La hausse des prix des biens alimentaires dans le pays est au centre de l'actualité depuis la semaine passée et la publication d'une étude gouvernementale montrant les conséquences sur les tarifs des plats du quotidien. Certains restaurateurs répercutent l'augmentation sur leur carte, d'autres choisissant de lésiner sur la qualité ou la quantité des produits
Depuis la crise des inondations de l'an passé, les Thaïlandais subissent une forte hausse de prix dans la vie quotidienne. Le "kuay thiew", plat de nouille dont se nourrit communément les habitants du royaume à midi, se vendait en mars 2011 entre 20 bahts et 30 bahts. Aujourd'hui, il affiche un prix entre 35 bahts et 40 bahts chez les vendeurs de rue à Bangkok, d'après une étude du Département du commerce intérieur, rattaché au ministère du Commerce. "La Banque centrale de Thaïlande ne s'inquiète pas trop au sujet de l'inflation qu'elle pense maîtrisée, autour des 3% ou 4% cette année, indique Pascal Furth, Chef du Service économique de l'Ambassade de France en Thaïlande. Mais il est vrai qu'on ressent actuellement une forte augmentation des prix des aliments qui se répercutent sur les restaurants fermés, comme sur les petits commerces de rue."
Le prix d'un citron a doublé en six mois
Les commerçants expliquent qu'ils suivent l'évolution des tarifs des produits de base qu'ils achètent sur le marché. "Le phénomène n'est pas seulement récent, puisque nous avons noté depuis trois ans une augmentation de 30% à 40% de ces produits, explique Frédéric Insisienmay, l'un des deux créateurs du restaurant Be Your Guest. La hausse a été encore plus sensible au moment des inondations pendant lesquelles, par exemple, une courgette importée d'Australie revenait moins chère qu'une courgette locale." Si les prix ont légèrement rebaissé au premier trimestre 2012, Frédéric Insisienmay achète aujourd'hui un citron le double de son prix il y a six mois.
Intervenant samedi dans son émission de radio hebdomadaire, la Premier ministre Yingluck Shinawatra a expliqué la situation tarifaire actuelle par la hausse du prix des carburants et par les inondations de l'an passé qui ont entraîné une rareté de certains ingrédients. Selon Frédéric Insisienmay, dont l'enseigne Be Your Guest a fait le choix de faire plus de volume pour atteindre ses objectifs de rentabilité, "les personnes qui travaillent le long la chaîne alimentaire, avant les restaurateurs, se sentent obligés d'augmenter leur prix pour atteindre leur marge, une logique spécifique à l'Asie. Et puis, certains restaurateurs décident d'augmenter les tarifs sur leur carte, d'autres d'acheter des produits moins bons ou d'en servir moins dans l'assiette".
Yingluck promet du mieux en juin
Le Parti Démocrate a fustigé la semaine passée l'attitude du gouvernement qu'il juge incapable de contrôler les prix des carburants. La principale formation politique d'opposition estime également que les commerçants ont anticipé la mesure soutenue par Yingluck qui augmentera début avril le salaire minimum journalier à 300 bahts. Un avis partagé par le directeur du Centre de prévisions économiques et d'affaires de l'Université de la Chambre de commerce thaïlandaise, Thanavath Phonvichai, qui craint que la hausse des prix alimentaires ne perdure. La Premier ministre s'est voulue rassurante samedi, indiquant que la situation s'améliorerait en juin, lorsque la force de production du pays tournerait à son niveau maximum, après s'être complètement rétablie de la crise des inondations. Yingluck a également promis que le pays aurait davantage recours aux énergies renouvelables et qu'au moins un commerce de rue par communauté servirait des plats dont les prix respecteraient des tarifs fixés par le gouvernement.
Par Yann FERNANDEZ mardi 20 mars 2012