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L'avenir d'un gouvernement à nouveau entre les mains de la justice

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LPJ Bangkok.com

La Cour Constitutionnelle doit tenir aujourd'hui l'une des dernières audiences concernant une affaire de corruption au sein du Parti Démocrate, durant laquelle sera appelé comme témoin le Premier ministre Abhisit Vejjajiva. Analystes politiques et intellectuels s'interrogent désormais sur la possibilité ou non d'une dissolution du plus ancien parti du royaume, et des répercussions que cela pourrait avoir sur le paysage politique thaïlandais

Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva doit apparaître aujourd'hui devant la Cour de justice, alors que son parti tente de repousser une éventuelle dissolution qui menace de secouer un peu plus le paysage politique déjà fracturé du royaume. Abhisit Vejjajiva, ainsi que d'autres responsables politiques, risque 5 ans d'inéligibilité et le Parti Démocrate pourrait être dissous s'il est reconnu coupable de corruption par la Cour Constitutionnelle.
Le Premier ministre est appelé comme témoin de la défense dans ce qui pourrait être la dernière audience avant le verdict des juges, qui concerne des accusations pour mauvaise utilisation d'une subvention de l'État estimée à 29 millions de bahts (900.000 dollars), en 2005. "Nous sommes satisfaits des preuves que nous avons présentées à la Cour, et sommes convaincus que notre parti n'a rien fait de mal", a déclaré l'avocat des Démocrates, Virat Kalayasiri. Le parti est accusé d'avoir payé 23 millions de bahts à des agences publicitaires, alors qu'il n'avait l'autorisation de ne dépenser que 19 millions de bahts pour des campagnes d'affichage.

Un paysage politique façonné par les décisions de justice

La Commission électorale avait appelé en avril à la dissolution du Parti Démocrate sur ces allégations, ainsi que dans plusieurs affaires séparées, dont une concernant un don politique non-déclaré. Les décisions de justice ont dans le passé joué un rôle central dans l'élaboration du paysage politique thaïlandais. Les Démocrates, membres du plus vieux parti de Thaïlande, sont arrivés au pouvoir il y a deux ans à la faveur d'une série de décisions de justice controversées, qui ont notamment mis au ban les alliés de l'Ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d'État en 2006. Deux Premiers ministres avaient alors été démis de leurs fonctions par le pouvoir judiciaire en 2008 ? dont l'un, Samak Sundaravej, pour avoir reçu de l'argent après avoir participé à des émissions culinaires. Les incertitudes sur l'avenir du gouvernement arrivent à un moment difficile pour le royaume qui est toujours profondément divisé. L'intervention de la Commission électorale en avril avait coïncidé avec les affrontements entre les militaires et les manifestants anti-gouvernementaux Chemises rouges, dans des violences qui ont fait 91 morts et près de 1.900 blessés en l'espace de deux mois.

Une dissolution peu probable pour certains...

Mais les analystes se demandent si les forces censées soutenir la coalition d'Abhisit ? parmi lesquelles les militaires et le mouvement des Chemises jaunes, représentant l'élite de Bangkok et l'entourage du palais royal ? permettront ou non le renversement des Démocrates. L'auteur et ancien diplomate thaïlandais Pavin Chachavalpongpun déclare ne pas croire à une dissolution du Parti Démocrate. "Quel est l'intérêt d'organiser, dans un premier temps, un coup d'Etat militaire quand ils savent que le parti duquel ils dépendent doit être dissous?", s'interroge-t-il. Toutefois, il explique que l'une des raisons pouvant mener à un tel scénario serait d'effectuer un geste vis-à-vis des Chemises rouges pour contrer leurs accusations d'une justice à deux vitesses. "Mais même dans ce cas, ils auront un plan B", ajoute-t-il, évoquant les rumeurs selon lesquelles un nouveau parti pourrait rapidement renaître des cendres de l'ancien. "Ils continueront de poursuivre leur mission visant à maintenir le statut quo, mais c'est un jeu beaucoup plus compliqué. Dans tous les cas, je ne crois toujours pas que le Parti Démocrate sera dissous".

...mais pouvant se transformer en geste réconciliateur pour d'autres

Mais pour Michael Montesano, de l'Institut de recherche sur l'Asie du Sud-Est à Singapour, "il est possible qu'une dissolution du Parti Démocrate soit annoncée, et ce pour plusieurs raisons". Selon lui, il se pourrait que les Jaunes "aient décidé que les Démocrates et Abhisit ont fait leur temps", ou que les juges prennent leur décision en se conformant à la loi. Une autre raison pourrait être une concession envers les efforts de réconciliation. Mais Montesano affirme qu'un nouveau parti - "Démocrate dans tout sauf le nom" - pourrait essayer d'augmenter ses chances électorales avant le scrutin de 2011. Néanmoins, les personnes impliquées n'ont toujours pas réussi à atteindre les classes rurales pauvres et ouvrières. "Tout montre que les Démocrates et leurs alliés ne savent pas quoi faire pour remodeler le paysage politique et s'assurer la victoire aux prochaines élections".  

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