La coopération scientifique et culturelle bat son plein en ce début d’année. Myriade de festivals, signature d’accords franco-thaïlandais en présence du Premier ministre français, lancement de projets scientifiques, etc. Le Conseiller de coopération et d'action culturelle de l’ambassade de France à Bangkok, Jérémy Opritesco, fait le point avec nous
LePetitJournal.com - Le 2 février aura lieu à Bangkok la Fête de la francophonie, où en est la Thaïlande de ce point de vue ?
Jérémy Opritesco - La Thaïlande est un pays assez original du point de vue de la francophonie. Il s’agit d’une francophonie récente qui date des années 50 due à un investissement très fort de la famille royale. Le français a bénéficié pendant des années de privilèges, étant la seule langue vivante optionnelle enseignée au lycée. Aujourd’hui un certain nombre d’avantages ont disparu, mais nous avons tout de même une forte communauté francophone avec 40.000 apprenants de français. C’est par exemple autant que l’Indonésie qui a une population quatre fois supérieure. Les effectifs restent constant et même augmentent. L’ambassade de France base sa démarche sur deux axes. Le premier, c’est organiser des événements pour entretenir une dynamique autour du français, que l’on continue de parler du francais. Il n’y a plus ce côté exclusif, élitiste qu’avait le français auparavant, La Fête de la francophonie fait partie de ces événements qui permettent d’entretenir le désir du français. Le deuxième axe sur lequel nous mettons l’accent, tout au long de l’année, c’est la modernisation de l’enseignement autour de la qualification du français (DELF, DALF). On aimerait bien que tous les élèves et tous les profs soient titularisés DELF/DALF, un mode d’enseignement moderne basé beaucoup plus sur la communication orale. L’intérêt pour les gens qui apprennent le français, c’est qu’après trois ans de français, ils soient capables d’avoir une petite conversation en français, ce qui n’est pas le cas avec les méthodes traditionnelles avec lesquelles on a des gens qui connaissent les règles de grammaire, mais qui sont incapables d’aligner une phrase. De fait, la Fête de la francophonie se base beaucoup sur l’oralité. C’est pour cela que l’on a des concours de chanson, de poèmes, qui sont une très bonne manière d’apprendre le français et sont en plus des activités très appréciés par les Thaïlandais.
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Que ressort-il de son rôle d’observateur à l’OIF ?
Malheureusement, la participation de la Thaïlande à l’OIF est aujourd’hui encore aléatoire, c’est encore récent. On a rarement dans les réunions de l’OIF des participants thaïlandais de niveau ministériel. Tout d’abord parce que la Thaïlande n’est qu’un observateur, et parce qu’on n’a pas encore conscience ici de la force politique que peut avoir l’OIF. Cette participation à l’OIF n’a pas encore entrainé des changements considérables. En revanche, cela a permis d’intégrer la Thaïlande dans les études de l’OIF qui analyse le niveau et la dynamique de la francophonie de ses membres, et on a pu découvrir que la Thaïlande affichait 0,8% de francophones contre 0,7% au Vietnam, ce qui a été une surprise pour tout le monde. Cela a également permis à l’OIF de noter qu’en Thaïlande, la francophonie est sur une pente ascendante contrairement à beaucoup d’autres pays dans le monde, particulièrement en Asie. L’OIF parle d’une dynamique étonnante ici et note par ailleurs que les nouveaux médias sont d’une manière générale un atout pour la diversité linguistique et donc francophonie. Et on sait que les Thaïlandais sont très friands de réseaux sociaux.
Vous nous disiez récemment que vous voyez dans le développement de l’Afrique un atout pour le français ici. D’où vient cette idée ?
