Des élections très controversées ont eu lieu en mars, rétablissant Prayut Chan-O-Cha, chef de la junte, au poste de Premier ministre, mais trois mois après le scrutin, aucun gouvernement n'a encore été formé.
Il s’agit de la troisième agression perpétrée cette année en public contre des militants pro-démocratie, la onzième depuis 2018 selon le journal Prachathai, et la police n'a encore arrêté aucun des auteurs.
Sirawith Seritiwat, 27 ans, est un ardent militant étudiant connu pour organiser des manifestations anti-junte, mais il est devenu plus modéré depuis l'annonce des élections de mars.
Sa mère a déclaré à l'AFP qu'il avait été attaqué vendredi matin à l'extérieur de chez lui. Des témoins ont affirmé que quatre hommes à moto lui ont tendu une embuscade et ont commencé à le frapper avec des bâtons, ce que corrobore une vidéo de surveillance publiée par Khaosod English.
"Ils lui ont cassé le nez et l’arcade sourcilière, provoquant la formation d'un caillot dans l’un de ses yeux", a déclaré Patnaree Chankij, ajoutant que son fils était "inconscient" et que les médecins s'inquiétaient pour sa vue.
Il s’agit de la deuxième attaque contre lui cette année. Le 2 juin, cinq hommes non identifiés l’avaient frappé avec des bâtons, l’envoyant brièvement à l’hôpital avec plusieurs blessures à la tête.
Sirawith a porté plainte mais l'enquête de la police n'a débouché sur aucune arrestation. Sa mère pense qu’il s’agit du "même groupe" d'assaillants.
"Il n'avait pas d'ennemis, seulement des ennemis politiques. Il fait campagne contre la junte depuis ces cinq dernières années", a déclaré Patnaree à l'AFP.
Anurak Jeantawanich et Ekachai Hongkangwan, deux autres éminents militants, ont également été pris pour cible en public cette année.
Ekachai, fréquent détracteur du gouvernement dirigé par la junte, a été attaqué à neuf reprises depuis 2018 et sa voiture a été incendiée dans de deux incidents séparés cette année.
Anon Chawalawan, de iLaw, un observatoire juridique, a déclaré que la police n'avait arrêté aucun suspect pour les attaques perpétrées cette année contre les trois activistes.
Human Rights Watch a appelé à plusieurs reprises les autorités à enquêter sur les incidents et s'est inquiété d’une possible implication du gouvernement.
Sunai Phasuk, de HRW, a déclaré que les trois militants étaient "considérés comme des ennemis de la junte" en raison de leur opposition pacifique.
"Le climat de peur (pour les militants) est très réel et la menace, y compris les menaces physiques, est devenue imminente."