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Le blanchiment du pénis à la thaïlandaise inquiète les spécialistes

Blanchiment de penisBlanchiment de penis
Photo : AFP PHOTO / LELUX HOSPITAL - Un patient se fait blanchir le sexe au laser au Lelux Hospital
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 6 février 2018, mis à jour le 6 février 2018

Une clinique de Thaïlande a créé le buzz en lançant le blanchiment du pénis, mais ce service suscite la méfiance de chirurgiens esthétiques réunis en congrès à Paris.

Des chirurgiens esthétiques ont tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière à propos de la nouvelle tendance au blanchiment de pénis qui se développe en Thaïlande où la blancheur de peau est une obsession nationale.

Réunis à Paris lors du congrès Imcas (International Master Course on Aging Science), ils ont estimé que l’opération n’était qu’une "mode" qui présente des bénéfices incertains et de nombreux risques.

Les spécialistes préviennent en effet que, nécessitant l’utilisation de lasers, d’acide, ou de produits chimiques, cette toute dernière tendance en matière de traitement esthétique génital peut laisser des séquelles telles que des brûlures, cicatrices, peau tendue, ou encore l’exact opposé de ce que les clients étaient venus chercher : un pénis plus sombre ou taché.

"Je pense que cela ne devrait pas être réalisé sur des patients qui n’en ont pas absolument besoin," estime Massimiliano Brambilla un chirurgien italien basé à Milan, spécialiste des opérations de l’appareil génital.

"La plupart des substances utilisées pour blanchir… sont plutôt agressives. Le blanchiment fait partie de ces choses avec lesquelles je suis très prudent", ajoute-t-il.

Début janvier, une clinique thaïlandaise renommée pour son expertise dans le blanchiment, le Lelux Hospital, se vantait de recevoir déjà 3-4 clients hommes par jour, six mois seulement après avoir commencé à proposer d’intervenir sur le pénis (au prix de 520 euros pour cinq séances au laser).

Cette technique nouvelle a créé l’émoi dans le royaume. De nombreux internautes s’en sont alarmés sur les réseaux sociaux, et le ministère de la Santé lui-même a déconseillé de subir l’opération.

Selon des statistiques mondiales produites par la Société Internationale de Chirurgie Plastique Esthétique (ISAPS), la Thaïlande se place au 21e rang pour le nombre d’opérations cosmétiques réalisées en 2016.

Les chiffres révèlent également une très forte hausse au niveau mondial du nombre d’opérations d’embellissement génital, notamment les traitements esthétiques du sexe féminin.

La labiaplastie (réduction de la taille des grandes et/ou des petites lèvres vaginales) est de loin le type de chirurgie connaissant la plus forte hausse avec plus de 95.000 opérations réalisées en 2016, soit 45% de plus qu’en 2015, toujours selon l’ISAPS.

"Pornographisation"

Le blanchiment de pénis est une pratique embryonnaire, et aucune statistique n’est disponible. Mais les spécialistes affirment que la demande est croissante.

"Je pense que cela vient de la pornographisation de la société," estime Fabien Boucher, chirurgien esthétique français basé à Lyon, lui aussi spécialiste des opérations des parties intimes.

"Ce que voient les gens est… une esthétique génitale qui, selon mon point de vue, n’est pas réaliste," explique-t-il, en faisant référence aux organes sexuels rasés et autrement traités pour ressembler à ceux des très jeunes gens : imberbes, lisses et roses.

Il est tout à fait naturel que les parties intimes soient plus foncées que le reste de la peau, précise le chirurgien français.

"Je pratique des chirurgies de changement de sexe, reconstituant des verges pour des femmes voulant devenir hommes, et ces patientes veulent exactement l’opposé" du blanchiment de pénis, nombre d’entre elles demandant même des tatouages colorés, renchérit-il.

Et d’ajouter : "Ce qui est d’ailleurs considéré comme l’un des principaux défauts dans la reconstruction de pénis est que l’on aboutit à des verges blanchâtres dont l’apparence n’est pas naturelle".

Une autre raison qui explique l’engouement en Thailande est culturelle.

La région Asie-Pacifique est l’un des principaux marchés pour les produits blanchisseurs de la peau.

Fabien Boucher insiste sur le fait qu’il y a eu trop peu de recherches effectuées sur l’utilisation de lasers et produits chimiques pour le blanchiment de pénis, et qu’aucune technique ou produit n’a été développé spécifiquement pour cette zone particulièrement sensible du corps.

"La peau de la verge est extrêmement spécifique, elle est fine et a certaines spécificités hormonales… et nous ne savons pas encore exactement comment elle peut réagir", insiste-t-il.

Satisfaction non garantie

Le ministère thaïlandais de la Santé a également émis des craintes vis-à-vis de ce type d’opérations, soulignant qu’un tel traitement peut causer des irritations ou des infections, et même présenter un risque pour le plaisir sexuel et pour les fonctions reproductrices.

"Honnêtement, je ne pense pas qu’il est raisonnable de réaliser ce genre de traitement" avant qu’il ne soit scientifiquement prouve que c’est sans danger.

Massimiliano Brambilla affirme avoir refusé trois demandes de blanchiment durant ses 15 ans de carrière.

"Si la couleur est uniforme, je n’en vois vraiment pas la nécessité," explique-t-il. "Mais même s’il y a une raison pour l’intervention, telle qu’un accident, avec les instruments dont nous disposons aujourd’hui pour le faire, ils ne peuvent garantir : premièrement, la satisfaction ; deuxièmement un résultat réaliste ; troisièmement la sûreté de ce qu’ils font," dit-il.

Pour sa part, la chirurgie d’allongement du pénis est en perte de vitesse dans le monde (-28% en 2016), d’après les chiffres de l’ISAP. Une baisse qui pourrait être imputée à l’émergence de techniques nouvelles moins invasives. 
 

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 6 février 2018, mis à jour le 6 février 2018

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