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Les Thaïlandaises, entre parité professionnelle et tabous intimes

Femme-ThailandaiseFemme-Thailandaise
Jean-Louis Duzert
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 6 mars 2009, mis à jour le 20 février 2019

Les conditions de travail des Thaïlandaises feraient rêver bien des Françaises : salaires égaux à ceux des hommes, autant sinon plus de responsabilités? La parité n'est pas un vain mot dans les entreprises du Royaume ! Mais la médaille a son revers : une vie privée faite de contraintes et de tabous

Près d'un manager d'entreprise sur deux est une femme en Thaïlande. Et les femmes ont les mêmes salaires que les hommes. Cette situation bien éloignée de celle de pays comme la France plonge ses racines dans l'économie du riz. "La riziculture demande beaucoup de main d'?uvre. Tout le monde, hommes et femmes, doit s'y mettre et travailler à égalité", souligne Isabelle Michelet, consultante en ressources humaines, et auteur d'articles sur la Thaïlande pour le site www.Femmexpat.com.

Résultat : plus de 50% de la population active est féminine. "Il n'y a pas de différence entre les sexes à ce niveau-là", confirme Sirirath Adsakul, qui enseigne la sociologie à l'université de Chulalongkorn à Bangkok. Les diplômées de l'enseignement supérieur sont également en majorité des femmes. Considérées comme plus sérieuses et plus fiables que leurs collègues masculins, elles sont même davantage recherchées par les employeurs, pour qui la question du congé maternité n'est pas un problème, dans la mesure où la famille s'organise la plupart du temps pour prendre soin de l'enfant.

Mais cette situation très positive dans le monde du travail a son revers dans le domaine de la vie privée. "Il est très clair que la responsabilité des enfants revient totalement à la femme", rappelle Isabelle Michelet. Une contrainte sociale qui explique toutefois pourquoi les mères célibataires sont bien acceptées, étant donné qu'il n'est pas rare que l'homme déserte le foyer conjugual.

Parler de sexualité reste tabou

Alors que les jeunes Thaïlandaises sont rapidement éduquées à avoir des responsabilités dans la conduite de la famille et la gestion de l'argent, la question de la vie sentimentale et sexuelle reste en revanche complètement taboue. "Il est très difficile de parler de contraception, par exemple. Dans les milieux aisés, une femme respectable doit rester vierge jusqu'au mariage", explique Isabelle Michelet. Ce qui n'empêche pas par ailleurs une assez grande tolérance envers les prostituées issues de milieux plus pauvres. Là, l'idée de soutien à la famille prime. Si ces femmes sont méprisées, c'est davantage en raison de leur position "basse"dans la hiérarchie sociale.

Mais le tabou qui entoure la sexualité peut aussi pousser les femmes à passer sous silence les cas de violence conjuguale. "Il semble toutefois que le nombre de celles qui attaquent leur mari en justice soit en augmentation ces derniers temps. Et sur le plan légal, les femmes sont traitées de manière bien plus équitable qu'auparavant", note Sirirath Adsakul.

Les femmes peuvent être propriétaires au même titre que les hommes. La possibilité de divorcer à l'amiable a été introduite. "Les Thaïlandaises sont moins revendicatives que les Françaises en ce qui concerne leurs droits, remarque Isabelle Michelet. Mais contrairement à ce qui se passe chez nous, c'est davantage sur le terrain de la vie privée que se situent leurs demandes". Lire aussi l'article d'Isabelle Michelet Etre femme en Thaïlande

Emmanuelle MICHEL vendredi 6 mars 2009

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