Des dizaines de bébés tigres congelés ont été découverts mercredi lors d'une perquisition au "temple aux tigres", attraction touristique de Thaïlande qui vient d'être fermée.
"Nous avons trouvé 40 bébés tigres aujourd'hui, morts un ou deux jours après leur naissance. On ne sait pas à quand remontent les décès", a déclaré à l'AFP le colonel de police Bandith Meungsukhum.
Des images diffusées mercredi par les médias locaux montraient les corps des petits tigres alignés sur une couverture posée au sol, après leur découverte, à côté d'un binturong, de cornes de cerf et de plusieurs pots semblant contenir des parties d'animaux, selon un photographe cité par le journal Khaosod.
Le département des parcs nationaux de Thaïlande a annoncé porter plainte contre les responsables du temple pour "conservation illégale de cadavres d'animaux".
"Un gardien a avoué qu'il lui avait été demandé de placer les carcasses d'animaux lorsque ceux-ci mourraient dans une chambre froide", a précisé le direteur adjoint du département, Adisorn Noochdumrong.
Les moines du "temple aux tigres", visité chaque année par de nombreux touristes, ont dû accepter depuis lundi de laisser les autorités embarquer les félins qui faisaient leur fortune.
Le Wat Pha Luang Ta Bua, dans la province de Kanchanaburi, dit "temple aux tigres", avait beaucoup de succès auprès des touristes étrangers, ravis de se faire photographier en train d'enlacer les félins.
Les responsables de la protection animale estiment que le complexe tout entier est illégal et s'opposent aux moines depuis des années pour tenter le faire fermer. Mais la procédure est compliquée par le fait que les autorités thaïlandaises rechignent souvent à intervenir dans les affaires du clergé bouddhiste.
Cette semaine, les autorités ont obtenu un mandat pour confisquer les félins et ont jusqu'ici pu transférer environ 45 adultes.
Le temple, accusé depuis longtemps d'être devenu une attraction touristique plutôt qu'un lieu de spiritualité, a jusqu'ici toujours rejeté les accusations de mauvais traitement et de trafic d'animaux.
Ses responsables expliquaient notamment que l'atonie des tigres, permettant les selfies des touristes, n'était pas obtenue par des drogues, mais par le dressage.
Plusieurs organismes de défense de la faune soupçonnent le temple de participer au très lucratif marché noir des animaux sauvages et d'avoir amassé d'importantes sommes d'argent de la vente d'organes d'espèces protégées très prisés dans la médecine chinoise.
Concernant les bébés congelés, Edwin Wiek, défenseur des droits des animaux ayant milité de longue date en faveur de la fermeture du temple, a évoqué la piste d'un trafic lié aux vertus prétendument magiques du tigre selon les croyances populaires asiatiques.
Le temple a expliqué quant à lui, sur sa page Facebook officielle, qu'il était commun pour les bébés tigres de mourir en bas âge, sans pour autant expliquer les raisons de leur congélation.
"Au lieu de les incinérer, les bébés morts ont été congelés" à partir de 2010, se contente d'expliquer le temple. Celui-ci assure que ces cadavres n'étaient pas destinés à un trafic, dénonçant les accusations de "ceux qui tirent des conclusions trop vite".
Les autorités avaient déjà tenté en avril 2015 de saisir les tigres, le temple ne possédant pas les documents nécessaires selon elles, mais les moines s'y étaient opposés.