C’est une chose récente, dont nous a parlé le Ministère thaïlandais des Affaires étrangères, l’idée, pour 2013 ou au plus tard 2014, d’avoir un sommet Thaïlande-Afrique, l’Afrique étant identifiée ici comme un continent porteur d’avenir, en tout cas économiquement. C’est effectivement l’un des continents qui connaitront le plus fort développement dans les années à venir. La Thaïlande, qui reprend confiance notamment économiquement, regarde désormais vers l’Afrique. Et c’est dans ce contexte là que la francophonie peut être un moyen pour la Thaïlande de se rapprocher des pays africains. Quand on veut faire des affaires avec des pays africains dont beaucoup sont francophones et où, souvent, lorsque les gens sont francophones ne sont pas anglophones, cela nécessite un investissement sur le français. L’utilité d’apprendre le français est souvent mise en question, et bien là… Aujourd’hui parler anglais, ce n’est plus un atout c’est une base, bientôt il faudra avoir une deuxième langue pour pouvoir se distinguer des autres et, en ce qui concerne l’Afrique, c’est même un passage obligé.
Et le français dans l’ASEAN ?
C’est aussi un discours que l’on a beaucoup entendu dans les discussions récemment. La langue normale pour les échanges est l’anglais, et il y aurait eu une discussion des dix pays membres de l’ASEAN sur une deuxième langue. Ils ont d’abord pensé à une langue de l’ASEAN mais évidemment cela ne plait pas à tout le monde que la langue de l’un des dix pays devienne la deuxième langue de tous les autres. Le Mandarin a été évoqué, mais cela ne fait pas l’unanimité non plus car il est parlé par beaucoup de monde, mais seulement en Chine. C’est pour cela que l’on a entendu beaucoup parler ici en Thaïlande, au sein des plus hautes autorités, d’une deuxième langue qui pourrait être une deuxième langue utile au-delà de l’ASEAN, et on cite très souvent le français et l’espagnol. Et il est vrai que près de la moitié des pays de l’ASEAN sont dans l’OIF, donc cela peut très bien donner un argument supplémentaire. Et quand on compare le français et l’espagnol, à part les Philippines, le français est beaucoup plus en place ici. En Thaïlande, l’espagnol part de très loin. Les autorités thaïlandaises et même les anglophones nous disent que la troisième langue de la Thaïlande est le français.
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Lire en page 3 : Festivals du film et cinéma en Thaïlande
Lire en page 4 : Festival Bukruk en février
Lire en page 5 : Festival La Fête en mai
Propos recueillis par Pierre QUEFFELEC (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) vendredi 1er février 2013
Le 1er février, dans les locaux de l'EFEO Chiang Mai sera lancé Seatide, un projet européen qui associe quatre universités et instituts européens, l’EFEO, plusieurs instituts de recherche et universités de l’ASEAN (Photo DR)
Concernant la coopération culturelle et scientifique, qu’y a-t-il en vue à l’occasion de la visite ministérielle ?
Dans la visite du Premier ministre, la ministre déléguée chargée de la francophonie, Yamina Benguigui, qui fait partie de la délégation et restera une matinée de plus que le Premier ministre, signera un accord dans le domaine de la francophonie franco-thaïlandaise avec le ministre de l’Education. Il s’agit d’une lettre d’intention sur l’envoi de lecteurs de français en Thaïlande pour enseigner dans les lycées sur le modèle de ce qu’ont fait les Anglais et les Chinois l’an dernier. Ce sont des gens niveau bac +3 voire +4, entre master 1 et master 2, qui doivent avoir un stage obligatoire de mise en contexte professionnel – ils deviendront des enseignants de français langue étrangère quoiqu’il arrive – et à qui on offre pendant trois mois de venir dans un lycée thaïlandais enseigner dans une classe pendant les mois d’été – juin, juillet, août. Il seront accueillis par le Ministère de l’Education qui leur fera une formation sur la Thaïlande, ils seront indemnisés par les écoles, 10.000 THB par mois, et seront logés nourris. La prise en charge est 100% thaïlandaise, les stagiaires n’auront qu’à se payer les billets d’avion, les Thaïlandais s’occupent du reste. Ces stagiaires apporteront donc un soutien aux professeurs de français en Thaïlande, les élèves sont toujours contents de rencontrer des enseignants natifs, jeunes et qui sont dans leur 4e année de formation. Eux se feront une vraie première expérience d’enseignement du français à des étrangers. Tout le monde y gagne ! Ils seront une cinquantaine pour le coup d’essai cette année, et on espère voir les effectifs augmenter au fil des années. Beaucoup seront envoyés dans les provinces, les Thaïlandais veulent que cela concerne le public et le privé avec une égalité géographique complète - petite et grandes villes, toutes les régions doivent être servies de manière égalitaire. C’est une vision qui veut aller au-delà de Bangkok et de l’élite thaïlandaise.
