

Installé à Bangkok depuis 2001, Cédric Arnold s'y est construit une carrière de jeune photographe exigeant, donnant la priorité à ses coups de c?ur personnels plutôt qu'aux grandes machines médiatiques. Son exposition Instants Tannés, série de portraits actuels du vieux Bangkok, est visible jusqu'au 5 juillet à l'Alliance française
(Photo Cédric Arnold)
La moue farouche d'un petit garçon se muant en regard triste. Un instant impossible à saisir autrement que par la photographie. Ce jour de 1998, alors qu'il réalise un reportage sur les habitants de Londonderry, dans une Irlande du Nord en train de sortir du conflit, Cédric Arnold choisit définitivement sa voie. "La photo permet de capturer un seul moment, c'est immédiat et il n'y a pas le problème du montage comme dans la vidéo". A l'époque, le jeune Franco-Britannique est inscrit en linguistique à l'université de Jussieu, à Paris. Mais son option documentaire vidéo, et surtout ses activités au sein du club photo, l'ont déjà fait se tourner vers le journalisme visuel.
Une fois son diplôme en poche, il quitte Paris pour Londres, où les rédactions sont plus ouvertes aux jeunes talents. Petit à petit, Cédric Arnold se fait une place comme pigiste, notamment pour l'agence Sygma, tout en travaillant en parallèle dans l'hôtellerie. Il partage son temps entre l'Angleterre et l'Irlande du Nord, où les accords de paix du Vendredi Saint viennent d'être signés. Il y fait son apprentissage du métier avec des reportages sur les "peace lines"qui séparent catholiques et protestants et sur des projets inter-communautaires.
En 2000, Cédric Arnold découvre la Thaïlande et le Cambodge en rendant visite à un ami. "J'ai tout suite trouvé des centaines d'idées de reportages. J'ai fait la comparaison avec le coût de la vie, pensé à la pluie quotidienne en Angleterre et en Irlande? Et j'ai vite décidé de déménager", se souvient le photographe de 32 ans. Définitivement installé en 2001, il découvre le pays et apprend la langue. Se lance dans de grands sujets sur la culture du riz et sur le Takraw (jeu de balle typique de l'Asie du Sud-Est) en 2004, qui fera l'objet d'expositions à Paris et à Bangkok.
Le tournant du tsunami
Sa carrière prend un nouveau tournant en 2004, lorsqu'il est appelé à couvrir les conséquences du tsunami pour la presse occidentale. "Nous étions réduits à des presse-boutons. Avec les autres journalistes et photographes étrangers, nous faisions tous la même chose : d'abord des photos des touristes occidentaux, avant de nous intéresser aux locaux". Ec?uré, il décide de prendre le temps de discuter avec les Thaïlandais victimes de la catastrophe, notamment avec les pêcheurs de Baan Nam Khen, le village le plus touché par la vague. Il y reviendra 4 fois, pour un long sujet sur la reconstruction de leurs vies. "Depuis, je regarde la presse d'un ?il méfiant", reconnaît-il. Pour pouvoir vivre de sa passion dans un contexte extrêmement difficile pour les photographes de presse, Cédric Arnold fait alors un choix pragmatique. D'un côté, il accepte les commandes commerciales de photographies d'entreprises. De l'autre, il utilise cet apport financier pour faire les reportages de fond qui l'intéressent vraiment. En projet actuellement, un travail de longue haleine sur les tatouages. "Je suis beaucoup plus heureux comme ça, sourit-il. Et plus je fais de choses personnelles, plus ça marche". Voir aussi le site Internet de Cédric Arnold http://www.realfeatures.com/ contact cedric@realfeatures.com
Emmanuelle MICHEL (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 25 juin 2009
Instants Tannés à l'Alliance Française
En 15 photos, essentiellement des portraits, l'exposition montre des instants pris sur le vif dans le vieux Bangkok, le quartier historique autour du Grand Palais. "C'est mon quartier préféré, il y a énormément de choses à voir, mais il reste méconnu car la plupart des touristes vont de site en site en tuk-tuk, et ratent tout ce qu'on peut voir en se baladant dans les ruelles", explique Cédric Arnold. Inaugurée le 9 juin pour les 15 ans du magazine Gavroche, l'exposition est encore visible jusqu'au juillet, au Café 1912 à l'Alliance Française (entrée gratuite).
Renseignements : Alliance française : 02 670 42 00
bangkok@alliance-francaise.or.th





