Des centaines de personnes acclamaient et agitaient des fanions arborant le visage du chef de la junte thaïlandaise lors d'un rassemblement électoral organisé dimanche dans l’un des fiefs du puissant clan Shinawatra.
Le Phalang Pracharat, parti aligné avec l'armée et qui prône le maintien au pouvoir du général Prayuth Chan-O-Cha en tant que Premier ministre civil après le scrutin du 24 mars - faisait campagne ce week-end dans la région de l’Issan -le nord-est de la Thaïlande- pour tenter de convaincre des électeurs qui cultivent une profonde antipathie envers les militaires.
A Nakhon Ratchasima, Sonthirat Sonjirawong, secrétaire général du parti, a déclaré qu'un vote en faveur de Prayuth aiderait à mettre fin à l'impasse politique dans laquelle se trouve coincée la Thaïlande depuis une décennie.
"Aujourd'hui, les gens de Korat devront décider s’ils veulent voir le général Prayuth Chan-O-Cha maintenir le pays dans la paix et le faire avancer", a-t-il lancé à la foule, utilisant le surnom local –Korat- de la ville.
Des centaines de partisans scandaient "Oncle Tu!" - un surnom de Prayuth, qui est un natif de la province – et se pressaient pour faire un selfie avec leurs candidats locaux.
Mais des milliers de chaises en plastique sont restées vides et la foule s'est rapidement dispersée après le départ des leaders.
Avec le deuxième plus grand nombre de circonscriptions après Bangkok, Korat détient la clé de la victoire. "C’est pourquoi nous devons donc gagner ici", a déclaré le porte-parole du parti, Kobsak Pootrakool.
En soutien à cette stratégie, un certain nombre de politiciens débauchés du parti Puea Thai, le parti le plus populaire de Thaïlande qui avait remporté la majeure partie des votes de l'Isan lors des scrutins précédents. "Cela aidera beaucoup ... Vous devez avoir la personne qui connaît la population locale", a déclaré Kobsak à l'AFP.
Le Puea Thai est aligné avec l'ancien Premier ministre milliardaire Thaksin Shinawatra, qui a été évincé par l'armée en 2006 et vit en auto-exil depuis 2008.
Les élections du 24 mars - les premières depuis huit ans - sont un test pour Prayuth, qui a mené un coup d'État en 2014 et chassé la Première ministre Yingluck Shinawatra, la sœur cadette de Thaksin. Près de cinq ans de régime militaire ont alimenté du ressentiment en Thaïlande, et son parti a dû se démener pour construire une image plus sympathique de ce général naturellement bourru à l’approche de l’échéance électorale.
L’issue de cette élection sera régie par une nouvelle Constitution rédigée par les militaires.
Jeudi dernier, le parti Thai Raksa Chart, un important parti d'opposition de Thaïlande, qui avait osé intégrer sur ses listes la soeur du roi, a été dissout par la Cour constitutionnelle à deux semaines des législatives faisant monter la tension d'un cran.
Les résultats sont difficiles à prédire, car les partis dominants devront probablement conclure des alliances avec des partis plus petits pour former une majorité.