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VIKTOR BOUT - Extradition express pour le marchand d’armes présumé

Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 17 novembre 2010, mis à jour le 2 août 2022

La Thaïlande a extradé hier aux Etats-Unis le trafiquant d'armes russe présumé Viktor Bout à bord d'un jet spécialement affrété, le tout en l'espace de quelques heures, épilogue d'une saga qui dure depuis deux ans et demi et qui a immédiatement provoqué des protestations de Moscou

Viktor Bout, ancien pilote de l'armée soviétique surnommé le "marchand de mort" et parlant six langues, a été extradé en l'espace de quelques heures, hier, après plus d'un an de bataille judiciaire. Passible de la perpétuité aux Etats-Unis, il est accusé d'avoir utilisé une flotte d'avions cargos pour vendre des armes en Afrique, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient, mais affirme avoir développé une activité légale de transport cargo. Celui qui a fait usage d'au moins sept pseudonymes dans sa carrière, et aurait inspiré le personnage incarné par Nicolas Cage dans le film "Lord of war", a quitté Bangkok en début d'après-midi. "Je l'ai moi même envoyé dans un jet américain (...) avec six responsables américains pour l'escorter", a indiqué le colonel Supisarn Bhakdinarunart, commandant de la police criminelle. Bangkok a donc fini par faire un choix, après avoir été tiraillé entre Washington, allié aussi essentiel qu'historique, et Moscou, partenaire commercial et stratégique de premier plan. Les Américains réclamaient celui qu'ils décrivent comme "l'un des trafiquants d'armes les plus prolifiques du monde". Les Russes, eux, étaient déterminés à le faire rentrer notamment, selon certaines sources, pour qu'il se garde de révéler quelques pages inavouables de leur diplomatie.

Une décision diplomatiquement délicate

La réaction de Moscou ne s'est pas faite attendre. L'extradition de Bout constitue une "extrême injustice" et la Russie "continuera de le soutenir par tous les moyens", a déclaré à Nairobi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. "Nous avions le devoir de prendre une décision et nous ne pouvions satisfaire tout le monde", a justifié de son côté le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva, estimant que l'extradition n'avait "pas de fondement politique". Bout, 43 ans a été extradé en quelques heures à peine. Le gouvernement de Bangkok a annoncé son feu vert, avant que le Russe ne soit rapidement sorti de prison, emmené aux services d'immigration puis remis aux Américains. Le tout loin des regards et sous la protection de 50 commandos et de tireurs isolés déployés sur la route et à l'aéroport, pour éviter "un attentat ou une embuscade", selon le colonel Supisarn. Alla Bout, son épouse, est arrivée à l'aéroport trop tard. Elle en est repartie peu après, en pleurs. "C'est de l'arbitraire total", a-t-elle déclaré à l'antenne de la radio Echo de Moscou. L'extradition "prouve que les Etats-Unis peuvent résoudre leurs problèmes avec de l'argent et leur influence politique dans n'importe quel pays au monde".

Plus de deux ans de procédure

La rapidité de l'extradition tranche en tout cas avec les tergiversations des autorités judiciaires depuis mars 2008. Un tribunal avait accepté en août que le Russe soit extradé en vertu de poursuites pour "terrorisme" aux Etats-Unis. Mais la procédure était bloquée depuis par un second dossier, ouvert pour "blanchiment" et "fraude" par Washington en début d'année, de peur que le premier échoue. La cour criminelle de Bangkok avait finalement estimé que ce second dossier ne présentait "pas assez de preuves" et avait prononcé un non-lieu, ouvrant la voie à l'extradition. La défense de Bout a alors tenté un dernier appel. En vain. Le bras de fer continuera désormais directement entre Moscou et Washington.

(Avec AFP) mercredi 17 novembre 2010

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