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A Hong Kong, Yingluck Shinawatra utilise un passeport cambodgien

Yingluck Shinawatra tribunal BangkokYingluck Shinawatra tribunal Bangkok
LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP - L'ancien Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra devant la Cour suprême de Bangkok le 1er août 2017 lors de son procès
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 14 janvier 2019, mis à jour le 18 février 2019

Des registres d’entreprise à Hong Kong révèlent que l’ancienne Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra détient un passeport cambodgien, même si Phnom Penh a toujours démenti

L'ancienne Première ministre thaïlandaise en fuite, Yingluck Shinawatra, a utilisé un passeport cambodgien pour enregistrer une entreprise à Hong Kong, révèlent des fichiers juridiques, accréditant la thèse selon laquelle elle aurait fui son pays via le royaume voisin.

Selon des fichiers d'entreprise vérifiés par l'AFP, elle a aussi été récemment nommée présidente d'une société gestionnaire d’un port chinois de la province du Guangdong, alors que la dynastie politique de sa famille accroît ses affaires dans le sud de la Chine.

Yingluck et son frère Thaksin Shinawatra ont tous deux été élus Premier ministre, mais ont été renversés lors de coups d'État - Thaksin en 2006 et Yingluck en 2014.

Bien qu'ils vivent à l’étranger pour échapper à la justice de leur pays qu’ils estiment inféodée à leurs ennemis, les deux conservent un important soutien dans les régions rurales et pauvres du Nord et du Nord-est de la Thaïlande.

Le royaume, qui traverse une longue période de troubles politiques, doit se rendre aux urnes cette année après cinq ans de régime militaire.

Yingluck s’était enfuie en août 2017 alors qu’elle devait répondre d’une affaire de corruption. Elle a été condamnée pour sa gestion d’un programme de subvention du riz qui a coûté des milliards de dollars à la Thaïlande. Elle et ses partisans clament qu’il s’agit d’une affaire politique.

De hauts responsables de la junte avaient alors déclaré qu’elle avait profité de sa mise en liberté sous caution pour fuir le pays par le Cambodge, ce que le gouvernement de Phnom Penh a toujours démenti.

Retour aux origines

Mais selon les fichiers d’entreprises consultables pas le public à Hong Kong, Yingluck est titulaire d’un passeport cambodgien et l’a utilisé le 24 août 2018 pour s’enregistrer en tant que directrice d’une société appelée "PT Corporation Company Limited".

Les autorités cambodgiennes n'ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires de la part de l’AFP, mais un porte-parole cité par Radio Free Asia a néanmoins démenti jeudi, une fois les allégations sorties dans la presse, toute implication du gouvernement de Hun Sen dans la délivrance d’un passeport à Yingluck Shinawatra, affirmant que son nom n’apparaissait pas sur la liste des passeports enregistrés auprès du ministère cambodgien de l’Intérieur.

Des registres différents provenant de Chine continentale montrent que Yingluck a été nommée présidente de la société Shantou International Container Terminals Ltd, à Guangdong, le 12 décembre.

L’entreprise était détenue à 70% par une filiale de la famille de Li Ka-shing, l'homme le plus riche de Hong Kong.

Mais un porte-parole de la société mère, CK Hutchison, a déclaré à l'AFP que la filiale avait récemment cédé des parts "à un investisseur singapourien qui a ensuite fait entrer un autre investisseur".

Le registre foncier de Hong Kong indique que l'adresse de la société de Yingluck, PT Corporation –un immeuble de luxe situé dans le quartier résidentiel de Peak à Hong Kong- appartient à Chen Huaidan, une riche femme d'affaires sino-singapourienne.

Chen Huaidan figure également comme administratrice de Shantou International Container Terminals.

Comme beaucoup d'ultra-riches thaïlandais, la lignée de la famille Shinawatra remonte dans le Guangdong, et ceux-ci se rendent régulièrement dans leur village ancestral, ainsi que dans le hub financier voisin, Hong Kong.

Le South China Morning Post et le Bangkok Post ont d’ailleurs rapporté que Thaksin et Yingluck avaient visité leur village de Taxia le week-end dernier, un événement qui a attiré une foule de locaux mais dont la couverture médiatique a été largement minimisée par les censeurs chinois.

Thaksin, qui est recherché en Thaïlande pour une condamnation différente de celle de sa sœur -mais qu’il attribue lui aussi à la vindicte politicienne-, a déclaré une entreprise enregistrée à Hong Kong avec son passeport du Monténégro. Il partage le plus clair de son temps entre Dubaï et Londres.

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