Y a-t-il d’autres accords en vue la semaine prochaine ?
Deux autres. Un deuxième accord est prévu entre l’association des directeurs des IUT et les universités technologiques Rajamangala, qui sont deux types d’institutions tout à fait similaires. Alors qu’en France, nous avons parlé pendant très longtemps de la faiblesse de notre formation professionnelle, je crois que l’on a aujourd’hui un vrai beau produit les IUT forment aujourd’hui des vrais cadres intermédiaires qui trouvent de l’emploi immédiatement avec une formation. En Thaïlande, malheureusement, les institutions technologiques se trouvent dans une situation où elles ne remplissent pas complètement cet objectif, c’est-à-dire qu’elles ressemblent beaucoup trop à d’autres universités, à part qu’elles proposent des diplômes beaucoup moins prestigieux, ce qui fait qu’elles n’ont pas de valeur ajoutée. Et dans les discours officiels thaïlandais, on dit qu’il manque à la Thaïlande des cadres intermédiaires : les Thaïlandais veulent tous avoir des Masters et des doctorats, mais il manque des gens à bac+2 +3 qui soient capables de comprendre comment fonctionne une machine, des vrais professionnels de terrain qui peuvent encadrer des équipes d’ouvriers sans forcément avoir un master ou un doctorat. L’idée thaïlandaise est donc de renforcer cette formation professionnelle. L’un des aspects qui manque probablement à la formation professionnelle thaïlandaise, c’est l’application du monde de l’entreprise. Dans les IUT, la majorité des professeurs sont des professionnels des entreprises, des intervenants. En Thaïlande, cela n’existe pas. Le système reste compliqué, il faut avoir des diplômes, il faut être professeur pour enseigner. Un axe de travail serait d’investir les entreprises françaises via la Chambre de Commerce franco-thaïe pour cette coopération entre les IUT et les neuf instituts Rajamangala. Et on va mettre l’accent côté thaïlandais sur les domaines d’intérêts communs que sont l’agriculture, les services, l’ingénierie et l’industrie. Il s’agira notamment de définir ensemble les programmes, les intervenants, et aussi travailler sur leurs systèmes de stages qui pourrait bénéficier aux entreprises françaises ici.
Le troisième ?
Le troisième est un accord entre le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et le Thailand Research Fund (l’organisme thaïlandais de financement de la recherche). Il s'agit d'une formalisation d’une coopération qui existe déjà et va permettre d’avancer davantage. Cet accord fait partie de l’activité normale de nos instituts de recherche ici qui est de plus en plus importante. Il se trouve que la Thaïlande est le deuxième partenaire mondial du Cirad (premier en Asie) - il n’y a qu’au Brésil qu’il y a davantage de chercheurs Cirad. Et l’Université Kasetsart est le premier partenaire du Cirad au monde avec neuf chercheurs. C’est intéressant car cela ne correspond pas avec une priorité politique. Ces chercheurs n’ont pas été envoyés ici par l’ambassade ou par un ministère, ils sont venus par eux-mêmes. Ils reçoivent d’ailleurs ici un très bon accueil dans les universités, lesquelles payent beaucoup nos chercheurs. Il y a un vrai co-financement thaïlandais, et puis aussi ils ont des chercheurs au niveau des nôtres, ce qui facilite une vraie collaboration de vrais échanges. C’est quelque chose que l’on ne trouve pas forcément ailleurs et qui fonctionne ici, et s’est installé de manière autonome. Cela d’autant que les deux parties sont assez complémentaires car nous sommes plutôt bons en recherche fondamentale alors que les Thaïlandais ne font que de la recherche appliquée et sont particulièrement bons dans trois domaines qui nous intéressent : la santé, l’agriculture et les sciences de l’ingénieur.
