Les autorités thaïlandaises ont renforcé la sécurité le long de la frontière avec la Birmanie et effectué des tests COVID-19 dans les villes voisines, vendredi, alors que la Birmanie semble observer un regain d'infections.
Les deux pays ont jusqu'à présent été relativement épargnés par le nouveau coronavirus mais, dans le contexte de prudence extrême appliquée par certains pays, le quadruplement du nombre de cas en Birmanie -amenant son bilan à 2.265 infections signalées depuis le début de l’épidémie- a mis la Thaïlande en alerte.
Des images diffusées par la télévision thaïlandaise montrait des habitants des villes frontalières et des dizaines de travailleurs migrants de Birmanie faisant la queue sous des tentes pour se faire tester par des unités mobiles.
Des militaires ont disposé du fil barbelé à travers la forêt le long de la frontière, connue pour sa porosité, afin de dissuader l'entrée illégale en Thaïlande, où travaillent quelques millions de Birmans.
Les autorités du royaume, qui ont continué d’accueillir pendant deux mois des milliers de touristes en provenance de l’épicentre de l’épidémie, après l’apparition du premier cas, ont tout d’un coup changé d’attitude fin mars, fermant le pays à tous les étrangers à l’exception de quelques catégories qui passent au compte-goutte après une procédure longue et coûteuse incluant une quatorzaine à leurs frais. Les Thaïlandais de retour de l’étranger doivent eux aussi passer par la quarantaine, même s’ils n’ont pas à se faire tester avant d’embarquer.
Faux positifs
La grande majorité des 3.461 cas signalés de la Thaïlande se sont rétablis depuis longtemps et le royaume a passé plus de trois mois sans signaler le moindre cas de transmission locale du virus. Récemment, plusieurs cas de tests positifs ont été signalés sur des personnes résidant ou ayant résidé en Thaïlande, avant de tomber aux oubliettes. Le chef de l’hôpital Ramathibodi de Bangkok, Surasak Leelaudomlipi, expliquant pour au moins l’un d’entre eux qu’il ne s’agissait que de "matériel génétique" inoffensif du virus ayant fait réagir le test, mais ne constituant pas de menace.
Le 3 septembre, un prisonnier récemment incarcéré a été testé positif dans une prison de Bangkok, amenant les autorités à tester plus d’un millier de personnes susceptibles d’avoir été en contact avec lui, sans trouver de cas positif.
Le directeur du Département des sciences médicales, le Dr Opas Karnkawinpong, a déclaré à la chaine locale ThaiPBS qu’il s’agissait d’une souche plus contagieuse mais moins virulente que celle observée au début de l’épidémie, ajoutant que cette souche était celle qui circulait actuellement dans le monde.
Les autorités sanitaires thaïlandaises ont confirmé vendredi une autre infection au coronavirus chez un footballeur professionnel ouzbek.
L'homme a été dépisté positif après un test obligatoire avant un match mardi. Pourtant, il avait passé la quatorzaine le 27 août et effectué avant trois tests négatifs, ont déclaré des responsables thaïlandais du ministère de la santé lors d'une conférence de presse. L'homme, 29 ans, était arrivé en Thaïlande le 13 août.
Les autorités sanitaires ont répertorié 43 personnes qui ont été en contact suffisamment rapproché avec le footballeur ouzbek, mais toutes avaient été testées négatif, a déclaré Sophon Iamsirithaworn, directeur du Bureau des maladies transmissibles générales, ajoutant que 27 autres personnes seraient testées.
Ces mystérieux cas de tests positifs sans maladie ces derniers jours semblent confirmer l'idée soutenue par plusieurs scientifiques selon laquelle les campagnes de test actuelles, à un stade où l'épidémie semblent avoir considérablement perdu de sa virulence, révèlent de nombreux "faux positifs" ou du moins des personnes asymptomatiques et non ou très peu contagieuses.
Ainsi, le professeur Jean-François Toussaint disait samedi à France Info : "Il y a énormément de cas et d'études, chez les sportifs comme au sein de la population générale, qui montrent que ces tests sont trop puissants. Ils décèlent des fragments de virus, des restes, et ne font pas la différence entre un positif à charge virale faible, et un autre à charge virale élevée. On se retrouve ainsi avec des gens qui sont complètement sains, mais se voient imposer des changements drastiques dans leur vie quotidienne alors qu’ils ne sont pas atteints ni même transmetteurs dans la plupart des cas." Jean-Francois Toussaint est professeur de physiologie et directeur de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (Irmes).