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Mort suspecte à Chiang Mai d’un témoin surprise de l’affaire Red Bull

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REUTERS / Jorge Silva
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 3 août 2020, mis à jour le 23 août 2020

Le Premier ministre thaïlandais a ordonné une 2e autopsie après la mort d'un témoin clé dans l'affaire pénale impliquant l’héritier de la boisson énergisante Red Bull, alors que l’ire populaire monte.

Jaruchart Mardthong, 40 ans, est décédé jeudi dans ce qui, selon la police, s'apparente à un accident de moto. Mais sa disparition soudaine, alors que l’affaire dans laquelle il apparait comme un témoin surprise déterminant, suscite le doute après l’abandon récemment des poursuites contre le principal suspect, Vorayuth "Boss" Yoovidhya, petit fils du créateur de la boisson Red Bull, et dont le père, Chalerm, détiendrait la 2e fortune de Thaïlande estimée par Forbes à 20 milliards de dollars.

Les résultats de la première autopsie n'ont pas encore été rendus publics. Selon les médias locaux la famille de Jaruchart Mardthong avait prévu d'incinérer le corps dimanche.

Il était un témoin clé dans l'enquête policière sur Vorayuth Yoovidhya, accusé d'avoir tué un policier en 2012, selon la porte-parole adjointe du gouvernement Traisulee Traisoranakul.

Un témoin décisif particulièrement tardif, puisque sa déposition est intervenue le 4 décembre 2019, sept ans après les faits, contredisant la version des experts selon laquelle le jeune Vorayuth conduisait à vive allure (177 km/h). Comme le rappelle le journal Khaosod English, Jaruchart Mardthong aurait déclaré à la police que Vorayuth roulait à 50 à 60 km/h et qu'il pouvait l’attester car il conduisait derrière Vorayuth le 3 septembre 2012.

La police a déclaré le 23 juillet que toutes les charges retenues contre Vorayuth avaient été abandonnées, scandalisant une bonne partie des Thaïlandais échaudés par l'impunité parfois grossière dont bénéficient les riches et les personnes bien connectées.

Selon le journal Chiang Mai City Life, la fille de Jaruchart Mardthong, âgée de 15 ans, aurait déclaré aux journalistes qu'elle n'avait pas vu son père depuis plusieurs mois jusqu'à ce qu'il se présente récemment pour son anniversaire après avoir passé trois à quatre ans à travailler à Taiwan. Selon elle son père n'aurait jamais rien mentionné à propos du fait d'être témoin de l'affaire Red Bull.

"Que justice soit rendue"

Le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha entend garantir la justice et apaiser les soupçons du public sur cette affaire, a déclaré dimanche Traisulee Traisoranakul dans un communiqué.

"Le Premier ministre réaffirme que le gouvernement va faire en sorte que justice soit rendue dans cette affaire. Tous les contrevenants seront punis. Cette affaire ne restera pas non résolue dans l'esprit du public", a-t-elle précisé.

La police a déclaré que Jaruchart Mardthong était décédé à l'hôpital après avoir percuté une autre moto dont le conducteur a également été blessé mais a quitté l'hôpital.

Prayuth Chan-O-Cha avait auparavant demandé qu'un comité soit formé pour examiner les motifs ayant conduit à l'abandon de l'affaire, tout en assurant qu'il n'interférerait pas dans le travail du procureur général, de la police et du tribunal. Le comité dispose de 30 jours pour achever sa tâche.

Vorayuth Yoovidhya avait ignoré huit citations à comparaître avant qu’un mandat d’arrêt soit émis contre lui en 2017, cinq ans après les faits, déclenchant par ailleurs l’émission d’une notice rouge par Interpol. Il était accusé d'avoir percuté avec sa Ferrari un policier circulant à moto, Wichien Klanprasert, et d'avoir traîné son corps sur plusieurs dizaines de mètres avant de continuer sa route jusque chez lui. Il avait 27 ans à l'époque.

Aussitôt après que les autorités ont émis le mandat d'arrêt, il a quitté le pays. On ne sait pas où il se trouve actuellement.

La police a déclaré que l'affaire contre Vorayuth était officiellement classée et ne pouvait être relancée que si les proches de la victime déposaient le dossier directement devant un tribunal, ou s'il y avait de nouveaux témoins ou preuves. L’abandon de l’affaire Yoovidhya a enflammé la toile ces derniers jours, médias et internautes dénonçant une justice clémente avec les puissants et impitoyable avec les petites gens, et beaucoup rappelant la sentence de 15 ans de prison infligée en 2013 pour exploitation forestière illégale à un paisible couple de cueilleurs de champignons - sentence finalement réduite à cinq ans par la Cour Suprême en 2017. 

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