Y a-t-il d’autres événements à suivre dans le cadre de la coopération en dehors de ceux prévu lors de la visite ?
Un quatrième accord de partenariat sera signé en mars entre le CNRS et le NASDA, l’agence de l’innovation thaïlandais. Il s’agit du premier accord signé par le CNRS en Thaïlande. Le directeur recherche, l’un des trois dirigeants du CNRS fera le déplacement.
Il y aussi la signature le 31 janvier d’un accord entre l’Ecole française d'Extrême-Orient (EFEO) et l’université de Chiang Mai, et lancement en présence de nombreux responsables concernés le 1er février d’un projet européen qui s’appelle Seatide et qui associe quatre universités et instituts européens, l’EFEO, plusieurs instituts de recherche et universités de l’ASEAN avec deux leaders que sont l’université de Chiang Mai et l’EFEO. C’est un très beau projet qui associe des dizaines de chercheurs avec un très beau budget de 2,4 millions d’euros sur les trois années qui viennent pour étudier des questions sociales contemporaines sur l’Asie du Sud-est. Cela peut donner à l’EFEO de Chiang Mai une vraie dimension régionale.
Ne serait-il pas plutôt à l’Institut de recherche sur l'Asie du Sud-Est contemporaine (IRASEC) de mener ce genre de projet ? Comment cela s’inscrit-il par rapport à ce que fait l’IRASEC ?
C’est assez complémentaire – il y a d’ailleurs deux chercheurs de l’Irasec qui y sont associés. L’EFEO est leader sur le projet car il en est l’initiateur et le porteur. L’EFEO a par ailleurs un rayon d’action très large et il se trouve que beaucoup de chercheurs de l’EFEO étudient le contemporain. Et puis l’EFEO a une expérience dans les projets européens et une structure beaucoup plus importante avec des moyens qui a été capable de mettre en place cet appel à projets qui est un vrai travail en soi. Car pour répondre à un appel d’offre européen, c’est un travail à plein temps, il faut plusieurs personnes et des ressources. Et puis dans la conception européenne des choses, il faut que les pays européens soient à égalité, il ne peut donc y avoir deux instituts français. Evidemment, on en peut que souhaiter que les deux instituts travaillent main dans la main.
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Propos recueillis par Pierre QUEFFELEC (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) vendredi 1er février 2013
Deux festivals du film en février, l’un à Pattaya, l’autre à Bangkok, pourquoi deux événements aussi rapprochés ?
Les deux festivals sont très différents. Il y a le festival à Bangkok organisé par l’ambassade et dont l’objectif est clairement la promotion du film français grand public en Thaïlande, avec uniquement des films récents : six avant-premières nationales (Thaïlande) avant les sorties en salles ou dvd. Des projections qui ont donc vocation à présenter au public thaïlandais des films qui vont sortir. On s’est rendu compte qu’un certain nombre de films français, malgré leur qualité font très peu d’entrées simplement parce que personne ne sait que ces films sont sortis, il n’y a pas de buzz autour de ces films. C’est pour cela que nous nous attachons à les promouvoir. Nous avons cependant inséré deux films, récents aussi, mais moins voués à distribution commerciale (Les Bien aimés et Le Chat du Rabbin) et qui sont de très bons films, un peu plus destinés à des cinéphiles que les autres. Le film d’ouverture sera Un bonheur n’arrive jamais seul avec Gad Elmaleh, Sophie Marceau et François Berléand acteur est très connu en Thaïlande pour avoir campé le rôle de l’inspecteur français de Transporter. Le metteur en scène viendra pour présenter le film et répondre aux spectateurs.
