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A Bangkok, les jeunes crient leur désir de réforme de la monarchie

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REUTERS / Jorge Silva - Des milliers de manifestants pro-démocratie étaient rassemblés le 24 mars au carrefour Ratchaprasong, à Bangkok, pour demander des reformes de la monarchie et la libération de leurs camarades.
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 25 mars 2021, mis à jour le 25 mars 2021

Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés mercredi à Bangkok pour réitérer leurs demandes de réforme de la monarchie et la libération de leurs camarades emprisonnés, quelques jours après l'une des manifestations les plus violentes depuis le début du mouvement l'année dernière.

Les protestataires ont occupé en fin de journée le très fréquenté carrefour Ratchaprasong, au cœur de la capitale thaïlandaise, où se trouvent de nombreux centres commerciaux. 

Des gerbes d’acclamations jaillissaient de la foule pacifique alors que des orateurs formulaient les demandes de réformes de la monarchie thaïlandaise et appelaient à la libération de leurs "amis".

Les manifestants demandent également une réduction des pouvoirs récemment élargis du roi Maha Vajiralongkorn ainsi que l'abolition pure et simple de la sévère loi de lèse-majesté qui prévoit jusqu'à 15 ans de prison pour insulte envers la royauté.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
Les manifestants brandissent la lampe de leur téléphone lors de la manifestation du 24 mars à Bangkok pour demander la libération des leaders du mouvement et l'abolition de la loi de lèse-majesté. Photo REUTERS / Jorge Silva

"C'est un combat long et fatigant. Nous devons lutter tous ensemble sur cette voie vers la démocratie", a lancé à la foule Attapon Buapat, lui-même inculpé de lèse-majesté au début du mois, mais libéré sous caution.

"Le changement a commencé. Ils ne peuvent que le ralentir, jamais ils ne l'arrêteront."

La manifestation mercredi s’est déroulée dans le calme, à la différence du rassemblement de samedi devant le Grand palais où plus de 30 civils et policiers ont été blessés lors d'affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre, ces dernières ayant mis en œuvre des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser la foule.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
"Ploy pheuan rao" (libérez nos amis) était inscrit sur le bitume du carrefour Ratchaprasong mercredi soir sous les portraits des militants emprisonnés. Photo REUTERS / Chalinee Thirasupa 

Les poursuites auprès de la justice pénale se sont multipliées ces derniers mois contre les dirigeants du mouvement de contestation.

Les principaux leaders ont déjà été emprisonnés en attendant leur procès pour divers chefs d’accusation dont l’insulte envers la monarchie.

Une douzaine d’autres militants doit passer devant le procureur au sujet de la manifestation du 26 octobre dernier devant l’ambassade d’Allemagne au cours de laquelle une déclaration "du peuple" avait été lue accusant le roi de s'ingérer dans la politique thaïlandaise. Les leaders avaient également remis une lettre demandant à l'Allemagne d'enquêter sur les agissements du roi sur le territoire allemand.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
Des milliers de manifestants étaient rassemblés mercredi dans le centre de Bangkok, pour demander des reformes de la monarchie et la libération de leurs camarades. Photo REUTERS / Jorge Silva

Le mouvement de protestation mené par une partie de la jeunesse thaïlandaise est une épine dans le pied du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha à qui les opposants reprochent d’avoir verrouillé l’échiquier politique, lorsqu’il dirigeait la junte militaire, en faisant rédiger une Constitution qui donne un certain nombre d’avantages clés à l’establishment militaro-royaliste pour conserver le pouvoir sur le long terme. 

Le mouvement a d’ailleurs démarré au lendemain de la dissolution en février 2020 par la Cour constitutionnelle du parti d’opposition Anakot Mai (Nouvel Avenir), largement soutenu par la jeunesse progressiste du royaume.

D’abord dirigées vers l’ancien putschiste et l’establishment traditionnaliste responsable du coup d’Etat de 2014, les revendications des jeunes manifestants ont inclus en août dernier la royauté elle-même, du jamais vu en plusieurs décennies, brisant un vieux tabou sur la critique de la royauté. Ils considèrent que la Constitution rédigée par l'armée après le coup d'État donne trop de pouvoir au roi et appellent à revoir les prérogatives du souverain ainsi que son statut constitutionnel.

Le Palais Royal ne s’exprime jamais directement sur les manifestations, mais Prayuth Chan-O-Cha et plusieurs responsables gouvernementaux ont rappelé que critiquer le roi était illégal et inapproprié.

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