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Haro sur les minivans en Thaïlande, véritables cercueils ambulants

Après l'hécatombe du nouvel an, le problème de la sécurité routière semble faire plus que jamais débat en Thaïlande. Un ancien ministre parle même de changer l'ADN du pays ! Parmi les problèmes à régler, des experts thaïlandais pointent la dangerosité des minivans utilisés en tant que transport en commun et opérés par des sociétés privées.

Securite routiere ThailandeSecurite routiere Thailande
Pierre QUEFFELEC (archives)
Écrit par Peyoun CASTILLO
Publié le 16 juillet 2019, mis à jour le 3 octobre 2024

S'il est un transport en Thaïlande que l'on évite de prendre après quelques années passées dans le royaume, c'est certainement le minivan. Ces véhicules compacts sont impliqués dans nombre d'accidents tragiques qui font régulièrement la Une des journaux et ceux qui les utilisent se font bien trop souvent des frayeurs dans des trajets agités marqués par des freinages brusques et autres embardées à 120km/h générés par une conduite agressive où le chauffeur vient flirter à l'envi avec le pare-chocs du véhicule devant lui, peu importe la vitesse, la météo ou l'état de la route.

Selon des spécialistes cités par le journal Khaosodenglish, les minivans sont impliqués dans la plupart des accidents de transports publics. Ils précisent que neuf personnes meurent en moyenne chaque mois et 100 sont blessées dans des minivans.

"Lorsqu'un accident se produit avec un van, le nombre de victimes a tendance à être plus important qu'avec de grands véhicules en raison de leur structure," souligne un professeur en génie civil, Saksith Chalermpong, cité par le journal en langue anglaise.

Les causes principales imputées sont une conduite imprudente mais aussi le fait que les passagers se trouvent souvent dans l'incapacité de sortir du véhicule accidenté ni même d'en être extraits par les secouristes ou de simples passants.

Les spécialistes mettent en évidence deux principaux facteurs aggravants à cela. Tout d'abord, les vans font systématiquement l'objet de modifications destinées à augmenter leur capacité, ce qui en fait des pièges mortels lors d'accidents. Ensuite il y a le fait que la rémunération des chauffeurs dépend du nombre de trajets effectués, incitant ces derniers à rouler vite et à effectuer de longues rotations.

Khaosod English rappelle d'ailleurs que ces deux facteurs étaient justement réunis dans l'accident d'un van avec un pick-up survenu début janvier et dans lequel 25 personnes sont mortes, la plupart ayant succombées non pas au choc initial mais au fait qu'elles étaient coincées dans le véhicule en feu. Quant au chauffeur du van, qui est mort lui aussi dans l'accident, il avait enchainé cinq allers-retours entre Bangkok et Kanchanaburi soit 31 heures de conduite.

Un autre facteur est bien évidemment le manque d'application des réglementations.

Les experts font d'ailleurs remarquer que les contrôles techniques inopinés restent très rares, ce qui ne laisse que le rendez-vous convenu du contrôle technique obligatoire auquel les patrons des sociétés de transport prennent bien soin de se préparer. Nombres de compagnies de minivans sont dirigées par des militaires ou des policiers en activité ou retraités.

Avec 24.000 morts par an (66 par jour en moyenne) sur les routes pour une population de 65 millions d'habitants, la Thaïlande affiche le deuxième plus fort taux de mortalité routière derrière la Libye. Un triste palmarès dont les gouvernements successifs ont tous juré de sortir, en vain.

"Il nous faut changer l'ADN du pays, l'éducation directement à l'école, c'est important", a réagi un ancien vice-Ministre des Transports, Nikorn Chamnong, qui milite aujourd'hui pour l'amélioration de la sécurité routière en Thaïlande cité par la BBC qui consacrait le 19 janvier un article consacré à ce fléau.

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