C’est un vrai appui au film français, car le film d’art et essai, c’est un film qui concerne un petit public de cinéphiles, que nous servons aussi dans ce festival, mais l’objectif de ce festival est d’être plus large et de s’adapter à un public aussi important que possible car il y a beaucoup de choses à faire entre nos deux cinémas. Il y a une méconnaissance tant en France vis-à-vis du cinéma thaïlandais qu’ici par rapport au cinéma français que l’on pourrait contribuer modestement à combler. Plus les gens verront des films français, moins ils auront l’impression, comme on l'entend dire aujourd’hui, que ce sont des films bizarres dont on ne comprend pas très bien l’histoire. C’est aussi pourquoi nous avons tenu cette année à avoir pour tous les films un sous-titrage en thaï.
Le festival Clap! de Pattaya ?
Le festival du film français de Pattaya n’a rien à voir. Ce sont des films que les gens connaissent déjà, des films agréables, de toutes les périodes, sympathiques à voir, avec de grands classiques comme les Tati par exemple, et que l’on pourra regarder au bord de la piscine dans un hôtel moderne chic et trendy. Là, la date a été imposée parce que février est le mois idéal pour ce type de manifestation.
L’idée est venue car l’hôtel avait déjà organisé ce festival avec le cinéma allemand l'an dernier, par Viktor Silakong, le directeur du World Film Festival qui nous a immédiatement contactés. Ca s’est imposé tout seul, car il est vrai que nous bénéficions ici de 500 films de la cinémathèque régionale qui est à Bangkok. La participation de l’ambassade consiste à mettre les films à la disposition de Viktor. Le public concerné est plutôt un public expatrié et de personnalités thaïlandaises. On espère avoir le maire de Pattaya et le ministre de la Culture qui est son frère, et quelques chefs d’entreprises.
Le film d’ouverture sera Les Triplettes de Belleville, dont le producteur, Régis Ghezelbash, a accepté de venir tout spécialement pour en faire la présentation.
Comment se porte le cinéma français en Thaïlande ?
Pas très bien par rapport à il y a cinq ou six ans ou il y avait plus de 25-30 films distribués. Aujourd’hui, c’est moins de dix avec un public plutôt restreint, même si Les Intouchables et The Artist ont bien marché – sans que ce soit mirobolant.
Le film français est donc en net recul en Thaïlande. C’est d’ailleurs aussi pour cela que nous avons sorti le festival du film de La Fête, car il était noyé parmi tous les événements proposés. Nous allons également nous associer avec Emporium qui va proposer pendant le festival du film un festival français intitulé French romance avec des expositions photo, avec des magazines comme Marie-Claire, L’Officiel, qui feront des interprétations de la France dans les lieux d’exposition, avec la mise en avant des produits français dans le supermarché. Tout cela nous a amenés à organiser ce festival autour du 14 février qui est le jour de la Saint-Valentin, la France et Paris étant associés à l’amour. Et la date est idéale pour organiser de nouveau notre "Ciné Picnic".
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Propos recueillis par Pierre QUEFFELEC vendredi 1er février 2013
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Du 16 février au 17 mars, le Bukruk Street Art Festival animera le quartier de Pathumwan avec 15 artistes européens et 11 artistes thaïlandais dans ce qui se présente comme le projet du genre le plus important jamais vu dans le royaume. L’événement censé symboliser la coopération entre Europe et Thaïlande se déroulera sur plus de 400m2 d’espace d’exposition mis à disposition par le Bangkok Art and Culture Center (BACC) et un total de 1.000 m2 de murs en extérieur. Il y aura donc une exposition Art & Design dans le BACC et une expo de graffitis sur des espaces publics autour du carrefour de Pathumwan, notamment le long du canal Saeng Sap. La musique et de la danse seront bien entendu de la partie avec DJ et Hip Hop battles (Pour en savoir plus, visitez le site www.bukruk.com).
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Un mot sur le Festival Bukruk ?
