Un homme a tué ses 4 enfants après s'être disputé avec son ex-femme. Un fait divers sordide qui pointe encore une fois le manque de contrôle sur les armes à feu en Thaïlande.
La police a dû rentrer de force dans une maison dans la province de Trang après qu'un père de famille ait tué ses 4 enfants, deux garçons et deux filles, âgés entre 6 et 16 ans. "Nous avons dû prendre une échelle pour entrer dans la chambre où se trouvait les corps des enfants" a déclaré capitaine de la police locale Wittawat Paiboon à l'AFP, ajoutant que l'homme s'était vérouillé dans une autre pièce avait eu une longue et tumultueuse relation avec son ex-femme.
"Les enfants ont été délibérément tués. De son côté le père tenait des propos cohérents, il ne semblait pas en état d'ébriété ou sous médicaments" a encore déclaré Wittawat Paiboon.
En Thaïlande, armes à feu et disputes amoureuses, un cocktail mortel
Souvent définie par son côté chaleureux et accueillant, la Thaïlande est aussi un pays où l'on règle trop souvent ses différends, personnels ou professionnels, à coups d'armes à feu et d'une balle dans le corps. Pas une semaine ne se passe sans que l'un de ses faits divers ne fasse la une de la presse locale. Le principal mobile ? L'humiliation ou ce qu'on appelle plus souvent "perdre la face".
Récemment, un jeune homme exaspéré par des pétards pour fêter le nouvel an chinois a tiré sur ses voisins au nord de Bangkok. A Chiang Mai, un jeune homme lassé des remarques de sa copine sur les jeux vidéos, l'a simplement étranglé et poignardé avant de reprendre sa partie, le corps de la jeune femme a quelques mètres de lui. A Krabi, un policier à la retraite a tué un de ses amis de longue date, lui aussi ancien policier, après une nuit trop arrosée.
"Il y a une culture des armes. Une culture très militaire en Thaïlande, de l'uniforme, de la puissance virile, de l'ordre", détaille un policier occidental en poste à Bangkok.
Le gouvernement thaïlandais ne fournit pas de chiffres précis sur le nombre de meurtres commis chaque année, hormis dans le sud du pays où une insurrection musulmane locale a déjà fait plus de 6.400 morts ces dix dernières années.
Selon le site Gunpolicy.org qui recense des statistiques globales sur les armes, géré par l'Université de Sidney, la Thaïlande a le taux le plus élevé de meurtres par armes à feu en Asie du sud-est après les Philippines avec 3,48 meurtres pour 100.000 personnes, trois fois plus que son voisin cambodgien.
D'après les statistiques du ministère de l'Intérieur, quelque 6,1 millions d'armes à feu circulent dans le pays pour une population de 67 millions de personnes. Gunpolicy.org évalue plutôt ce chiffre à 10 millions, en prenant en compte un marché prospère d'armes illégales.
La Thaïlande égale ainsi les Etats-Unis. "La Thaïlande a une ardente culture des armes équivalente à celle des Etats-Unis et elle est devenue un leader mondial dans les meurtres liés aux armes à feu", affirme un rapport du Bureau pour la Sécurité diplomatique du département d'Etat américain.
Malgré ce contexte, aucun débat autour du contrôle des armes à feu n'a émergé dans la société thaïlandaise. En théorie, la Thaïlande a une législation stricte et toutes les armes doivent être recensées. Les sanctions pour port illégal d'arme sont sévères. Mais en pratique, la loi est facilement contournée.