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Le prix des billets d'avion plombé par les soucis de maintenance

Tarmac-Thailande-SuvarnabhumiTarmac-Thailande-Suvarnabhumi
REUTERS/Athit Perawongmetha - De nombreux avions ont été immobilisés un peu partout dans le monde pendant la pandémie comme ici en Thaïlande sur le tarmac de l'aéroport Don Muang de Bangkok.
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 22 septembre 2022, mis à jour le 22 septembre 2022

La demande a repris dans le secteur du voyage, mais les difficultés à remettre en service les avions immobilisés durant la pandémie minent la capacité du trafic aérien et font monter le prix du billet

Les pénuries de main-d'œuvre et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement compliquent la vie des compagnies aériennes et des bailleurs pour remettre en service les avions cloués au sol pendant la pandémie, déplorent les intéressés.

Le fait qu’un peu partout dans le monde la capacité des services de Maintenance, Réparation et Révision (MRO) soit grippée est l’un des principaux facteurs de hausse des prix du transport aérien avec la forte hausse des prix du pétrole, car la reprise de la demande est plus rapide que celle de l’offre.

"Certains prestataires proposent des augmentations et des surtaxes à deux chiffres", souligne Mahesh Kumar, directeur général d'Asia Digital Engineering, la branche maintenance de la compagnie aérienne malaisienne AirAsia.

Services de maintenance engorgés

"Les compagnies aériennes continuent d'augmenter leurs tarifs mais ce n'est pas une pratique tenable", a-t-il prévenu lors de la conférence MRO Asia-Pacific à Singapour.

Des complications de ce genre signifient que seulement 110 des 200 avions de la flotte d'AirAsia ont été remis en service, a-t-il ajouté. Et remettre le reste de la flotte dans les airs demeure difficile en raison de la rareté des créneaux disponibles au sein des services MRO qui fait également grimper leurs prix.

L’engorgement des MRO a été aggravé par le fait que les compagnies aériennes ont rendu les avions aux bailleurs à un rythme beaucoup plus élevé que d'ordinaire pendant la pandémie qui avait laminé la demande de voyages.

Les coûts et les couleurs

Les avions qui changent de main nécessitent des contrôles de maintenance, des modifications de la cabine et un changement de logo et de couleurs sur le fuselage, et ces opérations sont effectuées par les services MRO. Or, beaucoup manquent de personnel après les vagues de licenciements durant la crise du coronavirus, et souffrent dans le même temps de retards de la part des fournisseurs de pièces, eux aussi englués dans des problèmes similaires.

"Nous avons eu de vraies difficultés avec les quelques entreprises de peinture qui peuvent prendre des avions, avec par-dessus le marché l'incapacité pour certaines à se procurer des peintures spéciales", explique Robert Martin, directeur général du loueur d'avions BOC Aviation Ltd.

"Si vous avez un logo en plusieurs couleurs à l'arrière de l'avion et qu’il vous manque l’une des couleurs, c'est quelque peu problématique", précise-t-il.

En ce moment, il faut environ trois mois pour effectuer les changements nécessaires pour transférer un avion à fuselage étroit d'un client à un autre, alors qu’il en fallait un seul avant la pandémie, ajoute Robert Martin.

Pénurie de main-d'œuvre

Jeffrey Lam, président de Singapore Technologies (ST) Engineering Ltd, dit souffrir d’une capacité de hangars insuffisante et d’un manque d’effectifs pour répondre à la demande de ses clients.

"Le réseau ST Engineering est complet et, par conséquent, les clients demandent toujours plus de créneaux", dit-il.

"Nous sommes présents aux États-Unis, en Europe, en Chine et à Singapour. En dehors de la Chine, toutes nos opérations sont confrontées à des problèmes de main-d'œuvre."

La forte demande fait grimper les coûts de main-d'œuvre, car les services MRO sont en concurrence pour recruter du personnel et les employés sont appelés à faire davantage d'heures supplémentaires, explique Jeffrey Lam qui souligne toutefois que "nous ne voulons pas trop d'heures supplémentaires, pour les questions de sécurité et de qualité que cela implique".

"Revenez l’année prochaine"

"Nous aimerions bien pouvoir recruter davantage de main-d'œuvre et prendre plus de contrats. Pour l’heure, nous sommes préoccupés par les horaires, les délais de livraison, les coûts et tout ce genre de choses."

Le bailleur BBAM n'a pas eu beaucoup de succès pour obtenir des créneaux MRO pour cet hiver. Son vice-président, Patrick Low, avoue qu’il a dû décliner, pour les questions techniques, les demandes de certaines compagnies aériennes qui cherchaient rapidement des appareils pour répondre à la hausse de la demande au moment du pic de l'été prochain.

"La rapidité de la reprise dépend vraiment de la possibilité d'obtenir des créneaux MRO", dit-il. "Le mieux qu’un MRO puisse nous dire à l’heure actuelle, c'est : revenez en juin de l'année prochaine, nous aurons peut-être des créneaux pour vous..."

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