Des écologistes ont appelé vendredi le gouvernement thaïlandais à suspendre ses projets d'achat d'électricité auprès d’un barrage au Laos, alors que les niveaux d'eau sur la partie du Mékong jouxtant le royaume ont atteint des niveaux de sècheresse record.
Le barrage de Xayaburi, de construction thaïlandaise, situé à quelques heures de la ville de Luang Prabang, dans le nord du Laos, devrait être achevé en octobre. Il s’agit du dernier né d’une multitudes de retenues d’eau entravant le cours naturel de ce fleuve de plus de 4.000 km qui irrigue 6 pays en partant de l’Himalaya (Chine) jusqu’au Vietnam.
Xayaburi fait l’objet d’une controverse depuis le début des travaux en 2012, les environnementalistes s'inquiétant de son impact potentiel sur les espèces de poissons, l'écosystème et les niveaux d'eau du Mékong.
L’autorité de production d’électricité de Thaïlande (EGAT) a accepté d’acheter 95% de l’électricité produite par le barrage lorsqu’il sera mis en service en fin d’année.
Vendredi, des militants thaïlandais issus des provinces baignées par le Mékong ont adressé une pétition à la Cour administrative suprême réclamant "une ordonnance provisoire urgente" pour bloquer les projets de l'EGAT.
Cette demande intervient alors que le nord de la Thaïlande est affecté par une grave sécheresse due aux pluies de la mousson tardive et au niveau inhabituellement bas des eaux du Mékong.
La pétition souligne que les niveaux actuels du fleuve dans la région sont dans un "état critique".
"La diminution du débit résulte du stockage de l'eau nécessaire à la production d'électricité par le barrage de Xayaburi", ajoute le texte.
La semaine dernière, la Commission du fleuve Mékong, un groupe intergouvernemental régional, a indiqué que le fleuve avait baissé à un niveau "parmi les plus bas jamais enregistrés".
Il n'y a eu aucun commentaire immédiat de CH. Karnchang, la société thaïlandaise qui construit le barrage de Xayaburi.
Le barrage devrait produire 1.220 mégawatts d’électricité lorsqu’il sera mis en service en octobre.
Le groupe de conservation WWF a prévenu que la migration des poissons et les approvisionnements en nourriture seront inévitablement perturbés et a appelé à ce que le projet soit retardé jusqu'à ce que de nouvelles études d'impact soient réalisées.
Enclavé et appauvri, le Laos s'est lancé dans une série d’ambitieux projets de construction de barrages, en vue de devenir "la batterie de l'Asie".
Mais ses voisins du Mékong, le Vietnam, la Thaïlande et le Cambodge, ont tous exprimé leurs inquiétudes vis-à-vis de l'impact en aval des ambitions hydroélectriques démesurées du Laos.
L’un des divers risques liés a cet engouement pour les barrages s’est concrétisé de manière tragique l'année dernière lorsqu'un projet hydroélectrique de grande envergure s'est effondré dans le sud du Laos, submergeant de vastes étendues de terre -jusqu’au Cambodge- et faisant des dizaines de morts.
International Rivers a déclaré ce mois-ci que 5.000 personnes restaient sans abri et confinées dans des camps de fortune un an après la catastrophe.
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