Le soir du 31 octobre, les rivières et points d’eau de Thaïlande scintilleront de petites embarcations lumineuses et fleuries pour Loy Krahong, une fête célébrée de diverses manières d’une province à l’autre
Tous les ans au soir de la 12e pleine lune, les Thaïlandais célèbrent l’un des plus importants rites du pays, Loy Krathong, la fête des lumières. Cette année, l'événement tombe le 31 octobre.
“Loy” signifie littéralement "flotter" (dans l’air ou sur l’eau) et "Krathong" renvoie à la forme des réceptacles décorés dédiés à cette tradition. Le krathong est, dans sa forme traditionnelle la plus commune, une petite embarcation fleurie en forme de lotus réalisée avec des feuilles et une tranche de bananiers sur laquelle on plante une bougie et trois bâtons d’encens -mais le krathong peut prendre des formes très diverses. Selon les convictions qui les animent les uns y ajouteront des offrandes (pièce de monnaie, nourriture) d'autres des éléments corporels (bout d’ongles ou cheveux).
Car célébrer Loy Krathong consiste pour les Thaïlandais à rendre hommage à la divinité protectrice des eaux ainsi qu’au Bouddha mais c'est aussi l’occasion de se débarrasser du mauvais sort et autres malheurs du quotidien.
Loy Krathong est un moment considéré comme le plus romantique de l’année. Les jeunes couples déposent ensemble un Krathong pour deux faisant ainsi vœu d’amour éternel –moins romantique, il n’est pas rare de voir des jeunes, filles comme garçons, célébrer plusieurs fois Loy Krathong dans une même soirée avec des partenaires différents. Si le Krathong reste illuminé après la mise à l’eau, les tourtereaux peuvent être sûrs que leur souhait sera réalisé.
Loy Krathong est aussi pour les Thaïlandais un moment de purification et de recueillement religieux.
Fête ancienne
L’origine exacte de cette tradition, qui est l’une des plus anciennes de Thaïlande, reste controversée par les historiens. Toujours est-il que l’on retrouve des rites similaires lors de la fête hindoue de Divali en Inde, en l'honneur du fleuve sacré du Gange personnifié par la déesse Ganga. Et la divinité des eaux à laquelle les Thaïlandais rendent hommage se nomme Phra Mae... Khongkha.
Mais pour expliquer la forme festive de Loy Krathong, une légende siamoise raconte que le roi Ramkhamaeng de la dynastie Phra-Ruang (période Sukhothaï, 1220-1350) décida d’organiser un concours de lanternes flottantes. Nang Noppamas, une jeune fille de dix-sept ans, eut l’idée d’assembler un tronc et des feuilles de bananier pour former une fleur de lotus sur laquelle elle fixa une bougie. Sa création fut jugée exquise et elle remporta le concours à l’unanimité. Le roi, charmé par la grâce et la modestie de la jeune fille, en fit sa favorite et déclara que chaque année serait organisée Loy Krathong, la fête des lumières. Chaque habitant du royaume devrait déposer dans l’eau un Krathong, nom choisi pour désigner la ravissante invention de sa nouvelle épouse.
La façon de célébrer Loy Krathong peut varier d'un endroit à l'autre. Dans la province de Tak, par exemple, on utilise des noix coco que l'on attache les unes aux autres pour former une longue guirlande flottante, tandis que dans le Nord, Loy Krathong coïncide avec une fête similaire connue sous le nom de Yi Peng célébrée avec des lanternes flottantes.
Loy Krathong est bien entendu omniprésent à Bangkok. Sur le fleuve Chao Phraya, le marché de nuit Asiatique offre généralement un large espace sur le fleuve avec de nombreux commerces et restaurants à proximité. De nombreux autres endroits sur le fleuve seront pris d’assaut par les Bangkokois, comme le Temple Wat Arun ou encore le Parc Santichaiprakan dans le quartier de Khao San, mais aussi les points d’eau à l’intérieur des parcs et autres lieux publics, et même parfois dans la piscine privée du voisin…