La Thaïlande pourrait assouplir à partir du mois prochain ses procédures d’admission des étrangers dans le pays pour permettre à un plus grand nombre de touristes médicaux de venir se faire soigner, a déclaré jeudi un haut responsable de la santé. Une annonce qui arrive après demandes répétées de plusieurs hôpitaux désireux de pouvoir accueillir leurs patients étrangers.
La Thaïlande est un hub du tourisme médical, attirant des patients d'Asie, du Moyen-Orient et d'ailleurs. En 2019, le royaume a accueilli 632.000 patients étrangers qui ont dépensé 122 milliards de bahts (3,3 milliards d’euros), selon les données du gouvernement.
Mais les restrictions sanitaires strictes contre le nouveau coronavirus empêchent la plupart des patients étrangers, et même les étrangers en général, d’accéder au royaume depuis avril.
Bien qu'il n'y ait pas d'interdiction formelle pour les touristes médicaux - à l'exception des personnes cherchant un traitement pour le COVID-19 et des affections qui mobiliseraient des ressources pour gérer l'épidémie – ceux-ci ont besoin d'une approbation pour voyager, un sésame qui peut s’avérer lent et difficile à obtenir.
Seuls 172 patients étrangers ont été autorisés à entrer sur le territoire depuis un premier assouplissement des critères d’admission en juillet, a déclaré à Reuters un haut responsable de la santé, Tares Krassanairawiwong, ajoutant que 740 personnes avaient fait des demandes officielles d'entrée.
Mais sous peu, davantage d'établissements de santé devraient être autorisés à accepter à nouveau des étrangers, et davantage sont attendus.
"Dans la phase deux, 100 hôpitaux et cliniques supplémentaires recevront l’agrément pour recevoir des patients, qui s’ajouteront aux 120 actuellement autorisés", a déclaré Tares Krassanairawiwong.
Mais des opérateurs hospitaliers déplorent la lenteur du processus et disent avoir des centaines de patients à l'étranger qui ont besoin de leur traitement, certains de toute urgence.
"Quatre de nos patients sont décédés parce qu’ils n’ont pas pu entrer", a déclaré à Reuters le président du Thonburi Healthcare Group, Boon Vasin.
"C’est un problème humanitaire car certains pays n’ont pas la capacité de recourir à des procédures avancées", a-t-il affirmé, citant des patients nécessitant un traitement pour maladie cardiaque, diabète ou encore cancer.
Boon Vasin a déclaré que les procédures d’approbation manquaient de cohérence et il a exhorté les autorités à clarifier et à assouplir le processus.
La Thaïlande a signalé 3.404 infections à coronavirus confirmées et 58 décès depuis janvier et n’a pas enregistré de cas de transmission locale depuis plus de trois mois.
Tares Krassanairawiwong, qui dirige le département d’appui aux services de santé, a déclaré que les procédures devaient garantir la sécurité, mais il s'attendait à ce que le processus d'approbation soit plus rapide.
Il dit s'attendre également à ce que les gens soient autorisés à traverser les frontières terrestres de Birmanie et du Cambodge, sources importantes de patients étrangers.
Jeudi, le Premier ministre Prayut Chan-o-cha a souligné la nécessité pour la Thaïlande de commencer à accueillir un nombre limité de touristes étrangers "car le pays a besoin d'oxygène pour respirer pour survivre", rapporte la chaine locale ThaiPBS. Il a affirmé que les autorités concernées mettaient au point des mesures appropriées pour gérer les arrivées de touristes dans certaines provinces tout en assurant la sécurité.
La Thaïlande a annoncé la semaine dernière qu'elle autoriserait les touristes étrangers à se rendre sur l‘île de Phuket pour des longs séjours encadrés par un certain nombre de règles sanitaires comme la quatorzaine obligatoire, à partir d'octobre, avec la possibilité d'étendre la mesure à d'autres provinces. Cette initiative vient remplacer le projet de "bulles de voyage" envisagé précédemment entre certains pays d’Asie qui semblait avoir maitrisé l’épidémie.
La fréquentation et les recettes touristiques étrangères en Thaïlande enregistrent sur les sept premiers mois de 2020 une baisse d'environ 70% par rapport à la même période l’an dernier, selon les chiffres officiels.