C’est une magnifique idée car elle fait travailler ensembles les meilleurs artistes thaïlandais et les meilleurs européens – il y aura dizaine d’Européens et une quinzaine de Thaïlandais. Ils travaillent dans un domaine moderne, l’art de rue, c’est un vrai art qui s’adresse aux jeunes qui plait en Thaïlande, et les Thaïlandais ont de vrais bons artistes dans ce domaine. Un événement qui de plus est à l’air libre, qui est particulièrement bien adapté à Bangkok, avec tous ces bâtiments, les klongs (canaux, ndlr), piliers de BTS, énormément d’espaces qui peuvent être peints, tagués, cela correspond tout à fait à la culture urbaine de cette ville grouillante, dynamique et jeune. Il n’y a aura pas besoin de franchir la porte d’un musée pour les jeunes : c’est là, c’est fait en direct, c’est fait sur mesure, en co-réalisation. On voit les artistes travailler en direct avec toute une série d’animations qui peuvent s’adapter à ce type d’art de la rue du type parkour, DJ, skate, les concerts, un ensemble très cohérent qui devrait toucher le public thaïlandais. Les œuvres resteront sur les murs, les piliers de métro, etc. C’est une sorte de manifestation idéale qui mériterait de se produire chaque année.
Comment est venu ce projet ?
C’est Myrtille Tibayrenc de la galerie Toot Yung qui a voulu faire travailler une artiste français avec un artiste thaïlandais, et puis petit à petit elle s’est rendue compte qu’il y avait énormément de Thaïlandais de grande qualité, et il y a eu du bouche à oreille en Europe aussi parmi les artistes dont beaucoup ont voulu y participer. Tout s’est petit à petit agrégé. Je pense qu’ils auraient pu réunir deux ou trois fois plus d’artistes d’Europe, Bangkok intéresse beaucoup ce genre d’artistes urbanistes, d’autant que Bangkok est assez vierge de ce point de vue du Street Art. Toot Yung est venu m’en parler, notamment car nous avons créé EUNIC, cluster de pays européens et elle nous a demandé si on pouvait soutenir d’une manière ou d’une autre. Il se trouve que j’ai trouvé tout de suite le projet enthousiasmant et que tous mes autres collègues européens ont immédiatement accroché en trouvant que c’était un bel exemple de ce qu’on peut faire en thaï-européen, pas seulement en binational, mais sur plusieurs pays d’Europe, une espèce de culture transnationale qui dépasse les cultures nationales traditionnelles, qui touche un public que l’on touche assez difficilement, nous, en tant qu’ambassade, un public jeune qui ne va pas forcément voir des films étrangers, qui ne lit pas des livres étrangers, qui ne va pas dans les expos. C’est vraiment à tous points de vue un concept idéal, et très rapidement toutes les ambassades se sont montrées très enthousiastes à soutenir le projet et même les pays qui à l’origine n’avait pas d’artistes sélectionnés par la galerie, on dit vouloir soutenir en payant le billet d’avion d’artistes d’autres pays.
Comment se traduit le soutien des ambassades européennes ?
Chaque pays ayant un de ses ressortissants parmi les artistes paye le billet d’avion, puis il y a une sorte de pot commun. Pour leur recherche de sponsor nous leur faisons aussi une lettre de soutien et en parlons lors des conférences de presse, et au sein des européens, et puis il y a la délégation de l’Union Européenne qui, malgré que la Culture ne fasse pas partie de ses compétences, y a vu en voyant l’ampleur du projet une forme promotion des liens entre l’Europe et la Thaïlande et des rapprochements possibles. La Délégation a donné un important financement cash qui doit tourner autour de 5.000 euros. Après Café des Langues, c’est le premier événement estampillé EUNIC même si le succès du projet fait que ce n’est plus un projet seulement Eunic puisque plusieurs pays européens qui ne sont pas dans EUNIC ont demandé à participer. Donc il y a un gros potentiel. Le festival est déjà important, mais il aurait pu être encore plus important et avoir encore plus d’artistes et encore plus de pays. Il a aussi de quoi intéresser les pouvoirs publics et institutions thaïlandaises. Il mérite vraiment de s’installer sur le calendrier.
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Propos recueillis par Pierre QUEFFELEC vendredi 1er février 2013