La Cour constitutionnelle thaïlandaise a fixé mercredi au 30 septembre la date à laquelle elle rendra son verdict sur la limite du mandat du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha.
Prayuth Chan-O-Cha, qui a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2014 avant de devenir officiellement Premier ministre cinq ans plus tard, a été suspendu en août le temps que la Cour constitutionnelle délibère sur une requête déposée par le parti d'opposition Pheu Thai. Ce dernier affirme que l’ancien chef de la junte aurait dû quitter ses fonctions le mois dernier, soit huit ans après sa première nomination au poste.
Prayuth Chan-O-Cha, qui était également ministre de la Défense, est toujours actif au sein du gouvernement à travers ce poste. Il pourrait reprendre ses fonctions de Premier ministre si la cour décide qu'il n'a pas encore atteint la limite des huit ans impartis par la Constitution.
L’ancien chef de l’armée n'a donné aucun point de vue sur l'affaire et a déclaré qu'il respecterait le jugement.
C’est son adjoint, Prawit Wongsuwan, qui assure l’intérim. Lui-même ancien chef de l’armée, ce dernier est connu pour être bien plus influent que Prayuth Chan-O-Cha sur la scène politique thaïlandaise et au-delà.
Compter ou pas le coup d'Etat
La cour doit décider si la période de cinq ans du régime militaire doit être prise en compte dans les huit années durant lesquelles Prayuth Chan-O-Cha a dirigé les affaires du royaume après avoir renversé le gouvernement élu, dominé alors par le Pheu Thai.
Certains de ses partisans soutiennent que le compteur doit être remis à zéro à partir de 2017, lorsqu'une nouvelle Constitution rédigée sur mesure par la junte est entrée en vigueur, voire même à partir de 2019, année des premières élections législatives post-coup d’Etat à l’issue desquelles Prayuth Chan-O-Cha a été nommé Premier ministre par la majorité parlementaire.
"Je conseille au public de faire preuve de patience et de respecter le résultat", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Anucha Burapachaisri, soulignant que le verdict de la cour permettra d’apporter toute la clarté nécessaire.
Indéboulonnable général
Sur les deux dernières décennies, les jugements de la Cour constitutionnelle ont quasi systématiquement pesé en défaveur des partis des partis populistes du clan Shinawatra, dont le Pheu Thai est la dernière incarnation - le Thai Rak Thai et le Palang Prachachon ont été tous deux dissous par la cour en 2007 et en 2008 respectivement.
La controverse autour de la durée du mandat n'est qu'une des multiples tentatives de l'opposition de déboulonner du pouvoir l’ex-général qui a survécu depuis 2019 à pas moins de quatre motions de censure, une affaire de conflit d'intérêts concernant l’utilisation d'une résidence militaire et plusieurs mois de manifestations menées par une partie de la jeunesse qui est allée jusqu’à défier la monarchie.
Selon un sondage mené début août par l'Institut NIDA, près des deux tiers des Thaïlandais souhaiteraient que Prayuth quitte sans attendre ses fonctions, tandis qu'un tiers préfère s’en remettre au jugement de la cour.
Un autre sondage NIDA ce mois-ci révèle que plus de 60% des répondants veulent voir le gouvernement dissoudre le Parlement et convoquer des élections anticipées.