Soumis depuis un siècle à de fortes pressions politiques, les syndicats thaïlandais peinent à s'organiser. Pourtant, du salaire minimum à la sécurité sur le lieu de travail, beaucoup reste à faire pour les travailleurs du royaume
XXème siècle, "les syndicats trouvent leurs origines dans les sociétés secrètes chinoises, à une époque où les coolies immigrés fournissaient l'essentiel de la main-d'oeuvre locale", selon Jean Baffie (Thaïlande Contemporaine, IRASEC).
Il faudra attendre 1932 et l'abolition de la monarchie absolue pour voir la formation du premier syndicat thaïlandais, l'Association des employés du tram thaïlandais. Mis en sourdine pendant la Seconde Guerre Mondiale puis pendant la Guerre Froide, le syndicalisme réapparaît sur le devant de la scène dans les années 1970, pendant les mouvements de protestation contre la dictature militaire. Les périodes d'activisme alternent alors avec les répressions brutales, comme en 1976 et en 1992.
"Souvent supprimés en même temps que les partis politiques par les régimes autoritaires, [les syndicats] ont parfois pris des allures de gangs, travaillant surtout pour l'intérêt matériel de leurs dirigeants,"explique Jean Baffie. Ils sont souvent très politisés, sujets à de fréquentes interventions des partis et de l'armée.
Négociation collective limitée
A l'heure actuelle, la loi autorise tous les employés du secteur privé à former et rejoindre des syndicats mais "ne les protège pas totalement dans le cadre de ces activités", regrette le Département d'Etat américain. 50% des employés des entreprises publiques et 11% des ouvriers sont syndiqués (source : Bureau de la démocratie, des droits de l'Homme et du travail du Département d'Etat américain). Mais au total, seulement 4% de la population active est membre d'un syndicat. Les fonctionnaires, y compris les enseignants, n'ont pas le droit de se syndiquer.
La négociation collective reste limitée à une petite partie des entreprises. Le gouvernement peut limiter les grèves du secteur privé qui porteraient atteinte à la sécurité nationale. Le droit du travail proscrit également les grèves dans les "services essentiels", qui englobent notamment les transports publics, les services d'eau et d'électricité, soit une définition plus large que celle de l'Organisation internationale du travail (OIT). Les employeurs ont le droit d'embaucher du personnel pour remplacer leurs employés en grève. "Le droit des travailleurs, le chômage, la réforme du droit du travail, les salaires, la sécurité et la protection sociale ainsi que la privatisation des entreprises publiques"sont les principaux enjeux auxquels sont confrontés les syndicats thaïlandais, selon l'OIT.
En 1993, l'incendie de l'usine de jouets Kader Toy, dans lequel ont péri 188 employés, a mis en lumière la négligence totale de la sécurité des travailleurs, sans pour autant impulser un changement. "Dix ans plus, il n'y a eu quasiment aucun changement dans les normes de santé et de sécurité en Thaïlande", notait en 2003 l'UITA (Union internationale des travailleurs de l'alimentation).
Emmanuelle Michel jeudi 30 avril 2009
Les principaux syndicats
La Thaïlande compte dix organisations syndicales de travailleurs, dont les principales sont le Thai Trade Union Congress (TTUC), le Labour Congress of Thailand (LCT) et la State Entreprises Workers Relations Confederation (SERC). Deux organisations patronales existent : le National Congress Private Industrial of Employees (NCPE)et l'Employers' Confederation of Thailand (ECOT).
