

Noël est l’occasion d’une forme de rapprochement entre l’effervescente communauté francophone et les populations Karens qui vivent en marge dans le Nord de la Thaïlande.

On dit communément que les Karens sont marginalisés, de par leur langue et l’isolement de leurs lieux de vie. Ils font pourtant l’objet d’une attention particulière d’un certain nombre d’acteurs et notamment de la communauté francophone de Thaïlande.
Depuis une cinquantaine d’années, les Missions Etrangères de Paris (MEP) viennent en aide aux communautés Karens, qui sont composées de 10 à 15% de chrétiens.
Cette ethnie, que le tracé des frontières a séparée, est maintenant présente à 90% en Birmanie et à 10% en Thaïlande, particulièrement dans la province de Tak.
Ainsi des volontaires sont envoyés en mission dans les villages Karens les plus isolés, avec au programme cours d’Anglais, aide à la construction d’infrastructures, avec bien souvent en guise d’"afterwork" la récolte du riz dans les rizières !
Côté thaïlandais, trois prêtres, les pères Camille, Alain et Nicolas, se sont répartis les différents villages Karens et sillonnent le Nord en passant de l’un à l’autre, non seulement pour assurer une présence religieuse aux communautés chrétiennes qui y habitent, mais également pour passer du temps et vivre au quotidien avec elles.
Pour ces prêtres, la période de Noël est particulièrement dense : ils doivent s’organiser pour pouvoir visiter le plus de villages possibles et permettre aux chrétiens isolés d’assister à une messe de Noël.

Situé à quelques kilomètres de Mae Tan, Le village de Ponouaypou contient X maisons, qui abritent à la fois des bouddhistes et des chrétiens. Mais la pépite de ce village est surtout un centre qui prend en charge 18 enfants karens et leur assure un quotidien sain et équilibré.
Créé il y a 12 ans, le centre accueille des enfants issus de villages souvent peu accessibles et où les conditions de vie sont difficiles. Agés de 8 à 18 ans environ, ils trouvent dans ce centre un vrai cadre de vie. De leur lever à 6h à leur coucher à 21h, ils auront été à l’école, auront participé à deux temps de prière, rendu service, en travaillant dans le potager du centre ou en tissant, et vibré en regardant quelques minutes de football sur une petite télévision qui fonctionne trois heures par jour, lorsque le générateur fonctionne, de 18h à 21h.
Le week-end et les temps libres, cap sur le foot ! Les enfants arborent fièrement le maillot du "United Catholic Center" que le volontaire MEP a fait faire, et se lancent dans des matchs endiablés !
Dimanche 18 décembre, c’était un peu Noël avant l’heure, à Ponouaypou. Comme chaque dimanche, une messe y a été donnée par le père Camille. Assis en tailleur par terre et séparés, filles et garçons du centre mais aussi des villages alentour ont pu participer à cette messe dite en langue karen.
A l’issue de la célébration, les enfants ont tous reçu un sac avec des cadeaux donnés par des familles du Lycée Français de Bangkok. Depuis deux ans en effet, le projet "GivingTree" permet à des élèves de seconde du Lycée Français de participer à une récolte de cadeaux, chaque élève offrant à un enfant karen un sac rempli de vêtements, de fournitures scolaires, d’un livre en thaï mais aussi d’un cadeau personnalisé, comme une montre, un ballon de foot ou une lampe frontale. Cette année, 440 enfants karens ont eu la joie de recevoir ces cadeaux !

Aux actions menées par les MEP auprès des communautés karens s’ajoutent des projets solidaires comme "Givingtree", et d’autres programmes d’aide au développement.
C’est le cas par exemple de l’initiative conduite par les entreprises Schneider et EDF. Les deux groupes se sont associés pour développer un "solar home lighting system" dans l’école du village karen de Poblaki, à quelques kilomètres de Ponouaypou.
EDF a financé le projet, et Schneider a fourni la technologie nécessaire et fait venir des employés sur place pour apporter l’électricité dans cette école. Un programme similaire a également été lancé dans une autre ethnie, les Mogkan.
Ce sont donc des programmes de développement qui bénéficient à l’ensemble des villages concernés, indépendamment de la religion de leurs habitants. Comme le dit le père Camille, "On ne va pas faire une distinction religieuse et dire "toi tu n’es pas chrétien, tu n’as pas le droit à ça." Ce sont des villages, donc tout le monde bénéficie des installations".
Sixtine DELORT-LAVAL (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mardi 27 décembre 2016
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