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EQUIPE DE FRANCE DE L’EXPORT - Grande séance de motivation au 11e Forum Asean

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Écrit par Carol ISOUX
Publié le 3 décembre 2018

Avec 350 hommes et -rares- femmes d'affaires rassemblés pour parler des opportunités de la zone, le forum Asean 2014 s'est achevé mardi dans un élan d'enthousiasme communicatif. Ces deux journées riches de débats et d'interventions ciblées par des professionnels de toute la région ont permis de dessiner les grands défis de demain pour les entrepreneurs français présents en Asean

Un constat, d'abord : la France peut mieux faire. "Nous devons passer la vitesse supérieure", a martelé Philippe Varin, représentant spécial du ministre des Affaires étrangères pour l'Asean, dans son discours d'ouverture. Même si la balance commerciale française y est excédentaire, sa part de marché reste faible par rapport à ses concurrents européens et asiatiques.

D'énormes perspectives de croissance, des besoins phénoménaux
Bonne nouvelle, la croissance serait là pour durer. Une population jeune, une relative stabilité politique, une inflation maîtrisée semblent indiquer que le revenu moyen des 630 millions d'habitants va continuer à augmenter. "Nous sommes très optimistes", indique Antoine Chéry chef du service économique régional pour l'Asean.

Le secteur agricole est vital
"Quand le niveau de vie des populations s'améliore, ce que les gens changent en premier, c'est leur alimentation, ils consomment plus de produits carnés", explique Augustin Thieffry, directeur Asie de Limagrain, quatrième producteur mondial de graines. 450 millions de tonnes de riz sont produites en Asie, il faudrait augmenter la production de 110 millions de tonnes par an. Les besoins en céréales pour nourrir les animaux d'élevage sont également en pleine explosion. Semences, machinerie, technologie pour améliorer la productivité sont donc les bienvenus.

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Ecoutez aussi l'édito de Nicolas Beytout du 22 novembre 2014 sur France Inter

 

Les centres urbains en pleine explosion
"Les besoins en logements, en hôpitaux, en universités sont phénoménaux", assure Javier Gimeno, directeur Asie-Pacifique de Saint-Gobain. Des constructions sensibles qui exigent une qualité que les entreprises françaises peuvent fournir.
L'énergie, les infrastructures de transport, la santé et l'économie numérique sont aussi des secteurs porteurs et les compétences dans ces domaines de plus en plus recherchées.  

Le problème de la main d'?uvre
Recruter former et retenir les talents reste l'un des défis majeurs de la zone. A chaque pays ses spécificités et ses "trucs" pour retenir son personnel : un bon leadership est fondamental en Thaïlande, au Vietnam ce sont les bonus qui priment. Les cadres de l'Asean sont inégaux devant la mobilité : alors que les Philippins et les Malaisiens font leurs preuves, les Thaïlandais rechignent encore à bouger. "Pour les jeunes Thaïlandais, un départ à l'étranger doit être présenté comme une expérience culturelle, l'occasion d'apprendre une autre langue, par exemple", conseille Kiti Madiloggovit, directeur des ressources humaines de Siam Cement.

La concurrence chinoise
Elle concerne tous les domaines, mais il y a des moyens de la contrer. Notamment en fournissant une qualité supérieure et une offre parfaitement adaptée à la demande locale. "Pour cela il faut rapprocher la R&D de nos zones opérationnelles", explique Javier Gimeno. "Les entreprises chinoises ont encore du mal à convaincre leurs cadres de s'installer ici à long terme." Assurer un bon suivi client peut aussi faire la différence.

Certains, comme PSA, ont décidé d'aborder le problème autrement : c'est avec leurs partenaires asiatiques, le chinois Dongfeng et le vietnamien Thaco qu'ils débarquent sur le marché Asean. "Le meilleur moyen pour nous d'aborder les marchés asiatiques, c'est d'arriver avec un partenaire asiatique", confirme Louis Gallois, président du Conseil de Surveillance de PSA.

Des PME encore à la traîne
Mais si les grands groupes français occupent le terrain, les PME sont un peu lentes à venir s'installer dans la zone. "L'Asean n'est pas encore une priorité pour les PME", déplore Pierre Jaffre, président Asie-Pacifique du groupe Airbus, qui souhaiterait voir leurs sous-traitants français les suivre plus nombreux.

Les risques
Certains intervenants ont néanmoins tempéré l'enthousiasme ambiant en rappelant les freins à la croissance : de fortes inégalités sociales à l'intérieur et entre les pays membres, et certaines "pratiques d'affaires" -personne n'a prononcé le mot de corruption- peu compatibles avec le droit international.

Carol ISOUX (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) lundi 24 novembre 2014
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3 questions à Philippe Varin, représentant spécial du ministre des Affaires étrangères et du développement international pour l'Asean

Aujourd'hui quelle est la place de la France et des ses entreprises dans l'Asean?
Nous pouvons, nous devons faire beaucoup mieux. Même si notre balance commerciale vers la zone est excédentaire, à hauteur de deux milliards d'euros, il ne s'agit surtout pas de verser dans l'autosatisfaction, comme nous autres Français avons parfois tendance à le faire. Les Allemands sont largement devant nous en termes de parts de marché (2,7% pour les Allemands contre 1,6% pour la France). Les automobiles japonaises occupent le terrain. La délocalisation d'entreprises chinoises, coréennes et japonaises vers l'Asean s'intensifie et va certainement modifier cette balance commerciale. Si nous voulons conserver notre excédent, il faut s'améliorer.

Quels sont les secteurs prioritaires de l'industrie française sur la zone ?
Cinq secteurs ont été définis comme prioritaires dans le cadre de ma mission : l'énergie, les infrastructures de transport, le développement urbain, l'agroalimentaire et la santé. Ce sont des secteurs dans lesquels les pays de la zone investissent massivement : 20 milliards de dollars annuels pour l'énergie, 50 milliards pour les infrastructures. Certaines zones urbaines ont été désignées comme des pôles de développement, comme Mandalay en Birmanie, ou Bandung en Indonésie. Favoriser le tourisme  en provenance des pays de l'Asean est également un axe important. A condition d'améliorer les conditions de sécurité des touristes, de travailler sur une ouverture plus tardive des magasins, des meilleurs transports entre les aéroports et le centre, la France est capable, là encore, de faire beaucoup mieux.

Comment la France peut-elle se faire une place sur les marchés de l'Asean ?
Elle doit jouer sur la qualité bien sûr, sur l'innovation, le contenu technologique, mais aussi sur la responsabilité sociale, ce qui appelle une stratégie très ciblée. Pour contrer la concurrence avec les entreprises japonaises, coréennes et chinoises, il faut, en plus du soutien de l'Etat, un alignement sans faille des entreprises françaises. Nous souhaitons aussi voir davantage de PME sur place : nous allons démarcher activement les PME dites "de croissance" afin de créer chez elle le désir d'export. Nous travaillons à l'élaboration d'outils, de ressources qui permettent d'identifier les produits qui répondent le mieux à la demande locale. Enfin, les entrepreneurs français à l'étranger ont exprimé un besoin de simplification des outils de financement et de conseil à leur disposition, ils ont besoin d'un cap clair. J'encourage vivement les expériences de collaboration locales entre les diverses agences de l'Etat.
Propos recueillis par Carol ISOUX (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) lundi 24 novembre 2014
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