Décoré pour la seconde fois par la France, le réalisateur Apichatpong Weerasethakul était à l'honneur lors d'une soirée organisée vendredi à l'ambassade de France. Salué comme "l'un des plus grands artistes contemporains? par l'ambassadeur Gildas Le Lidec, l'artiste s'est dit ?très fier? d'une telle reconnaissance et a appelé à plus de liberté d'expression dans son pays
L'ambassadeur de France, Gildas Le Lidec, remet les insignes d'Officier des Arts et des Lettres au réalisateur Apichatpong Weerasethakul (Photo Pierre Queffélec)
_ |
"Un cinéma de recherche ? qui explore des voies totalement nouvelles? Ami d'Apichatpong, l'ambassadeur de France Gildas Le Lidec apprécie ?le cinéma de recherche et intéressant? du réalisateur thaïlandais. "C'est encourageant de voir que des pays nouveaux comme la Thaïlande ou l'Indonésie renouvellent la recherche cinématographique?, a-t-il confié au PetitJournal.com Bangkok. "Le cinéma a été inventé et réinventé en Occident et il est bien de voir que des cinéastes comme Apichatpong explorent des voies totalement nouvelles?, a-t-il ajouté, indiquant que l'?uvre du réalisateur reste néanmoins difficilement accessible au grand public. "Apichatpong est le cinéaste que nous connaissons le mieux et avons le plus aidé", ajoutant que la France sera sûrement amenée à travailler avec l'artiste thaïlandais. ______________________________ LIRE AUSSI CINEMA ? Palme d'Or historique pour la Thaïlande au festival de Cannes DECORATION ? Le docteur Apinan Poshyananda honoré par la France | _ |
Professionnels du cinéma, membres de la diplomatie française et amis du réalisateur, tous étaient présents vendredi soir à l'ambassade de France pour la remise des insignes d'Officier des Arts et des Lettres au réalisateur Apichatpong Weerasethakul des mains de l'ambassadeur, Gildas Le Lidec. Ce dernier, lors de l'attribution de la distinction au réalisateur, a salué "un artiste singulier, à contre-courant" et un "grand ami de la France", dont les films, financés en partie par des producteurs français, ont reçu plusieurs prix à l'occasion du Festival de Cannes, dont la Palme d'Or en 2010. L'?uvre du réalisateur, victime de la censure dans son pays, était à l'honneur pendant cette soirée avec la diffusion de ses long-métrages et une exposition des affiches de ses films dans le salon de l'ambassade. Rencontré après avoir reçu sa distinction, Apichatpong Weerasethakul a répondu à quelques questions du PetitJournal.com Bangkok.
LePetitJournal.com Bangkok ? Vous aviez reçu les insignes de Chevalier des Arts et des Lettres en 2008. Que représente cette seconde décoration pour vous ?
Apichatpong Weerasethakul ? J'ai d'abord cherché à connaître la signification de telles distinctions. Et puis, j'ai réalisé que c'était une manière de m'encourager à continuer mon travail. Je sens que je ne suis pas seul, je reçois des marques de reconnaissance du monde entier. Pour un réalisateur, tout ceci est très important. Je suis plus confiant dans mon travail, en particulier pour des films qui sont si personnels, et si difficiles à produire. Ces décorations me sont très chères car elles m'ont été données par la France. Mon producteur m'a dit un jour que si l'un de mes films ne sortait pas en France, il ne sortirait nulle part ailleurs. Pour moi, c'est donc le pays le plus important pour le cinéma. Avec tout le respect que j'ai pour les maîtres français du cinéma, je suis très fier que ces décorations viennent de ce pays.
Allez-vous continuer à vous battre contre la censure en Thaïlande ?
Je pense que je vais continuer à réaliser mes films à ma façon, sans me soucier de la censure. Je crois en cette liberté d'expression dont nous avons vraiment besoin en Thaïlande. Je ne m'intéressais pas à la politique avant, mais maintenant, il est difficile d'éviter le sujet dans les médias, et j'essaie de travailler là-dessus sans me soucier de savoir si mon film sera censuré ou si je dois me censurer moi-même. La situation politique actuelle du pays et l'abondance de soutien du monde entier m'aident à avancer.
Quels sont vos projets à venir ?
Je prépare un documentaire expérimental pour la chaine de télévision Arte qui devrait être prêt en milieu d'année prochaine, ainsi que deux court-métrages, l'un pour Louis Vuitton, et l'autre pour la ville de Genève. Je commence les préparatifs de mon prochain long-métrage qui devrait être prêt pour 2013 et qui sera le portrait d'un petit village sur les rives du Mékong. J'ai également pour projet de réaliser un film de science-fiction, Utopia, qui est une sorte de film rêvé et dont le scénario est en constante évolution. C'est un film sur la mémoire et la métamorphose avec le vaisseau Enterprise de la série Star Trek et son équipage d'origine comme personnages principaux. Ce long-métrage est très cher à produire mais j'espère pouvoir le réaliser un jour.
Propos recueillis par Melaine Brou (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 13 octobre 2011
{loadposition 728-2_bangkok-article}