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La Croix-Rouge thaïlandaise, organisation active parfois craintive

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La Croix-Rouge a été très active l'an dernier pendant les inondations (photo Ghislain Poissonnier)
Écrit par Ghislain Poissonnier 
Publié le 21 mars 2012, mis à jour le 20 novembre 2018

Créée en 1893 grâce à la famille royale, la Croix-Rouge thaïlandaise est aujourd'hui l'organisation humanitaire la plus populaire du royaume. Avec plus de 400.000 volontaires, elle intervient sur des crises exceptionnelles comme celle des inondations, mais aussi au quotidien en fournissant une assistance médicale. Sa prudence à agir lors d'événements politiques reste en revanche mal comprise

Depuis sa création en 1893 à l'initiative de la famille royale, la Croix-Rouge thaïlandaise s'est imposée comme un acteur incontournable de la vie quotidienne des Thaïlandais. Il s'agit aujourd'hui de l'organisation humanitaire la plus connue et la plus populaire du royaume. "Aucune autre ne peut réellement rivaliser avec elle, surtout qu'elle bénéficie d'une réputation de compétence, doublée de l'aura qui entoure la famille royale, explique Trishit Biswas, délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en charge de la coopération avec la Croix-Rouge thaïlandaise. Les Thaïlandais lui font une totale confiance et pensent qu'elle est souvent l'organisation la mieux à même de venir en aide aux pauvres ou aux sinistrés". Comme elle bénéficie d'une image très positive dans le royaume, elle est en mesure de mobiliser des sommes importantes et un nombre impressionnant de volontaires. Son budget annuel atteint les 500 millions de dollars, dont deux-tiers proviennent de donations généreuses et régulières d'entreprises et de particuliers, le reste étant fourni par le gouvernement et des fonds royaux. Elle réalise ses activités grâce à 8.300 permanents et 25.000 volontaires formés. Ces derniers encadrent sur le terrain les 400.000 volontaires occasionnels qui se mobilisent régulièrement en cas de besoin, comme lors des inondations de 2011. L'ensemble est coordonné par le secrétaire général de l'organisation, Phan Wannamethee, diplomate de carrière qui a été secrétaire général de l'ASEAN dans les années 1980. Ce dernier bénéficie du soutien actif de la princesse Maha Chakri Sirindhorn, vice-présidente exécutive, la reine assurant la présidence de l'organisation.

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La foire annuelle de la Croix-Rouge thaïlandaise démarre vendredi prochain

Du 29 mars au 6 avril 2012, se tiendra comme chaque année, la foire annuelle de la Croix-Rouge thaïlandaise au Jardin Amporn (Suan Amporn) et au Royal Plaza (en face du bureau de la maison royale) sur Sri-Ayutthaya et Ratchadamnoen Nok Road, dans le quartier historique de Dusit à Bangkok. Cet évènement accueille des dizaines de milliers de visiteurs.

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Un vaste champ d'action soutenu par un réseau d'infrastructures

Au fil des années, le spectre des activités de la Croix-Rouge thaïlandaise au service de la population civile s'est élargi. Dans le domaine médical, tout d'abord, elle a étoffé sa contribution à l'amélioration de l'état de santé de la population. Elle gère deux hôpitaux d'excellence : celui de Chulalongkorn à Bangkok et celui de Savang Vadhana à Si Racha dans la province de Chonburi. Elle a mis en place des centres médicaux dans tout le royaume, sorte de cliniques qui peuvent fournir des soins et un suivi pour des pathologies qui ne sont pas trop lourdes. Elle met en ?uvre des programmes spécifiques de lutte contre le cancer du sein, le sida, la tuberculose et le glaucome. Elle possède des laboratoires et un centre de recherche sur les vaccins et les sérums antivenimeux sur le modèle de l'Institut Pasteur. Elle a créé une banque de sang, la plus importante du royaume, notamment grâce à l'expertise fournie par la Croix-Rouge française depuis 2004.

Une aide médicale au quotidien

Dans le domaine de l'assistance, ensuite, la Croix-Rouge thaïlandaise est devenue un acteur incontournable de l'aide apportée à la population. Il s'agit de fournir aux personnes vulnérables ou aux victimes, outre de soins médicaux de base, une assistance en eau et nourriture et en biens essentiels : couvertures, tentes, matériels de cuisine, produits d'hygiène.

"Cette aide se fait au quotidien pour soutenir les personnes les plus vulnérables : personnes âgées, familles pauvres, handicapés, enfants délaissés, malades indigents, communautés éloignées. Elle est distribuée aussi lors d'événements exceptionnels, qu'il s'agisse de catastrophes naturelles (inondations, incendies, glissements de terrains, tsunami etc.) ou d'événements provoqués par les activités humaines (combats avec la rébellion dans le sud ou avec l'armée cambodgienne dans la zone de Preah Vihear, manifestations violentes, flux migratoires etc.)", détaille Sunisa Nivesrungsan, responsable du département international de la Croix-Rouge thaïlandaise.

Dans le domaine de la formation, enfin, l'organisation a élargi son champ d'intervention. Elle mobilise et encadre près d'un million de jeunes de moins de 18 ans qui, dans les écoles, se portent volontaires pour soutenir quotidiennement les activités de la Croix-Rouge en direction des personnes vulnérables. Des milliers d'entre eux sont formés chaque année aux premiers secours en cas d'accident. Grâce à son établissement affilié à l'université de Chulalongkorn à Bangkok, la Croix-Rouge instruit également des infirmiers et des aides-soignants. Elle participe à la diffusion au sein des écoles et des universités des règles d'hygiène et sensibilise le public au respect du droit international humanitaire.

Une forte puissance mobilisatrice, mais une retenue mal comprise sur certains théâtres

"Les points forts de l'organisation sont incontestablement le soutien populaire dont elle bénéficie, sa puissance mobilisatrice et son maillage territorial dans les 77 provinces", précise Trishit Biswas qui travaille pour le CICR à Bangkok et apporte son expertise à la Croix-Rouge thaïlandaise. Ses faiblesses sont connues : une certaine lenteur à se mobiliser et une prudence considérée comme parfois excessive. Si la Croix-Rouge thaïlandaise est inattaquable sur le plan de l'impartialité, son absence lors d'événements susceptibles de présenter une dimension politique et son silence en cas de violation des droits l'homme ou des droits économiques et sociaux de la population sont parfois mal compris. Par ailleurs, si les volontaires occasionnels affluent toujours pour des grandes causes ou lors de catastrophes naturelles, elle manque de volontaires formés et actifs tout au long de leur vie. "Il y a encore beaucoup à faire en termes de management, notamment vis-à-vis des volontaires.

Les améliorations sur lesquelles nous travaillerons contribueront à rendre la Croix-Rouge nationale plus réactive", reconnaît Sunisa Nivesrungsan, responsable du département international de la Croix-Rouge thaïlandaise. "Nous devons aussi intégrer les expériences positives venues de l'étranger. Notre développement passe par une amélioration de nos capacités d'intervention et de notre coopération avec les Croix-Rouge des autres Etats de l'ASEAN, Etats avec lesquels nous avons le plus de points communs", poursuit-elle. Cette coopération s'est engagée : des donations ont été récemment faites aux Croix-Rouge du Vietnam, du Laos et des Philippines lorsque ces pays ont été confrontés à des catastrophes naturelles.

Ghislain POISSONNIER (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) mercredi 21 mars 2012

Ghislain-POISSONNIER
Publié le 21 mars 2012, mis à jour le 20 novembre 2018

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